Au mois de mars 2014, la Scarmor, coopérative des centres Leclerc en Bretagne, lançait sa première collection de vêtements entièrement conçus, coupés et cousus en Bretagne. Une marque baptisée Breizh Mod initiée par l’une de ses adhérentes, Christine Bernard. « J’étais responsable textile de notre coopérative, explique-t-elle, et à l’époque, chaque été, on avait l’habitude de vendre des produits dits bretons, mais dont, en réalité peu étaient fabriqués localement. »
Faire appel au savoir-faire breton
Aussi, plutôt que de faire venir de très loin, marinières, pulls marins et autres t-shirts en vogue auprès des touristes, Christine Bernard se met à la recherche de fournisseurs en Bretagne. « On s’est rendu compte qu’il n’y avait plus grand monde, mais que le savoir-faire était encore là avec quelques ateliers qui parfois tiraient un peu la langue. On s’est dit que cela valait le coup de les aider, les faire connaître, et c’est comme ça qu’est venue l’idée d’une marque commune.»
Pulls, t-shirts, marinières, pantalons, robes, ou bien encore des sacs, des foulards, des ceintures, la fabrication de chaque référence de la marque a été confiée à une dizaine d’ateliers en Bretagne, en fonction de leur savoir-faire. Ainsi Roch’an Maille, est une petite entreprise spécialisée dans le tricotage et la confection de vêtements en maille installée à Rohan depuis 1959. Après une liquidation judiciaire en 2009, elle a été reprise par quatre de ses salariés. Pour elle, comme pour toutes les autres, Breizh Mod est une véritable bouffée d’oxygène.
« Ça doit représenter 10 à 15 % de notre chiffre d’affaires, confie son gérant, Christophe Jouanno. On était en plein développement et ça nous a aidés à créer de nouveaux emplois. Dans les années 80, il y a eu une politique de délocalisation, du coup au niveau atelier de tricotage, on ne doit pas être plus de cinq en Bretagne. Aujourd’hui, on sent vraiment un retour de la demande du ‘fabriquer français’. »
Pour plus de synergie
Depuis 2015, la Scarmor a fait appel à une styliste de Morlaix, Bleuenn Seveno, pour imaginer et dessiner ses collections. Chaque prototype fait l’objet de concertation entre les différents partenaires. « Pour la première fois, elle pouvait se rendre dans les ateliers en voiture pour voir les produits en cours de fabrication, explique Christine Bernard. Lors de la présentation des échantillons, on fait en sorte de déjeuner tous ensemble. Ce qui nous tient à cœur aussi, depuis le début du projet, c’est d’avoir une sorte de club des partenaires Breizh Mod, et que les ateliers ne soient pas concurrents entre eux, mais solidaires ». Et ça marche, à en croire le gérant de Roch’an Maille : « Avant je disais que c’était des concurrents, maintenant je les appelle plus des confrères, on a appris à mieux se connaître ». Si bien que ces petites entreprises n’hésitent plus aujourd’hui à échanger, savoir-faire, stocks de fils, voir même du personnel quand l’une d’entre elles en a besoin.
Près de 10 000 pièces des collections Breizh Mod sont écoulées chaque année dans les 38 Centres Leclerc adhérents de la Scarmor. Un site de vente en ligne vient également d’être mis en service. « De quoi apporter un peu plus de volume aux fabricants », espère Christine Bernard qui veut rester prudente. « Depuis le début du projet, on est très attentif à avoir une activité stable pour ne surtout pas mettre en difficulté les fabricants. On ne veut pas d’à-coup sous prétexte d’un effet de mode, qui les oblige à trop investir ou à avancer trop de trésorerie ».