"Les experts disent de Trump qu'il présente des troubles de la personnalité d'ordre narcissique." Photo : Gage Skidmore

"Trump est imprévisible car il n'écoute que ses impulsions"

Après avoir vécu plusieurs années à Washington, Laurence Nardon dirige le programme Amérique du Nord de l'Ifri (Institut français des relations internationales). Dans son livre Les États-Unis de Trump en 100 questions, à paraître le 18 octobre, la chercheuse décrypte les évolutions récentes du pays et la politique du Président. Entretien.

Le nom de Donald Trump revient fréquemment dans la presse, sur les réseaux sociaux ou dans les discussions. Comment l'expliquez-vous ?

L.N : La personnalité de Trump est hors-norme. Les experts disent de lui qu'il présente des troubles de la personnalité d'ordre narcissique. C'est quelqu'un qui n'a pas vraiment dépassé le stade de l'enfance dans lequel on pense que tout tourne autour de soi. Trump est donc extrêmement impulsif et agressif. Il n'a pas de filtres sociaux. Il est aussi susceptible et veut être aimé. C'est pour cette raison qu'il est toujours très séducteur et aimable avec les chefs d'État étrangers qui le rencontrent même si, la veille ou le lendemain, il envoie des tweets insultants à leur égard. Au final, il est fondamentalement imprévisible car il n'écoute que ses impulsions.

Comment, avec cette personnalité, a-t-il pu arriver à la Maison-Blanche ?

L.N : Cela ne l'empêche pas d'être malin et intelligent. Son passé de promoteur immobilier à New York l'a armé pour faire des coups, être tactique et savoir négocier de manière assez brutale. Au-delà de sa personnalité, il y a aussi ses idées politiques. Il ne faut pas se leurrer : en France, on dirait qu'elles sont d'extrême-droite. Trump est pour la fermeture des frontières à l'immigration et au libre-échange. Sa politique étrangère est également un peu musclée.

Des idées politiques qui ont trouvé un écho...

L.N : Entre les élites et les minorités ethniques très pauvres, les classes moyennes se sentent trahies et abandonnées depuis des décennies. Leurs usines ont fermé à causes des accords de libre-échange, la crise de 2007 est passée par là, etc. Quant à la classe moyenne blanche, elle s'inquiète d'une évolution démographique qui va faire d'elle une minorité d'ici 2040. Ces personnes ont donc véritablement vu Trump comme un sauveur.

Après deux ans, son électorat reste-t-il satisfait ?

L.N : À la veille des élections de novembre, Trump s'est montré très efficace vis-à-vis de son électorat. Pour les populistes, il a tenu sa promesse anti-immigration avec le mur en construction à la frontière du Mexique et le Muslim Ban [NDLR: un décret qui suspend l'entrée sur le territoire des citoyens de sept pays à majorité musulmane]. Il a également renégocié les accords de libre-échange avec le Mexique et le Canada. Le Président a aussi tenu ses promesses envers une autre partie de son électorat : les conservateurs chrétiens, extrêmement rétrogrades sur les questions de moeurs. Ces derniers ont voté pour Trump car il s'est engagé à nommer des juges très conservateurs à tous les étages de la pyramide judiciaire. Il a effectivement fait nommer Brett Kavanaugh et Neil Gorsuch à la Cour suprême.

Son électorat pourrait pourtant se détacher de lui à cause de ses impulsions et ses affaires...

L.N : Que Trump soit un monstre, ce n'est pas grave pour les conservateurs tant qu'il tient ses promesses. Les  populistes ont un autre raisonnement. À chaque fois que Trump dit une horreur, cet électorat n'en est que plus persuadé qu'il est de leur côté. Pour eux, ce sont des transgressions des codes. 

Peut-on envisager la réélection de Trump en 2020 ?

L.N : Absolument, d'autant plus que côté démocrates, il ne se passe pas grand chose... Ce parti est divisé entre les centristes modérés — portés par Hillary Clinton en 2016 — qui proposent une politique économique libérale et un autre courant — porté par Bernie Sanders en 2016 — qui propose des réformes beaucoup plus à gauche et très radicales pour les États-Unis. Le parti n'est pas prêt pour porter un seul candidat en 2020.

Quid des élections de mi-mandat ?

