Champagne

Ce n'est pas une allusion au Petit Grégory, hein, plutôt une façon de raconter que, même avec une coupe dans la main, je suis rarement tranquille.© Emma Defaud

Champagne, parce qu'il y a trois ans, à quelques jours près, je trinquais avec Nadia Daam et Johana Sabroux pour la sortie de Mauvaises Mères, la vérité sur le premier bébé, rebaptisé abusivement "Guide de survie au premier bébé" en édition poche (et hop un lien amazon au cas où vous voulez l'acheter).

Champagne, parce qu'on s'était tellement amusées à l'écrire qu'on a poursuivi nos fou-rire sur un premier blog, qui m'a fait découvrir qu'on était des milliers à se moquer de nos lardons et de nous-mêmes.

Champagne enfin, parce que, trois ans plus tard, on a changé trois fois de job, écrit un autre bouquin sur le sujet (et un dernier tout à fait sur autre chose) mais que, s'il a évolué, ce blog existe toujours. Alors pour fêter ça, l'adresse est désormais www.mauvaisemere.fr

Emma

PS1: Merci à Nicolas qui, en plus de m'envoyer des photos de bébés caméléons et de gif débiles, a pris le temps de m'aider à déménager ma maison ici.
PS2 : Il y a encore quelques coins cassés, faites pas gaffe.

 

T'as le look coco

Comme il faut rendre à César... Je tiens préciser que c'est son papa qui a trouvé le tee-shirt KISS.

Ce jour-là, chez H&M, j'ai un peu hésité. Je lui fais plaisir et je lui ramène un immonde tee-shirt Spiderman ou je me fais plaisir et je lui achète ce tee-shirt The Doors? La réponse étant dans la question, je n'ai pas hésité longtemps. Évidemment, ça ne lui parle pas. Mais quand deux jolies jeunes filles se retournent sur lui en disant "Trop mignon, son tee-shirt", on est deux à rougir.

Avouons tout de même qu'il ne comprend pas tout, les explications s'emmêlent un peu dans sa tête. En sortant du centre de loisirs, il m'a dit qu'un animateur lui avait assuré que KISS n'était pas "un groupe de Maroc". Un groupe de rock, chaton, pas "Maroc", "rock".

Quelques autres tee-shirts que j'aime bien. Je ferai une mosaïque des laids (cadeaux, caprice de mon fils, héritage des cousins, etc) la prochaine fois.

Cours maman, cours...

Run Forest, run!

Je mets 30 minutes pour me rendre au travail. Si je cours un peu. Donc je cours toujours un peu. Depuis que je suis maman, plus que la tache de lait caillé ou les cernes des nuits blanches, c'est devenu un trait de ma personnalité. Certains rient fort, d'autres boivent café sur café, moi, je suis - une collègue l'a dit un jour - "celle qui court toujours". Je cours avant de prendre le métro, je cours dans la station de ma correspondance, sur le trottoir devant le bureau, pour aller de mon bureau aux toilettes (quand je bosse le week-end, je vais aux toilettes des hommes, qui sont plus près), quand je vais m'acheter un Coca à la machine, quand je rentre le soir. Je cours même de temps en temps avec la poussette sur le chemin de l'école, mais mes enfants détestent ça. Ce qui rend l'opération assez contre-productive.

J'ai aussi tout un tas de variantes qui me permettent de dissimuler assez bien ma course permanente, histoire de garder ma dignité. Je trottine en talons hauts, je marche en grandes enjambées de Parisienne, je choisis la petite foulée sur les longues distances, je slalome entre les gens trop lents - les vieux, les mamans avec poussette, les touristes qui, phénomène totalement absurde, se "baladent". Bref je me tortille pour doubler la foule sans pourtant parvenir à aller plus vite qu'elle. J'avoue, dans ce dernier cas de figure, je perds toute ma dignité.

Au début, ça me plaisait bien, cette sensation de grappiller des secondes de vie si inutilement perdues. Et j'ai un certain plaisir à piquer un sprint pour me rendre à la machine à sodas. C'est un peu ma minute bien-dans-mon-corps dans une vie totalement désertée par le sport. Donc, j'aime bien. Sauf quand je tombe nez à nez avec la grande chef, le souffle court et les joues encore roses. Là forcément, c'est un peu la honte, surtout après son petit sourire 50% condescendant 100% perplexe.

Monter l'escalier quatre à quatre aussi, c'est un plaisir. Quand enceinte, on s'est hissée essoufflée et transpirante sur le marche-pied d'un bus, on trouve ça formidable de monter les escaliers quatre à quatre. Avec un bébé dans le bide, monter trois marches, c'était faire le Kilimandjaro. J'ai d'ailleurs ressenti beaucoup d'empathie dans Kung Fu Panda quand le héros et sa bedaine tentent leur ascension vers le temple. Et régulièrement, à la sortie du métro, je savoure de ne pas être à bout de souffle et pense très fort: "Quel bonheur de ne pas être enceinte". DE NE PLUS JAMAIS ETRE ENCEINTE.

Pourtant ces derniers temps, en m'observant, je pensais plus souvent à Forrest Gump qu'à Marie-Jo Perec. Faudrait-il que je me calme? Mais comment mettre "pause" et être sure de pouvoir réappuyer sur "play"? J'avais un peu peur d'avoir les jambes coupées. Et vu tout ce que j'avais à faire, j'allais quand même sacrément dans la merde si je ne pouvais plus courir. De toute façon, je n'arrivais pas à m'arrêter.

Alors, j'ai recommencé à fumer. Ça fait une bonne raison de lâcher l'ordi pour aller respirer les gaz d'échappement en plus de la nicotine. Désormais je fais des pauses. Ce n'est pas si grave d'arriver un quart d'heure plus tard à l'école. Et après le dîner, je laisse les enfants au papa pour fumer une clope derrière le double-vitrage qui me protège opportunément des cris de ma douce progéniture. Il ne s'agit pas de dépendance mais d'indépendance. La clope me libère de mes contraintes. Et de toute façon, courir en fumant, ça m'essouffle.