Après les attentats de Paris, "La question de laisser entrer ou non les réfugiés syriens [aux Etats-Unis] est devenue la nouvelle question politique. Elle a pris la place de l'ancienne question politique : faut-il laisser entrer les Mexicains dans ce pays ?" s'est moqué l'humoriste Stephen Colbert dans son émission cette semaine. Il faisait notamment référence aux nombreuses déclarations-choc du candidat républicain Donald Trump sur les immigrés mexicains, qui se sont récemment transformées en critiques du plan d'accueil de 10 000 réfugiés annoncé par l'administration Obama en septembre.
Les Républicains se sont en effet empressés d'utiliser les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre pour appuyer leur demande de moratoire sur l'accueil des réfugiés syriens. Ils affirment ainsi vouloir empêcher toute infiltration d'islamistes parmi les migrants qui fuient la guerre civile en Syrie.
Résultat : la chambre des Représentants a de facto voté la suspension de l’accueil de réfugiés syriens et irakiens cette semaine, malgré la menace de veto du président Obama. Adopté avec une majorité de 289 voix contre 137, le texte a été voté par une partie des Démocrates et renforce le processus de vérification des antécédents des réfugiés. Il doit désormais être examiné par le Sénat.
Le texte ne prévoit pas de sélectionner les migrants en fonction de leur religion, une proposition défendue par les candidats républicains Ted Cruz et Jeb Bush pour privilégier les Chrétiens. L'humoriste Stephen Colbert s'est largement moqué des deux candidats dans son émission cette semaine :
Le sénateur Ted Cruz a en effet déclaré qu'il n'y avait "pas de risque réel que des Chrétiens commettent des actes terroristes". Colbert saisit la perche : "oui, bien sûr, les Chrétiens n'ont jamais commis des actes de terreur" affirme-t-il pendant que les images des atrocités commises par le Ku Klux Klan apparaissent.
Et comment différencier les Chrétiens des non-Chrétiens ? "Jeb Bush a la réponse", affirme Colbert. La réponse de Jeb Bush apparaît à l'écran : "Et bien, vous êtes Chrétien. Enfin, vous pouvez prouver que vous êtes Chrétien". Une journaliste à Bush demande comment. Réponse du candidat républicain : "je pense que vous pouvez le prouver". Sur le plateau de l'émission, le public s'esclaffe.
Stephen Colbert s'est également moqué de Donald Trump, qui a affirmé que le Minnesota était trop froid pour les réfugiés syriens. "Effectivement, c'est une décision difficile pour les réfugiés", a commenté Colbert, "est-ce que je veux rester dans une zone en guerre, où ma famille est menacée d'une mort presque certaine ? Ou est-ce que je veux aller dans un endroit où je vais devoir mettre une veste avant d'aller au centre commercial ?". "Enfin, je veux dire, tu te balades avec ta veste, tu transpires, tu sors, tu oublies de remettre ta veste et tu attrapes un rhume - je préfère tenter ma chance avec l'Etat islamique", s'est-il gaussé.
Colbert avait pourtant commencé l'émission en déclarant qu'il ne voulait plus entendre parler de l'organisation terroriste, omniprésente dans les médias depuis les attentats de Paris. "Voilà le deal", a-t-il annoncé en s'adressant aux djihadistes, "Vous voulez vivre comme au VIIe siècle ? Alors vous ne pouvez pas passer à la télé !".