L.N : Les démocrates prédissent un raz-de-marrée en leur faveur. Mais je n'en suis pas si sûre... Il est probable qu'ils gagnent la majorité à la Chambre des Représentants; au Sénat, sans doute pas.

Propos recueillis par C.L

En bref

L'arrivée d'un populiste à la Maison-Blanche n'est pas un accident, mais le résultat d'années de creusement des inégalités sociales et de transformations de la société américaine. Républicains et démocrates ont encouragé une libéralisation économique et financière excessive, tandis que les élites progressistes se sont concentrées sur les minorités, négligeant les inquiétudes d'une Amérique blanche vouée à devenir minoritaire. En conséquence, Donald Trump est devenu son champion. Son style imprévisible et transgressif tout comme son projet américano-centré bouleversent les règles des relations internationales. De Paris à Téhéran, en passant par Pyongyang, Moscou et Jérusalem, l'ensemble du monde est affecté par cette présidence hors-norme. Après Trump, une autre Amérique peut-elle émerger ? Laurence Nardon décrypte en 100 clés essentielles les évolutions politiques, sociales et culturelles récentes des États-Unis et interroge le rôle et l'avenir de la puissance américaine.

Les États-Unis de Trump en 100 questions, Tallandier, 16,50 €

Donald Trump évoque une "trahison" après la publication d'une tribune d'un haut responsable de son administration dans le New York Times. Photo : Reuters/Leah Millis

"La tribune du New York Times pose des problèmes éthiques et démocratiques"

Dans une tribune parue mercredi dans le New York Times, un haut fonctionnaire de l'administration Trump décrit, sous couvert d'anonymat, un président instable et amoral. Et annonce "faire de la résistance". Explications avec Célia Belin, chercheuse invitée à Brookings Institution.

Pourquoi cette tribune est-elle exceptionnelle ?

C.B : L'auteur désavoue, de manière anonyme, la personne pour laquelle il choisit de continuer de travailler. En général, on le fait en démissionnant ou lorsqu'on est remercié.

Quelles sont les motivations de l'auteur ?

C.B : Il y a les motivations qu'il essaie de donner dans sa tribune : faire une résistance interne au président, auquel il ne fait pas confiance, et éviter le pire en contrôlant ses actions. Le problème, ce sont les motifs cachés d'une soi-disant résistance qui éprouve le besoin de devenir publique.

Quels seraient ces motifs cachés ?

C.B : L'explication la plus simple, hypothétique à ce stade, consiste à dire que cette personne a choisi de travailler pour Donald Trump, a constaté tous ces dysfonctionnements et se dit que plus tard, elle aura à en répondre. Elle écrit maintenant afin de protéger son avenir politique ou simplement sa crédibilité. Dans deux ou trois ans, elle pourra dire : "Vous voyez : j'ai travaillé de l'intérieur. C'est moi qui ai écrit cette tribune !" C'est un collaborateur qui se fait passer pour un résistant ou, en tout cas, qui pense qu'on peut collaborer et résister en même temps.

Cette démarche est donc discutable...

C.B : Elle pose des problèmes éthiques et démocratiques. C'est ce que le journaliste Bob Woodward [NDLR : auteur du livre Fear] appelle le "coup d'état administratif". Si tous ces gens sont persuadés qu'il y a un risque pour la nation, on se demande pourquoi ils n'en parlent pas publiquement. La seule explication serait de dire qu'ils n'obtiendraient pas d'auditions au Congrès car ce dernier protège le président.

Finalement, que penser de cette tribune ?

C.B : Je trouve qu'elle est relativement mesquine et pas particulièrement courageuse. Soit le président a été élu et doit être amené à gouverner car il n'y a pas de raison de lui mettre des bâtons dans les roues ; soit il fait des abus de pouvoir, a une maladie mentale ou je ne sais quelle autre raison qui pourrait l'empêcher d'être un bon président. A ce moment, il faut le dénoncer et utiliser le 25e amendement ou une procédure de destitution. Cet étalage public est une des marques du dysfonctionnement profond de la Maison-Blanche.

Donald Trump a accusé l'auteur de la tribune de "trahison". A quoi peut-on s'attendre dans les prochains jours ?

