La "kiné respi" n'est même pas efficace

"Ne faites pas manger votre enfant avant la séance de kiné respiratoire." Quand le médecin m'a dit ça alors qu'on prescrivait ce traitement pour la première fois à mon enfant, j'ai su que j'allais mentir. Tous les matins, mon fils se réveillait en hurlant de faim à 6 heures. Pas de bol, la séance de kiné était programmée à 7h30. Je lui refourguais un biberon qu'il sifflait en une minute chrono, puis je priais pour qu'il ne vomisse pas. Loupé.

Aujourd'hui, j'apprends que la kiné respiratoire n'est pas vraiment efficace : "Selon Prescrire, neuf études, réalisées sur 891 nourrissons hospitalisés pour des bronchiolites, n'ont fait apparaître aucune différence entre les enfants traités par kiné et sans kiné. Ni en termes d'évolution clinique, ni concernant les facteurs suivants : oxygénation du sang, fréquence respiratoire, durée de la maladie – treize jours en moyenne – et durée de l'hospitalisation."

Donnez-moi un bazooka.

Tous les parents avec qui j'en ai parlé l'attestent : c'est un des pires moments qu'ils ont vécu depuis qu'ils ont des enfants. Voir mon bébé dans l'inconfort, l'incompréhension, puis la détresse, me fixer, se crisper, puis pleurer, puis hurler. Lui tenir la main en souriant, en rassurant, en faisant comme si de rien n'était alors que j'ai envie de hurler aussi, que ça s'arrête, de ne pas être associer à cette torture. Puis tous les jours, ouvrir la porte à ce médecin, et entendre pleurer quand il s'assoit, puis le lendemain quand il entre dans la pièce, puis le lendemain quand la sonnette retentit... Découvrir que son enfant se souvient. Qu'il a peur.

J'ai trouvé des médecins plus doués que d'autres. J'ai parfois senti des gênes respiratoires diminuer, mais d'autres fois, avec d'autres kiné, je suis ressortie avec un bébé en pleine crise d'asthme. J'ai été en colère, j'ai poursuivi parce qu'il le fallait, parce qu'on croit les médecins. Mais quand je lis que "cette technique doit donc être utilisée pour les cas les plus graves et à titre de confort plutôt qu’à titre de guérison",  AH AH AH. Je suis morte de rire. Du moins, je le serais, si je n'avais pas deux enfants plus ou moins asthmatiques et une bonne dizaine de séries de kiné respi à mon compteur. Si on n'avait pas prescrit la kiné respi à chaque difficulté respiratoire.

 

Publié par Emma Defaud / Catégories : Actu