« Sciuscià ! Sciuscià ! ». Ainsi criaient déjà les jeunes cireurs de chaussures, des gamins des rues aussi nommés scugnizzi, dans le film éponyme de Vittorio de Sica en 1946. Bien que le terme provienne de Naples (après avoir été emprunté à l’anglais shoeshine), c’est aujourd’hui dans les turbulentes avenues de Palerme que ce métier est dépoussiéré, après plus d’un demi-siècle passé dans l’oubli.
Finie la Seconde Guerre mondiale, lorsque les jeunes adolescents ciraient, lustraient mais montaient aussi de petits trafics illicites avec les soldats. En 2019, des Siciliens de tous âges se pressent à des formations méthodiques.
La réalité qui se dessine en filigrane, et qui explique leur motivation, est un peu plus sombre : près d’un jeune sur deux est sans emploi dans le sud de l'Italie. Opter pour ce métier est une maigre solution qui ne rapporte finalement que 1000 à 1200 euros par mois. Reportage d’Alban Mikoczy, Florence Crimon et Louis Rayssac.
L’info en + : d'après une étude de 2017, 1 jeune Italien sur 5 serait prêt à se lancer dans un métier artisanal et manuel. Les formations qui ont le plus à côte, notamment auprès des étudiants venus exprès de l'étranger, sont celles de céramiste (43 % d'intéressés), de tailleur (35 %) en particulier en Toscane, véritable fief de la mode Made in Italy, de joaillier, de cordonnier et enfin de luthier (à Crémone).