C'est le pont de tous les records, au pays des chantiers inachevés. Un an pour le penser, un an pour le construire, et San Giorgio dresse désormais ses 18 piliers de béton au-dessus de la rivière de Polcevera, étroit estuaire et pourtant axe majeur du premier port d'Italie. Il comble le vide laissé par l'ancien "ponte Morandi", stigmate béant de la tragédie dont Gênes se relève pian-piano depuis deux ans ; celle d'un effondrement qui précipita des dizaines de voitures dans le vide et fit 43 morts, le 14 août 2018.
Un réseau autoroutier encore fragile
Aujourd'hui, devant le grondement des camions et convois présidentiels qui inaugurent l'ouverture du viaduc pensé par l'architecte star Renzo Piano, certains Génois songent. Bien sûr, ce nouveau trait d'union de métal relancera l'activité portuaire et économique de la ville, le commerce national et international ; mais qui regarde encore l'état du reste du réseau autoroutier ?
Alors que le nouveau pont a coûté 202 millions d'euros, combien faudra-t-il pour s'occuper des routes environnantes, dans un état extrêmement préoccupant, comme le viaduc de Bisagno dont les Ligures craignent également l'effondrement ? Retour sur un chantier d'exception et ses polémiques, reportages de Charlotte Gillard, Laura Tositti, Anne Donadini.
Anne Donadini