Dix mangas à ne pas rater à l'occasion de Japan Expo 2019

C'est le rendez-vous incontournable des amateurs de mangas. Cette année encore, la Japan Expo ouvrira ses portes au Parc des Expositions de Paris Nord-Villepinte, du 4 au 7 juillet. A l’occasion du 20e anniversaire de cet évènement, Pop Up’ vous propose une sélection de dix titres récents, véritables coups de cœur de notre rédaction. Et rassurez-vous, il y en a pour (presque) tous les goûts.

Si vous aimez les histoires poignantes : "La Vie devant toi"

Alors qu’il exerce ce métier depuis seulement deux ans, Sôsuke songe déjà à renoncer à être auxiliaire de vie après qu’un drame s’est produit dans la maison de retraite où il était employé. Mais c’est sans compter sur son assistante sociale, Melle Shigemitsu, qui lui demande de persévérer. Elle lui propose de s’occuper à domicile d’un octogénaire en fauteuil roulant dont le caractère bien trempé a déjà eu raison de beaucoup de personnel avant lui.

Adapté d’un roman de l’écrivain japonais Taichi Yamada, La Vie devant toi devient, sous le très beau trait d’Hideki Arai, un manga one-shot passionnant qui décrypte les relations humaines de ce trio de laissés pour compte que tout oppose. Une histoire profonde qui aborde avec intelligence et humanité les thèmes de la culpabilité et du deuil. Un de nos coups de cœur de l’année.

La Vie devant toi d’Hideki Arai d’après le roman de Taichi Yamata, éd. Akata, environ 340 p. et 10 euros.

Si vous aimez les histoires qui mettent mal à l’aise : “Les Liens du sang”

Seiichi est un timide adolescent japonais qui grandit dans une famille apparemment sans histoire. Certes, Seiko, sa mère, a bien tendance à le couver un peu trop ce qui provoque quelques moqueries chez ses camarades, mais cela ne lui pose pas vraiment de problème. Pourtant, à la suite d’un drame dont il est témoin, Seiichi se rend compte que ce qu'il prend pour de l'amour maternel masque en fait un véritable déséquilibre psychiatrique. Le jeune garçon va devoir apprendre à vivre tiraillé entre cette mère qui l’aime trop et le poids de la culpabilité de ce secret qui le ronge désormais.

A seulement 38 ans, Shuzo Oshimi s’est fait une jolie place dans la bande dessinée japonaise à travers des œuvres troublantes (Les Fleurs du mal, Happiness, Dans l’intimité de Marie) qui interrogent le mal-être adolescent, notre sexualité et nos penchants pervers. Avec Les Liens du sang, il pousse le curseur encore un peu plus loin et nous plonge au cœur de cette relation ultra toxique. Multipliant les cadrages serrés, notamment sur les regards des protagonistes, Shuzo Oshimi opte pour une économie de mots pour laisser vivre quasi nues ses planches splendides. Suffocant.


Les Liens du sang, tome 1 de Shuzo Oshimi, éd. Ki-oon, 216 p., environ 8 euros. Deux tomes sont déjà disponibles, le troisième sortira le 14 août. La série est toujours en cours de publication au Japon et compte pour l’instant cinq tomes.

Si vous aimez les histoires d’amour très mignonnes : “Kase-san & les belles-de-jour” 

Yamada est bien embêtée car ses sentiments à l’égard de Kase, une lycéenne de la classe voisine, vont au-delà de la simple admiration ou amitié. Mais comment gérer cette attirance lorsque l’on est soi-même une adolescente ? Kase-san & les belles-de-jour raconte cette relation naissante entre deux jeunes filles et les interrogations qu’elles suscitent chez Yamata. Un yuri (manga mettant en scène des amours entre personnages de sexe féminin) tendre et touchant qui évite les caricatures et apporte un vrai vent frais sur ce genre peu représenté en France. Une très belle découverte et une relation que l’on a hâte de voir évoluer, tant ses héroïnes sont attachantes. Espérons que ce joli titre incitera les éditeurs à nous proposer d'autres histoires aussi tendres.

Kase-san & les belles-de-jour, tome 1 d’Hiromi Takashima, éd. Taifu Comics, 162 p., environ 8 euros. Le tome 2 sera disponible le 11 juillet. Au Japon, la série est en cours de publication et compte cinq tomes.

