Bientôt proche du record de popularité la plus basse détenu par Jacques Chirac en mars 2006 avec 16 % de satisfaits, François Hollande à 17% dans le dernier sondage SOFRES pour le Figaro magazine va-t-il provoquer un vote sanction pour les maires sortants socialistes?
Une impopularité présidentielle "toxique" pour les maires PS?
Cette question s'inscrit plus largement dans le débat sur d’une possible vague bleue Dans un de nos précédents posts nous avons évoqué les conditions de son apparition (https://blog.francetvinfo.fr/electionscope/2014/02/19/municipales-2014-qui-a-peur-de-la-vague-bleue.html.). Le faible soutien accordé à l'exécutif pourrait témoigner, sinon d'un rejet de la politique gouvernementale, à tout le moins d'un possible désaccord avec les objectifs retenus. Mais il peut aussi signifier une insatisfaction née d'attentes déçues. François Hollande ne serait pas le premier à faire les frais d'une victoire à la présidentielle, qui a créé tellement d'espoirs, qu'il est parfois fois difficile d'y répondre quand le contexte économique se dégrade. Barack Obama fraîchement réélu à souffert d'une désaffection d'une partie de ses électeurs, déçus par la mise en place chaotique de sa réforme sur la santé, heureusement pour lui, l’économie a donné des signes de reprise à temps pour sa réélection en 2012. Ajoutons que l'impopularité concerne aussi le Premier ministre, mais la constitution de la V° République en a fait, à dessein un écran, un pare feu pour le Président, il est presque naturel d'observer qu'il soit impopulaire quand le climat se dégrade. Ce qu'il l'est moins c'est qu'il ne protège pas le Président.
Les considérations nationales peuvent-elles affecter le vote aux municipales?
Le lien peut être contesté au motif qu'aux municipales on vote pour quelqu'un que l'on connaît. Peu de gens ignorent le nom de leur maire, quand beaucoup sont incapables de dire qui est le Président du conseil général, ou du conseil régional. L'image du maire doit compter et peser dans la balance dit-on. Oui, mais comment? Pour combien ? Il est difficile de mesurer un tel critère subjectif, et de pouvoir donner la part que prendrait l'image dans le vote. On a pour habitude de dire que Kennedy aurait tiré avantage de son charme, car dans le débat qui l'opposait à Nixon il avait été jugé meilleur par ceux qui avaient suivi l'émission à la télévision, alors que ceux qui l'avaient écouté à la radio avaient préféré Nixon. Mais l'image ne fait pas une élection, on peut aimer son maire et ne pas s'interdire de lui faire des reproches, les occasions ne manquent pas de le croiser dans la rue ou sur le marché.
Reste le bilan du maire
Le « bon bilan » d’un maire sortant PS pourrait-il faire oublier l’impopularité présidentielle ? A en croire la moyenne des sondages entre 60% et 70% des français interrogés risquent de se prononcer les 23 et 30 mars sur des critères locaux. Si c’est une condition nécessaire pour remporter une municipale elle n’est pas suffisante pour assurer une victoire certaine. En témoignent les élections de 1977, 1983, 2001 et 2008, où nombre de maires sortants « bons gestionnaires » ont été balayés par une vague d’ampleur nationalle (à lire sur htt://www.electionscope.fr notre article sur 2001: vote récompense ou vote sanction et aussi notre post sur les conditions du vote sanction, https://blog.francetvinfo.fr/electionscope/2014/02/21/municipales-2014-et-vote-sanction-et-si-les-jeux-etaient-deja-faits.html
Ce sont les maires PS qui risquent de souffrir
Enfin le vote sanction -s'il est observé- viendra du comportement des électeurs qui pourraient se saisir de la "première élection qui passe" pour envoyer un signal au gouvernement. Le relais naturel sera un maire PS. Ils pourraient aussi se laisser convaincre par la gauche de la gauche. La présence de liste Front de Gauche, (et de listes dissidentes PC, PS, DVG) est la marque de la montée d'un désaccord avec la politique gouvernementale. Si des rapprochements de candidats PC avec des listes PS sortantes sont fréquemment observés, c'est un peu moins le cas pour le reste de la gauche de la gauche qui menace, et qui, pour l'heure, ne dit rien de son comportement de second tour: ralliement ou défection? Certains diront que ce n'est que de la stratégie électorale et que tout rentrera dans l'ordre, au second tour, les reports se faisant intégralement. A voir...
Au soir des résultats des élections, les ténors politiques nationaux ont l’habitude de dire, lorsqu’ils perdent les municipales, qu’elles n’ont qu’une résonnance locale, mais lorsqu’ils les gagnent, qu’elles ont une ampleur nationale. En témoigne les efforts du Président pour communiquer sur le retournement de la courbe du chômage avant les municipales.