C.B: Le risque, c'est que Donald Trump se recentre encore plus sur un cercle de personnes loyales. Ce sera beaucoup plus dur de dire "Non, je ne suis pas d'accord M. le président." L'auteur a piégé tous ceux qui font partie de la "résistance".

Propos recueillis par C.L

Les funérailles de John McCain ont eu lieu à la cathédrale nationale de Washington. Photo : Reuters/Chris Wattie

John McCain: des obsèques anti-Trump

Les funérailles nationales de John McCain ont été célébrées à Washington samedi 1er septembre.

L'hommage debout d'une nation pour accueillir son cercueil. L'Amérique rassemblée avec une image symbole : trois présidents, Obama, Bush et Clinton assis côte à côte. C'est la fille de John McCain qui va émouvoir l'assemblée. "Ce n'est pas la prison, ni la marine, ni le sénat, ni le parti républicain, ni même ce qu'il a fait dans sa vie extraordinaire qui définit John McCain. Ce qui le définit, c'est l'amour". Devant sa mère et ses six frères et sœurs, devant les politiques et devant la fille de Donald Trump, elle attaque alors le slogan du président absent . "L'Amérique de John McCain n'a pas besoin qu'on lui rende sa grandeur, car l'Amérique a toujours été grande."

"Un mélange de courage et d'honnêteté"

Des funérailles pendant lesquelles les messages politiques se lisaient entre les lignes des oraisons funèbres. Barack Obama s'est implicitement adressé au président Trump : "La meilleure façon de rendre hommage à John McCain, c'est de reconnaître qu'il y a a quelque chose de plus important que le parti, plus important que l'ambition, plus important que l'argent, la célébrité ou le pouvoir." Comme Barack Obama, George Bush avait battu John McCain aux élections. Lui aussi rend hommage à ses valeurs : "Il était un mélange de courage et d'honnêteté." En héros, le sénateur sera inhumé demain au cimetière de l'académie navale, près de Washington.

Reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Charlotte Mattout

Le sénateur de l'Arizona s'est éteint à l'âge de 81 ans. Photo : AFP

John McCain : les cinq combats de sa vie

Décédé aujourd’hui, John McCain était atteint d’un cancer du cerveau depuis 2017. Ancien pilote de l’armée américaine, sénateur de l’Arizona puis candidat à la Maison-Blanche en 2008 face à Barack Obama, l’homme s’est peu à peu imposé comme une grande figure de la politique américaine. Retour sur un parcours patriotique.

1Le héros de guerre

Tout comme son père et son grand-père avant lui, John McCain a d’abord rejoint les rangs de l’armée américaine. Réquisitionné pour la guerre au Vietnam, il opère en tant que pilote d’avion de chasse. En 1967, au cours de l’une de ses missions de bombardement, John McCain perd son avion et est capturé par les forces armées nord-vietnamiennes.

En 1968, le journaliste français François Chalais interviewe le pilote à l’occasion du reportage sur le conflit vietnamien. Au détour d’une cigarette, John McCain détaille ses conditions de détention. Ému, il adresse alors un message à son épouse et à sa famille.

Pendant plus de cinq ans, le détenu américain subit des tortures. Il est libéré en 1973 mais gardera des séquelles à vie. Il est décoré à son retour par le président Richard Nixon. Il quitte la Navy en 1981, sans avoir atteint le grade d’amiral.

2Un électron libre au sein du parti républicain

Peu après son départ de l’armée, sa carrière prend un autre tournant. Il accède à la Chambre des représentants du fait notamment de sa popularité. Bien que membre du parti républicain, il n’hésite pas à s’opposer publiquement au président Ronald Reagan sur certaines questions militaires. Il officie à la chambre basse du Parlement fédéral jusqu’en 1987 où il est élu Sénateur en Arizona.

Un nouveau poste qui ne l’empêche pas de se soustraire à la ligne de son parti. Il milite dans les années 1990 aux côtés du sénateur démocrate John Kerry. Tous deux vétérans de la guerre du Vietnam, ils militent pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les Américains et les Vietnamiens. Il en est de même sur les questions environnementales : à l’instar des démocrates, John McCain souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre et promeut les énergies renouvelables.