Si vous aimez les histoires complètement WTF? : “Jagaan”

Jeune fonctionnaire de la police municipale, Shintarô Jagasaki s’ennuie ferme. Entre un boulot dans lequel personne ne le prend au sérieux et une petite amie qui lui met la pression pour fonder une famille, Shintarô rêve de péter un plomb et buter tout ce qui bouge pour apaiser ses frustrations. Après qu’une pluie de batraciens s’est abattue sur la ville, il découvre que certaines personnes "infestées" sont désormais capables de se transformer en un monstre à l’image de leurs désirs les plus inassouvis. Désormais lui-même en possession d’un bras capable de se muer en arme destructrice (en rapport à ses propres fantasmes), le jeune homme va se muer en Jagaaan, un justicier qui va combattre ces drôles de créatures.

Entre Félicitaure, la jeune mariée avide de reconnaissance, Hystériscorpion, la petite amie en mal d’amour ou encore Langotueur, le patron arrogant et autoritaire, impossible de prendre les créatures monstrueuses de Jagaaan au sérieux. Franchement gore et clairement à ne pas mettre entre toutes les mains, la série signée Muneyuki Kaneshiro (au scénario) et Kensuke Nishida (au dessin) est un concentré de n’importe quoi très drôle et ultra jouissif. Absolument parfait pour décompresser.

Jagaaan, tome 1 de Muneyuki Kaneshiro et Kensuke Nishida, éd. Kazé, 195 p. environ 8 euros. Trois tomes sont déjà disponibles, le quatrième sortira le 14 août. Au Japon, la série est toujours en cours de publication et compte huit tomes.

Si vous aimez les histoires "feel-good" : “BL Métamorphose”

Depuis que son mari est mort, Yuri occupe ses journées comme beaucoup de grands-mères japonaises, partagée entre sa cuisine, ses mots croisés et les cours de calligraphie qu’elle anime. Mais un jour qu’elle se réfugie dans une librairie pour profiter de l’air climatisé, elle tombe par hasard sur Je serai ton ange gardien, un manga qui lui rappelle sa jeunesse. De retour chez elle, Yuri découvre qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre deux garçons. Ce genre, appelé yaoi ou boy’s love (BL), est une vraie découverte pour la septuagénaire. Captivée par cette histoire, elle retourne rapidement dans la librairie pour pouvoir acheter la suite. Là, elle se fait conseiller par Urara, une lycéenne complexée qui travaille à temps partiel et qui est surtout passionnée de BL. Leur rencontre va permettre à toutes les deux de sortir de leur routine et leur isolement.

A travers le portrait de deux générations de femmes japonaises qu’a priori tout oppose, Kaori Tsurutani livre une œuvre incroyablement juste et touchante. Car s’il aborde des thèmes durs comme l’isolement et la vieillesse (deux grandes préoccupations au Japon), BL Métamorphose est une ode aux petits plaisirs de la vie et nous rappelle qu’il n’y a pas d’âge pour découvrir et partager. De la douceur pure.


BL Métamorphose, tome 1 de Kaori Tsurutani, éd Ki-oon, 139 p., environ 8 euros. Le tome 2 sera disponible le 5 septembre. Au Japon, la série est en cours de publication et compte trois tomes.

Si vous aimez les polars fantastiques : “Le Bateau de Thésée”

Shin Takuma a grandi sans connaître son père, policier, condamné pour avoir empoisonné 21 personnes (dont 16 enfants) lors de la fête d’une école primaire sur l’île d’Hokkaido, 28 ans plus tôt. Étiqueté fils d’assassin, il a passé son enfance à déménager, obligé de changer d’école dès que son identité était révélée. Mais alors qu’il traverse lui-même un drame personnel, Shin va chercher à en savoir plus sur cette histoire dont il sait finalement peu de choses, surtout que son père n’a jamais cessé de clamer son innocence depuis qu'il est en prison. Alors qu’il arrive dans le village où s'est déroulé le drame, il se retrouve subitement projeté en 1989, quelques mois avant la tuerie. Il voit là une occasion d’arrêter son père avant son geste fou, ou de découvrir qui l’a commis et a fait en sorte de l’accuser.

Si les thriller temporels sont un genre assez répandu dans la BD japonaise (comme Erased, disponible aux éd. Ki-oon), c’est au tour de la jeune maison d’édition Vega (Peleliu, Survivant) de nous proposer un titre au pitch un peu similaire. Un polar sombre et prenant, véritable page-turner dont on hâte de connaître le dénouement.

Le Bateau de Thésée, tome 1 de Toshiya Higashimoto, éd. Vega, environ 160 p., 8 euros. Trois tomes sont déjà disponibles, le quatrième sortira le 12 septembre. Au Japon, la série est toujours en cours et comptera neuf tomes.

