Marée haute historique : les larmes de Venise

Paolo Bruschi @Bruschi_P Twitter

Toute la nuit dans le Grand Canal, il n'a fait que pleuvoir à torrent. Comme le reste de l'Italie depuis plusieurs jours, Venise a affronté un vent violent dépassant les 100 km/h ainsi que des pluies diluviennes dont les dégâts prennent une ampleur considérable. Ce mercredi après-midi, après une nuit d'épouvante, les rues sont de nouveau praticables. C'est à 23 heures hier qu'était atteint un triste record : l'eau est montée jusqu'à 187 centimètres - seule l'année 1966 a connu une acqua alta plus haute, atteignant 194 centimètres.

Des pertes humaines et des œuvres d'art irrécupérables

Dans la matinée de ce 13 novembre, après une centaine d'interventions dans la nuit, deux décès, dont un par électrocution, sur l'île lourdement touchée de Pellestrina, deux incendies et une soixantaine de bateaux endommagés (dont 3 coulés), les pompiers suaient encore sang et eau pour aider les citoyens. Plus de 120 nouvelles interventions se sont tenues ce mercredi et une partie de la cité des Doges n'avait plus d'électricité.

La perte d'œuvres d'art a également fendu le coeur des habitants. Tandis que le théâtre de la Fenice est victime d'une panne de courant, la Basilique Saint-Marc reste au centre de toutes les attentions. Certains dommages sont irréversibles, notamment dans la crypte longtemps immergée. La nef, noyée cette nuit sous 1,10 mètre d'eau, a vu s'abîmer son marbre neuf (posé en 2018), ses mosaïques, ses briques et ses colonnes, qui ont absorbé l'eau par capillarité.

Le premier ministre Conte sur place

Les lignes de transport ACTV sont de nouveau fonctionnelles (elles le restent toujours en-dessous de 150 cm). Les ruelles se sont vidées des gondoles, chaises et tables de restaurants qui y flottaient. Derrière les murs vénitiens, les rez-de-chaussée d'hôtels ne sont plus inondés, mais beaucoup de marchandises stockées aux étages les plus bas sont désormais perdues.

Le Premier ministre Giuseppe Conte doit se rendre à Venise cet après-midi. Luigi Brugnaro, le maire, évoque une "Venise à genoux" et demande "l'aide de tous". Plusieurs habitants, enfin, reprochent à la ville de n'avoir jamais terminé le projet Mose, une digue vouée à protéger la Sérénissime des marées violentes. Le chantier a démarré en 2003 mais est rapidement devenu un coup d'épée dans l'eau...Reportage d'Alban Mikoczy, Laura Tositti et Valérie Parent.

Notre reportage à 13h : 

Notre reportage à 20h : 

Anne Donadini