Bien qu’il soit considéré parfois comme porteur d’idées nouvelles, John McCain reste cependant fidèle à plusieurs valeurs conservatrices du parti républicain. Il soutient le mouvement pro-vie, milite pour la fin de l’avortement et s’oppose au mariage homosexuel. De plus, il se présente comme un fervent défenseur du budget des armées et soutient l’intervention américaine en Irak.

En 2000, il tente de se présenter à la campagne présidentielle, il est cependant battu par George W. Bush qui remporte l’investiture républicaine et devient le 43e président des États-Unis.

3La campagne présidentielle de 2008

Investi par le parti républicain pour être candidat à l’élection présidentielle en 2008, il fait de Sarah Palin, la gouverneure républicaine de l’Alaska, sa colistière. Un choix stratégique qui rassure l’aile droite du parti républicain. Il fait face au sénateur démocrate de l’Illinois, Barack Obama, encore inconnu il y a quelques mois et qui suscite de vifs espoirs au sein des minorités. La campagne se fait sans affront, John McCain n’hésitant pas à défendre son adversaire face à son propre électorat.

Mais le candidat républicain ne parvient pas à endiguer la vague Obama. Le 5 novembre 2008, Barack Obama remporte le vote populaire et le vote des grands électeurs et John McCain concède sa défaite.

4Un opposant à Donald Trump

Les relations entre John McCain et Donald Trump ont toujours été compliquées. En 1999, Donald Trump s’interrogeait déjà sur le statut de "héros" accordé au sénateur pour ses services au Vietnam. Durant la campagne présidentielle, le milliardaire s’attaquera de nouveau au vétéran. John McCain retire son soutien au candidat républicain après la publication d'une vidéo où le milliardaire tient des propos obscènes envers les femmes.

"Ce n’est pas un héros de guerre. C’est un héros de guerre parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui n’ont pas été capturés."

En juillet 2017, à la surprise générale, John McCain vote contre l’abrogation partielle de l’Obamacare, le système de santé instauré par l’ancien président américain. S’attirant les foudres de l’administration Trump, il prouve une nouvelle fois qu’il est un électron libre préférant rester fidèle à ses convictions plutôt qu’à la ligne de son propre camp.

Dans ses mémoires intitulées The Restless Wave (La Vague agitée), sorties en mai dernier, John McCain n’épargne pas le président américain. Il critique ses propos virulents et l’accuse de complaisance avec Vladimir Poutine. Fervent opposant au président russe, le sénateur américain est listé parmi les personnes interdites de séjour en Russie dans le cadre de la crise ukrainienne. Selon plusieurs médias américains citant des proches du sénateur, John McCain ne souhaiterait pas que Donald Trump assiste à ses obsèques.

5Son combat contre le cancer

En juillet 2017, le sénateur républicain annonce être atteint d’une tumeur au cerveau. Il reste au Sénat encore quelques mois avant de retourner chez lui en Arizona pour y être soigné. Il reçoit là-bas la visite de nombreuses personnalités politiques comme l’ancien vice-président Joe Biden qui a perdu son fils des suites d’un cancer du cerveau. Décédé peu de temps après l’arrêt de son traitement, John McCain laisse derrière lui le souvenir d’un homme politique atypique, tantôt conservateur, tantôt progressiste. Un certain visage de l’Amérique.

H.G

Congédiée par la Maison-Blanche, Omarosa Manigault Newman règle ses comptes avec Donald Trump. Photo : Gage Skidmore

Cinq choses à savoir sur Omarosa Manigault, l’ancienne conseillère de Donald Trump qui inquiète la Maison-Blanche

Sorti il y a peu dans les librairies américaines, le livre Unhinged (Dérangé) fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, son auteure, Omarosa Manigault Newman, ancienne conseillère de Donald Trump limogée en décembre dernier, y prend sa revanche en dressant un portrait peu reluisant du président américain. Retour sur le parcours d’une femme passée de la téléréalité à la Maison-Blanche.

1L'apprentie

Les Américains connaissent d’abord Omarosa Manigault pour son apparition dans la première saison de l'émission de téléréalité animée par Donald Trump "The Apprentice". C’est là qu’elle y rencontre le président américain et tente d’obtenir un poste de cadre supérieur dans son entreprise. Elle ne remporte pas l’émission mais elle marque les esprits, les producteurs la faisant passer pour la grande méchante de l'émission. Elle participera plus tard à d’autres émissions dérivées de "The Apprentice" et aura même droit à son propre programme télévisé intitulé "Omarosa’s Ultimate Merger", dans lequel plusieurs prétendants tentent de séduire la candidate de téléréalité. Omarosa Manigault doit sa célébrité à ces nombreux shows, tous produits par Donald Trump.

