Dans quelques jours va démarrer à Paris une conférence internationale sur le climat et le réchauffement climatique appelée COP21.
Il s'agit, pour tous les pays présents à cette conférence, de s'engager à prendre des mesures pour limiter la diffusion dans l'atmosphère des gaz à effet de serre, en particulier le CO2 (gaz carbonique).
Pour agir dans ce domaine et dans celui de la protection de l'environnement des possibilités existent, parmi lesquelles il y a l'agroforesterie.
Qu'est-ce-que l'agroforesterie ?
C'est l'association d'arbres et de culture sur une même parcelle agricole. C'est valable pour l'élevage, les cultures agricoles et la vigne.
Est-ce innovant ?
Non, cette pratique est très ancienne, elle existe depuis la préhistoire. Dans l'Antiquité, chez les grecs et les romains, les arbres servaient souvent de support à la vigne. Encore de nos jours, au Portugal, on trouve quelques vignes poussant le long des arbres. Les arbres et les cultures dans une même parcelle existaient également au Moyen-Age.
Après la deuxième guerre mondiale, le machinisme agricole et les produits phytosanitaires ont provoqué l'extension des cultures pures et l'arrachage des arbres.
Quels sont les avantages d'une telle pratique ?
Les arbres et les cultures sont complémentaires ; l'arbre remonte l'eau et les minéraux de la profondeur du sol pour les remettre à disposition des cultures de surface.
Les arbres créent un micro-climat sur la parcelle en protégeant les cultures des stress thermiques et hydriques.
Les arbres diversifient les sources de revenu sur l'exploitation par la vente du bois ou des fruits.
Les arbres restituent de la matière organique par les feuilles qui tombent et la décomposition des racines.
Des études de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) montrent que les arbres, en filtrant l'eau, réduisent la pollution des nappes phréatiques.
L'agroforesterie permet de réintroduire des auxiliaires de culture comme les abeilles et de nombreux prédateurs.
99% de la matière solide de l'arbre provient du CO2 atmosphérique, ce sont donc des puits de carbone de par leur capacité d'absorber et de conserver celui-ci. Ils peuvent donc atténuer les effets du changement climatique, cela va bien dans le sens des préoccupations actuelles. De même, l'utilisation des arbres apporte une diminution des besoins en engrais et en pesticides.
Il faut savoir que l'agroforesterie est subventionnée par la PAC (Politique Agricole Commune), soutien européen activé par la France. Le montant des aides peut atteindre 80% des coûts d'installation.
Agroforesterie et vigne
Sur le domaine de Restinclières, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Montpellier, la Chambre d'Agriculture de l'Hérault et l'INRA expérimentent depuis une dizaine d'années le comportement de la vigne en présence d'arbres sur la même parcelle.
L'étude de l'influence sur le rendement en fonction de l'éloignement du rang d'arbres montre une baisse de celui-ci si les rangs se situent entre 2,50 m et 5 m, mais aucun impact si les arbres sont à plus de 5 m. Les arbres n'ont pas non plus d'influence sur les caractéristiques du raisin.
Plusieurs essences ont été testées, noyer, merisier, cormier, érable, pin, cyprès, etc. Dans les avantages qui ont été constatés il y a les services écologiques par le stockage du carbone mais aussi le fait que les auxiliaires aiment s'installer dans les arbres. Parmi ceux-ci on observe la présence des prédateurs, des araignées rouges et jaunes, ravageurs très répandus sur la vigne de la région. Ces prédateurs s'installent facilement sur le feuillage du cormier, une essence d'arbre qui a un autre avantage, il produit un bois précieux qui se vend cher (de 350 à 2 000 € le m3).
A cause du réchauffement climatique la maturation du raisin est de plus en plus précoce entraînant un taux de sucre élevé et par conséquent un taux d'alcool dans le vin également élevé. Or les études montrent que la présence du cormier, par son feuillage, apporte l'ombre permettant un ralentissement de la maturation significatif tout en laissant passer la lumière nécessaire à la bonne évolution du cycle de maturation.
La vigne peut se marier avec d'autres essences d'arbres, notamment des fruitiers comme le pêcher des vignes ou l'amandier.
Comme dans la production d'énergie où l'éolien ne peut pas être la solution unique de remplacement des énergies fossiles, l'agroforeterie ne peut pas non plus être la solution unique dans une production agricole et viticole plus respectueuse de notre environnement, mais reste une alternative très intéressante.