Si vous aimez les autobiographies dramatiques : “Te dire merci”

Que faire lorsque l’on apprend que sa mère est atteinte d’un cancer incurable et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre ? C’est l’histoire poignante que nous raconte Yukari Takinami qui relate les difficultés à surmonter lorsque l’on est face à quelqu’un de condamné par la maladie.

Après le comic book Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose de l’Américaine Roz Chast (éd. Gallimard) qui racontait les déboires de l’auteure, chargée de veiller sur ses parents de plus en plus dépendants, ou plus récemment, le manga Adieu mon utérus de Yuki Okada (éd. Akata), dans lequel l'auteure racontait son combat contre le cancer, Te dire merci s’inscrit dans la lignée de ces bandes dessinées autobiographiques qui racontent notre détresse fasse à la maladie à travers un prisme familial. Des œuvres puissantes, émotionnellement dures, mais indispensables.

Te dire merci de Yukari Takinami, éd.  Rue de l’échiquier, 178 p., environ 18 euros.

Si vous aimez les histoires très courtes : “Instants d’après”

Une société dans laquelle chaque personne dispose d’un capital chance sous forme de points qu’elle peut utiliser à sa guise, des sites de rencontres qui se basent sur notre ADN pour trouver la personne qui nous est destinée, des robots qui prennent en charge la conscience de personnes âgées pour leur redonner de l’autonomie, voilà quelques unes des histoires racontées dans Instants d’après, le nouveau recueil signé par Daisuke Imai.

Après sa trilogie Destins Parallèles qui racontait avec beaucoup d’ingéniosité une seule histoire (la rencontre plutôt banale d’un garçon et d’une fille), mais de deux points de vue différents, soit six tomes, le mangaka revient avec un recueil de huit histoires courtes. Des récits de science-fiction qui imaginent une société hyper connectée - comme peut le faire la série d’anthologie Black Mirror sur Netflix -, et qui apportent un éclairage imaginatif sur ce qui pourrait nous arriver demain. Daisuke Imai nous prouve encore une fois que son dessin doux et original est mis au service de son imagination débordante. Une vraie révélation.

Instants d’après de Daisuku Imai, éd. Kommiku, environ 160 p. et 8 euros.

Si vous aimez les tueuses à gage ultra kawaii : “Candy & Cigarettes”

Retraité de la police, Raizô Hiraga cherche un moyen de gagner de l’argent pour aider à payer les frais médicaux de son petit-fils atteint d’une maladie incurable. Après avoir répondu à une énigmatique petite annonce, il se retrouve embauché par une organisation pour assurer les arrières de Miharu, une tueuse à gages âgée de 11 ans seulement.

Amateurs de polars hard-boiled, Candy & Cigarettes est fait pour vous. Sans être franchement original, ce premier manga de Tomonori Inoue (également auteur de l'animé Coppelion) édité en France s'avère très plaisant, porté par ce duo de tueurs anachronique. On compte beaucoup sur le deuxième tome qui paraîtra à la fin de l'été pour confirmer nos impressions à la lecture de ce tome d'introduction et étoffer le thème de la vengeance introduit dans ce premier volume.

Candy & Cigarettes, tome 1 de Tomonori Inoue, éd. Casterman, 208 p. environ 8 euros. Le tome 2 paraîtra le 21 août. Au Japon, la série est toujours en cours de publication et compte quatre tomes.

Si vous aimez les destinées âpres : “Humanitas”

Quel est le point commun entre Ocelot, un guerrier aveugle dans l'Amérique centrale du 15e siècle, Yuri, un joueur d'échecs russe instrumentalisé par son gouvernement pendant la Guerre froide et Ena, une chasseuse de baleine en Arctique ? La force qui les anime et les pousse à survivre en dépit des épreuves que leur infligent le destin. 

Pour son premier ouvrage, le jeune auteur Aki Yamamoto bénéficie d'un joli soutien de la part de Glénat, son éditeur français, qui propose son recueil d'histoires dans une édition grand format. De quoi faire la part belle aux dessins, même s'ils sont parfois inégaux selon les histoires, signe qu'elles n'ont sûrement pas été dessinées au même moment. Et si ceux-ci ont un trait sont relativement doux, ne vous y fiez pas. Les destins de ces trois personnages sont durs, et ce seinen n'est pas à mettre dans les mains de trop jeunes lecteurs. Un ouvrage d'un jeune auteur prometteur dont on espère découvrir bientôt une autre facette de son travail.

Humanitas d’Aki Yamamoto, éd. Glénat, 256 p. environ 11 euros.