2La démocrate

Omarosa Manigault n’a pas toujours adhéré aux idées du parti républicain, loin de là. Avant "The Apprentice", elle a brièvement travaillé dans l’administration Clinton pour le vice-président Al Gore dans les années 1990. En 2012, elle félicite Barack Obama pour sa réélection sur son compte Instagram. Elle appelle même, en 2014, à voter pour Hillary Clinton pour la prochaine élection présidentielle. Elle finit par retourner sa veste en rejoignant l’équipe de campagne de Donald Trump.

Je suis prête pour Hillary. Et vous ? - OMAROSA

 3 La conseillère de Donald Trump

Après son investiture par le parti républicain, Donald Trump charge Omarosa Manigault des relations avec la communauté afro-américaine. Elle défend alors bec et ongles le milliardaire : "Tous ceux qui critiquent, tous les détracteurs, devront se prosterner devant Donald Trump."

Tout juste élu président des États-Unis, Donald Trump fait de nouveau appel à elle. Omarosa Manigault occupe alors le poste d’assistante auprès du président et directrice de la communication auprès du bureau des relations publiques de la Maison-Blanche. Elle est l’une des rares personnalités noires occupant un poste élevé au sein de l’administration Trump.

4La nouvelle opposante

En décembre 2017, le départ d’Omarosa Manigault est annoncé. Elle affirme alors souhaiter consacrer son temps à d’autres projets. En réalité, la conseillère du président est limogée par John Kelly. Un renvoi qu’elle a enregistré à l’insu du chef de cabinet du président. Un échange bref qui n'explique pas les raisons de ce départ.

À l’instar de Michael Wolff, l’ancienne conseillère compte bien relater son expérience à la Maison-Blanche. Elle explique que le président aurait envisagé de prêter serment sur son livre The Art of the deal le jour de son investiture. Un portrait peu flatteur de Donald Trump qui multiplierait également les insultes à l’égard de son équipe mais aussi de sa famille. Des dizaines de petites piques visant l’administration pour laquelle elle a travaillé pendant près d’une année. Omarosa Manigault explique avoir refusé un contrat de 15 000 dollars par mois à sa sortie de la Maison-Blanche, accusant l’équipe Trump de vouloir acheter son silence. L’équipe de campagne de Donald Trump menace aujourd’hui de la poursuivre pour violation de clause de confidentialité.

5L’ex-collaboratrice devenue gênante pour le président

Mais le plus inquiétant pour Donald Trump, c’est l’existence d’un éventuel enregistrement sonore réalisé par Omarosa Manigault. Selon ses dires, plusieurs collaboratrices auraient confié avoir entendu le président prononcer le mot "nègre", une insulte raciste taboue aux États-Unis.

Ironie du sort, Donald Trump tweetait il y a cinq ans sur la malice d’Omarosa Manigault.

"Omarosa promet toujours beaucoup de drama, et elle tient toujours parole" Donald J. Trump

H.G

Mike Pence a annoncé la création d'une "Force de l'espace", le 8 août 2018. Photo : AFP/Saul Loeb

Avec la "Space Force", les États-Unis font un pas de plus vers la conquête des étoiles

En annonçant la création d’une force militaire spatiale, les États-Unis affirment vouloir protéger leurs satellites… tout en gardant la main sur l’espace. Une nouvelle course aux étoiles qui pourrait raviver les tensions entre grandes puissances.

À qui appartient l’espace ?

À tout le monde. C’est du moins ce que prévoit le traité de l’espace ratifié en 1967 expliquant qu’aucun État ne peut s’approprier à lui seul l'espace extra-atmosphérique. Toujours selon ce traité, les armes de destruction massive sont interdites en orbite terrestre. Problème : il n’interdit pas les autres types d’armes. Un vide juridique qui explique la course à l’armement spatial lancée sous la Guerre froide avec le président américain Ronald Reagan. Aujourd’hui, un nouveau traité est difficilement envisageable du fait de la multiplication des satellites militaires.

