VINISUD 2016

Vinisud 2016

Comme à chaque édition, depuis 2006, je me suis rendu à VINISUD du 15 au 17 février dernier.

VINISUD c'est quoi ?

C'est un salon des vins professionnel qui a lieu à Montpellier et réservé à des producteurs et négociants venant de régions et pays entourant la Méditerranée. Pour la France sont concernés la Provence, la Corse, les vignobles de la Vallée du Rhône, le Languedoc et le Roussillon. Les autres pays présents sont l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Tunisie et l'Algérie.

L'édition 2016 a été la douzième, sachant que le salon n'a lieu que tous les deux ans pour alterner avec VINEXPO, salon mondial organisé à Bordeaux.

Cette année ce sont plus de 1700 exposants qui sont venus proposer leurs vins.

Bien entendu la grande majorité des visiteurs se déplacent, soit pour rencontrer leurs fournisseurs et déguster leur nouveau millésime, soit pour chercher de nouvelles appellations pour répondre à la demande de leur clientèle et dans tous ces cas conclure des achats pour l'année à venir.

En ce qui me concerne, comme je suis à la retraite et donc retiré des affaires, ma présence à ce type de salon est liée à d'autres motivations. J'y vais pour rendre une visite de courtoisie, voire d'amitié, à d'anciens fournisseurs, mais également pour me tenir au courant des évolutions dans la profession. Plusieurs secteurs sont concernés par ces évolutions :

Les appellations

Dans l'enceinte du salon, les exposants des vignobles français sont regroupés par région. C'est ainsi que j'ai remarqué dans le Hall Vallée du Rhône, une appellation récente : « Grignan-les-Adhémar » et de même, dans le Hall Languedoc, l'appellation « Terrasses du Larzac ».

  • Grignan-les-Adhémar : le vignoble est situé au sud de Montélimar et a obtenu en 1973 l'AOC Coteaux du Tricastin. Dans une période récente, les problèmes liés à la centrale nucléaire du Tricastin, largement médiatisés, ont amené les viticulteurs à déposer auprès de l'INAO (Institut National des Appellations d'Origine) une demande de changement de nom de leur appellation. C'est ainsi qu'en 2010 l'appellation Coteaux du Tricastin est remplacée par celle de Grignan-les-Adhémar. Grignan fut cher au cœur de Madame de Sévigné qui y venait souvent pour rendre visite à sa fille, la Comtesse de Grignan qui épousa François Adhémar de Monteil, et finit par s'y installer. Dans cette appellation, un domaine intéressant, le domaine de Montine dont j'ai pu déguster la gamme des vins. J'ai particulièrement apprécié ses rosés.
  • Les Terrasses du Larzac : le vignoble est situé au nord-ouest de Montpellier dans la région d'Aniane. Les Terrasses du Larzac ont longtemps fait partie des terroirs de l'AOC Coteaux du Languedoc et ont obtenu le décret d'AOP en 2014. Je me suis arrêté au stand de deux domaines qui méritent d'être cités. « La Terrasse d’Élise » : domaine situé à Saint-Jean de Fos et créé par un jeune vigneron, Xavier Braujou, qui produit aujourd'hui des vins de grande qualité et qui, avec sa cuvée « Le Pradel », a eu le courage de réhabiliter le cépage Cinsault vinifié en rouge. Le Cinsault a été à l'origine des grands crus du Languedoc aux 18ème et 19ème siècles. Il est devenu depuis le mal-aimé car planté un peu n'importe où ce qui explique sa seule utilisation dans la vinification des vins rosés. « Le Domaine Saint-Sylvestre » situé à Puechabon. Lui également a été créé par un jeune couple, Sophie et Vincent Guizard. Pour constituer leurs 8 hectares de vignes, il leur a d'abord fallu défricher des bois pour dégager un terroir d'exception, un coteau constitué en majorité de galets. Ils produisent un vin blanc d'une élégance et d'une longueur sans égal ainsi qu'un vin rouge à base de Syrah dont l'expression et la finesse supportent la comparaison avec les Côtes du Rhône septentrionales.

Les cépages

C'est un domaine qui évolue également. Il va y avoir un problème d'adaptation au changement climatique comme je l'ai déjà mentionné dans un texte précédent, mais un autre problème persiste c'est celui des maladies de la vigne. Et qui dit maladie dit traitement. Aujourd'hui la viticulture occupe 3% des terres agricoles en France mais utilise 20% des pesticides.

On traite les viticulteurs d'empoisonneurs, mais la profession est consciente du problème et est la première à demander à ce que la recherche avance pour trouver une solution. Plusieurs pistes sont à l'étude dont la mise au point de nouveaux cépages. Je me suis arrêté sur le stand du domaine de la Colombelle (situé au nord de Béziers). Le propriétaire m'a expliqué qu'il a fait venir des cépages d'Allemagne, le « Souvigner-Muscaris » et de Suisse, le « Cabernet Blanc » et le « Cabernet Noir ». Cela fait 9 ans qu'ils les a planté et n'a jusqu'à présent effectué aucun traitement dans ces parcelles, ces cépages sont donc résistant aux maladies. De plus, dans les vins issus du Cabernet Noir il n'ajoute pas de sulfites (soufre) car le cépage est extrêmement riche en anti-oxydants, il possède donc en lui les propriétés du soufre.

En France, l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) mène ses propres recherches sur les cépages. L'institut répond à certaines critiques de lenteur qui lui sont faites car avant de diffuser un tel cépage il faut s'assurer que celui-ci contient plusieurs gênes résistant aux maladies. Car avec un seul gêne les agents des maladies risquent de s'adapter rapidement et rendre celui-ci inefficace.

Ainsi, même sans but d'achat, il est toujours intéressant de se rendre sur un tel salon.