Cherche doudou désespérément

WANTED. Quand mon petit frère a perdu son doudou tortue au manège du supermarché, mes parents étaient à deux doigts de placarder des affiches chez Leclerc promettant une forte récompense. Difficile donc de ne pas être émue par l'initiative de ce centre commercial nantais, qui récupère et lave les doudous oubliés. Ils les photographient et les exposent sur une page de leur site internet pour que leurs petits propriétaires viennent les chercher. La peluche Hello Kitty blanche y trône à côté d'un grand lapin tout maigre ou d'un clown multicolore : on est loin de la photo anthropométrique.

Ceux qui restent orphelins ne deviendront pas de méchants ours roses manipulateurs comme dans Toy Story 3, puisqu'ils sont offerts à une œuvre de bienfaisance, selon Europe 1.

J'ai presque envie d'aller y jeter le doudou de ma fille pour rencontrer les gens qui ont créé ce service. Dommage, j'habite Paris.

La "kiné respi" n'est même pas efficace

"Ne faites pas manger votre enfant avant la séance de kiné respiratoire." Quand le médecin m'a dit ça alors qu'on prescrivait ce traitement pour la première fois à mon enfant, j'ai su que j'allais mentir. Tous les matins, mon fils se réveillait en hurlant de faim à 6 heures. Pas de bol, la séance de kiné était programmée à 7h30. Je lui refourguais un biberon qu'il sifflait en une minute chrono, puis je priais pour qu'il ne vomisse pas. Loupé.

Aujourd'hui, j'apprends que la kiné respiratoire n'est pas vraiment efficace : "Selon Prescrire, neuf études, réalisées sur 891 nourrissons hospitalisés pour des bronchiolites, n'ont fait apparaître aucune différence entre les enfants traités par kiné et sans kiné. Ni en termes d'évolution clinique, ni concernant les facteurs suivants : oxygénation du sang, fréquence respiratoire, durée de la maladie – treize jours en moyenne – et durée de l'hospitalisation."

Donnez-moi un bazooka.

Tous les parents avec qui j'en ai parlé l'attestent : c'est un des pires moments qu'ils ont vécu depuis qu'ils ont des enfants. Voir mon bébé dans l'inconfort, l'incompréhension, puis la détresse, me fixer, se crisper, puis pleurer, puis hurler. Lui tenir la main en souriant, en rassurant, en faisant comme si de rien n'était alors que j'ai envie de hurler aussi, que ça s'arrête, de ne pas être associer à cette torture. Puis tous les jours, ouvrir la porte à ce médecin, et entendre pleurer quand il s'assoit, puis le lendemain quand il entre dans la pièce, puis le lendemain quand la sonnette retentit... Découvrir que son enfant se souvient. Qu'il a peur.

J'ai trouvé des médecins plus doués que d'autres. J'ai parfois senti des gênes respiratoires diminuer, mais d'autres fois, avec d'autres kiné, je suis ressortie avec un bébé en pleine crise d'asthme. J'ai été en colère, j'ai poursuivi parce qu'il le fallait, parce qu'on croit les médecins. Mais quand je lis que "cette technique doit donc être utilisée pour les cas les plus graves et à titre de confort plutôt qu’à titre de guérison",  AH AH AH. Je suis morte de rire. Du moins, je le serais, si je n'avais pas deux enfants plus ou moins asthmatiques et une bonne dizaine de séries de kiné respi à mon compteur. Si on n'avait pas prescrit la kiné respi à chaque difficulté respiratoire.

 

Manif anti-mariage des homos, à Lyon, le samedi 17 novembre. AFP / JEFF PACHOUD

Deux papas pleins de sang-froid

J'ai rencontré Cédric et Pierre cet été. Cédric est un ami de mon mec. Il est cadre, et l'homme qui partage sa vie est médecin. Ils nous ont présenté Jules, leur fils, qu'ils ont eu grâce à une mère porteuse au Canada. Une pratique interdite en France, que l'on nomme aussi "gestation pour autrui". Cédric a donné son sperme, une volontaire son ovule et c'est une seconde femme qui a porté l'enfant à Toronto. Le résultat de beaucoup de discussions, d'énormément de rendez-vous et d'un paquet de dépenses aussi.

Aux enfants qui demandaient où était la maman, j'ai dit que Jules avait bien une maman qui lui avait donné naissance, mais qu'il était l'enfant de Cédric et Pierre, qui s'aimaient et avaient envie d'avoir une famille. Ça ne les a pas plus préoccupés que ça.

Le "baiser de Marseille" est devenu le symbole du soutien des hétéros au mariage homo. GERARD JULIEN / AFP

Une fois la marmaille au lit, on a discuté longuement de l'arrivée de Jules dans leur vie et de tous les problèmes ordinaires de parents : la directrice de la crèche qui est relou, les bronchiolites à répétition, les repas régurgités, les collègues qui nous regardent de travers quand on se barre tôt. J'aurais bien partagé avec eux l'angoisse des premiers mois, ou encore la fatigue des nuits hachées. Mais ils ne connaissent pas. Jules est un bébé de rêve. Et eux ont accueilli cet enfant dans leur vie avec cent fois plus de sérénité que moi mon aîné. Alors qu'à chaque pas, je me suis sentie perdue, je me suis dit qu'il me manquait quelque chose, que je ne savais pas faire, voire je pétais les plombs en me disant que c'était trop dur, eux m'ont raconté comment ils avaient géré sans se poser toutes ces questions. J'étais d'autant plus stupéfaite que j'avais connu des amies - hétéros - face à l'adoption et qu'elles avaient vécu comme moi ces remises en cause.

Après les manifs et les slogans violents de ce week-end, je pense beaucoup à Cédric et Pierre. Je ne suis pas sûre que la gestation pour autrui soit une solution. Mais qui, dans le débat sur l'homoparentalité, a le droit de dire que je suis un meilleur parent qu'eux ?

Quand nous sommes arrivés chez eux, Cédric et Pierre nous ont fait visiter leur maison et nous ont présenté la chambre où on allait dormir. "La chambre du bébé." Ils attendent un deuxième enfant pour la fin de l'hiver. Moi aussi je suis impatiente.

Mise à jour du 20 novembre 2012

Je retire très rarement des commentaires de mon blog, même quand je suis mise en cause. Mais je ne peux laisser des propos homophobes punis par la loi circuler. J'ai essayé d'aller le plus loin dans la permissivité pour que la discussion entre internautes ait lieu, même quand je trouve les arguments très discutables. Mais j'ai été obligée de retirer certaines interventions et de bannir un intervenant qui se présentait sous de multiples identités pour rabâcher un discours limite. Bref, allez troller ailleurs.