Quelles nations dominent l’espace ?

En théorie, l’espace est censé être non militarisé mais trois nations se disputent principalement le territoire spatial : les États-Unis, la Russie et la Chine. "Pour défendre l'Amérique, il ne suffit pas d’être présent dans l’espace, nous devons dominer l'espace", avait souligné Donald Trump en juin dernier. Le vice-président américain, Mike Pence, a également déclaré que "nos adversaires ont déjà transformé l’espace en domaine de combat". L’enjeu est en effet stratégique : en y déployant des satellites, les militaires peuvent y observer des forces ennemies, intercepter des communications et guider des missiles à longue distance. Les trois pays auraient d’ailleurs chacun mis en place des missiles anti-satellites, parés à neutraliser la moindre menace.

En quoi consistent ces armes ?

Les missiles anti-satellites ont pour objectif de détruire des satellites artificiels. Les États-Unis et la Russie, premiers détenteurs de tels missiles, avaient décidé d’exclure l’espace comme champs d’opérations. Mais la destruction d’un satellite chinois par la Chine en 2007 a poussé les États-Unis à relancer les essais. Depuis, d’autres armes ont vu le jour comme le satellite russe surnommé kamikaze pouvant détruire un autre objet spatial ou encore un missile balistique à rayon laser développé par les Américains.

Que sait-on de cette Spatial Force ?

Peu d’informations ont pour l’instant été données. Mike Pence a annoncé que sa création est prévue pour 2020 pour un budget d’environ 8 milliards de dollars sur cinq ans. Un coût énorme pour un projet critiqué au sein même des spécialistes : “Je ne vois pas trop l’intérêt d’une telle force qui va sans doute coûter très cher” a confié l’astronaute Scott Kelly qui estime que cette course à l’armement spatial ne va pas dans leur intérêt.

L’armée spatiale américaine n’est pas encore prête à voir le jourpuisque le projet se doit d’être adopté par le Congrès américain et que les démocrates y sont farouchement opposés. Et siaujourd’hui le ministre de la Défense James Mattissoutient cette nouvelle force armée, ce n’était pas le cas il y a encore quelques mois. Le Pentagone dispose d’une trentaine de satellites dédiés au guidage GPS et dont dépendent des centaines de milliers de système militaires américains. Une annonce critiquée qui a également amusé les présentateurs de late shows américains. Qu’importe pour l’équipe de campagne de Donald Trump qui sollicite dès aujourd’hui les supporters du président à voter pour le logo de la nouvelle armée américaine.

Et la France dans tout ça ?

La France est dotée elle aussi de satellites espions mais son implantation et sa puissance restent bien inférieure à celle des Etats-Unis. Le pays effectue en effet moins d’initiatives individuelles en raison de sa participation à l’ESA (Agence Spatiale Européenne).

H.G

Le couple présidentiel affiche de multiples divergences. Photo: Ngan Mandel / AFP

Melania et Donald Trump : un couple qui multiplie les désaccords

Sexisme, immigration ou encore cyber-harcèlement: depuis l'élection de Donald Trump, le couple présidentiel affiche de multiples divergences. Plus tôt cette semaine, Melania Trump a de nouveau contredit son mari en affichant son soutien au basketteur américain Lebron James après que celui-ci a été insulté sur Twitter par le président. Retour sur un couple qui s’oppose.

Avant même leur arrivée à la Maison-Blanche, le climat entre les époux est tendu. En pleine campagne présidentielle, un enregistrement révèle des propos obscènes envers les femmes tenus par Donald Trump. Face au scandale, son épouse dénonce des paroles "insultantes et déplacées", avant de saluer les excuses publiques de son mari.

Contre toute attente, Donald Trump remporte l’élection présidentielle quelques mois plus tard. Michael Wolff, auteur controversé de l’ouvrage Fire and Fury (Le feu et la fureur), confie alors avoir vu Melania Trump pleurer le soir de la victoire de son mari. Des larmes de joie ou de tristesse ? Difficile à dire.

Une arrivée tardive à la Maison-Blanche

En janvier 2017, après son investiture à Washington D.C., Donald Trump part s’installer à la Maison-Blanche… sans son épouse. Melania Trump choisit de rester encore quelques mois à New York, le temps que leur fils Barron finisse son année scolaire, avant de rejoindre son époux. Une situation qui ne s’est jamais produite auparavant et qui alimente les rumeurs autour de leur relation. Elle endosse définitivement son rôle de Flotus (First Lady of the United States of America) à son arrivée à Washington D.C. en juin 2017.

Scandale et infidélités

Malgré son installation à la Maison-Blanche, la Première dame se fait discrète, très discrète même. À tel point que lorsque l’affaire Stormy Daniels éclate, tous les médias guettent une réaction de la First Lady. L’avocat de Donald Trump aurait en effet versé 130 000 dollars à une actrice de films pornographiques en échange de son silence. Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Gregory Clifford, clamait avoir eu une relation sexuelle en 2006 avec le milliardaire un an après son mariage avec Melania. Une information qui aurait rendu la Première dame furieuse selon ses proches. Quelques mois plus tôt, une mannequin de Playboy, Karen McDougal, avait elle aussi affirmé avoir eu une longue relation extra-conjugale avec le magnat de l’immobilier. Melania Trump ne fait aucune déclaration.

Un langage corporel froid

Malgré de rares prises de paroles, les gestes de la Première dame révèlent une épouse distante. Nombreuses sont les vidéos circulant où la femme du président refuse de donner la main à son mari lorsqu’ils sont tous deux en déplacement. Une attitude qui fait le bonheur des late shows américains, friands de cette union mouvementée.

Enfin, dernièrement, l’absence remarquée de la First Lady pendant vingt-quatre jours a suscité beaucoup d’interrogations. Dispute conjugale ? Rupture ? Après des semaines de rumeurs, la Première dame est réapparue aux côtés de son mari. Hospitalisée pour un problème "bénin" au rein, elle n’a pas hésité à répondre aux journalistes sur Twitter.

"Je vois que les médias continuent de spéculer sur où je me trouve et ce que je fais. Soyez rassurés, je suis ici à la Maison-Blanche avec ma famille, je me sens très bien et je travaille dur pour les enfants et le peuple américain !"

Des engagements qui contredisent ceux de son mari

À l’instar de ses prédécesseures, Melania Trump se trouve une cause à défendre : la lutte contre le cyber-harcèlement. Un choix moqué par certains alors que Donald Trump multiplie les attaques personnelles sur Twitter. "Je suis consciente que plusieurs sont sceptiques à l’idée que je parle de ce sujet [...] mais cela ne m’empêchera pas de faire ce qui est juste", avait-elle alors répliqué. La Maison-Blanche avait même déconseillé la Première dame de s'engager sur ce sujet.

En mai 2018, quelques jours après les révélations d’infidélités de son époux, elle lance le programme "Be Best" ("Soyez meilleurs"). Objectif : améliorer le bien-être des jeunes Américains et prévenir des dangers de la drogue et des réseaux sociaux.

Un mois plus tard, la séparation des familles de migrants en raison de la politique de "tolérance zéro" soutenue par l’administration Trump provoque l’indignation. Quelques jours après le début de la polémique, Donald Trump autorise la réunification des familles. De son propre aveu, il explique que son épouse a influencé sa décision. Le lendemain, Melania Trump fait une apparition surprise dans un centre d’accueil pour enfants au Texas. Campagne de communication orchestrée par la Maison-Blanche ou prise de position spontanée de la Première dame ?

En prenant davantage la parole sur des sujets qui lui tiennent à coeur, la First Lady prouve comme son mari, son imprévisibilité.

H.G

Un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine a eu lieu lundi 16 juillet. Photo : REUTERS/Jorge Silva

Les Américains réagissent à la rencontre entre Trump et Poutine

Le parc Lafayette, devant la Maison Blanche, est un lieu où se retrouvent manifestants, activistes et touristes. Nous nous y sommes rendus afin de demander aux Américains ce qu’ils pensent de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine.
 Les manifestants du parc Lafayette

Depuis 1991, Philipos Melaku-Bello manifeste tous les jours devant la Maison Blanche. Le quinquagénaire a installé ses quartiers généraux - une tente entourée de pancartes anti-Trump - au parc Lafayette. En 2016, Thomas Molineaux, sexagénaire originaire du Maryland, a rejoint le manifestant.

Que pensez-vous de la rencontre entre les présidents Trump et Poutine à Helsinki ?

P.M-B: : Vladimir Poutine a tellement d’années d’expérience dans la politique, qui plus est avec le KGB, qu’il a facilement la main mise sur un politicien novice. La plus grande expérience de Donald Trump, avant d’être président, consiste à avoir accueilli les Clinton à son mariage... Je suis donc persuadé que cette rencontre n’a apporté rien de bon pour notre pays.

T.M : Je pense que les deux heures de rencontre entre les présidents étaient une farce. J’ai du mal à concevoir que le Congrès américain et les membres de son cabinet aient autorisé cette comédie. C’est la plus grande trahison que Trump ait pu faire.

Trump plaide le lapsus quant à ses affirmations sur l’ingérence des Russes dans les élections de 2016. Qu’en pensez-vous ?

P.M-B: A la minute où il a compris qu’il s’était mis les Etats-Unis à dos, en faisant ami-ami avec la Russie aux dépens de son propre pays, Trump a cherché un moyen de se rattraper. Au lieu d’admettre sa faute, il a trouvé une excuse à dormir debout. Personne n’y croit.

Dans le camp démocrate

Allison Frayton, 29 ans, est originaire de Washington D.C. Elle soutient le parti démocrate.

Que pensez-vous de la rencontre entre les présidents Trump et Poutine à Helsinki ?

A.F: C’est une aberration, une trahison et une comédie à la fois. On ne peut pas penser que cette relation puisse marcher. Les Russes ont toujours été, par définition, nos opposants. Nos idéologies ne concordent pas. Que diraient nos ancêtres qui ont vécu la Guerre Froide ? Que nos pires ennemis sont soudainement devenus nos partenaires ? Même les plus grands supporters de Trump n’y croient pas. Il nous a humiliés. Nous passons pour des faibles.

Dans le camp républicain

Plusieurs supporters de Trump n’hésitent pas à dénoncer l’attitude du président américain. C’est le cas de Mike Garlfield, 32 ans, originaire d’Atlanta (Géorgie) et Steven J. McAffee, 43 ans, de Washington D.C.

Que pensez-vous de la rencontre entre les présidents Trump et Poutine à Helsinki ?

S.J.M : J’étais persuadé que cela ne pouvait aboutir à rien de bon, et j’avais raison. Trump nous a humiliés. A présent, il cherche à rattraper ses propos avec une excuse à dormir debout. Il nous prend pour des idiots. Je suis républicain mais je ne tolère pas certaines choses. Je pense que Trump est allé trop loin et qu’il a perdu beaucoup de supporters en très peu de temps.

M.G: A vrai dire, j’étais plutôt enthousiaste à l’idée de cette rencontre. Nos deux pays sont rivaux depuis des années et ça a perduré même après la Guerre Froide. Quand j’ai su que Trump souhaitait apaiser les relations, j’ai pensé: "Enfin un président qui prend les devants." Je n’aurais jamais cru que ça allait être au prix d’une trahison.

Vous considérez donc Trump comme un traître...

M.G : Non je ne pense pas que ce soit un traître. Il a cherché à prendre la meilleure décision pour son peuple et s’est laissé aller une fois devant Poutine.

Est-ce un acte de faiblesse ?

M.G: Oui mais pas envers Poutine, envers Trump lui-même. Je pense qu'il était tellement obstiné à l’idée de mettre un terme à ces rivalités qu’il a pris une mauvaise décision et qu’il va devoir trouver un moyen de se rattraper.

A-t-il perdu votre soutien ?

S.J.M : Pour l’instant, il est certain que je ne soutiens pas du tout la façon dont il gère la situation. Il multiplie les erreurs et mensonges. Il va en falloir beaucoup avant que je puisse à nouveau lui faire confiance.

Audrey Barbieri

Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontrés à Helsinki, lundi 16 juillet. Photo : Reuters/Lehtikuva/Antti Aimo-Koivisto

Donald Trump fustigé au retour de sa rencontre avec Vladimir Poutine

"Je fais confiance à mes services, mais la dénégation de Vladimir Poutine a été très forte et très puissante." Accusée d’ingérence dans les élections présidentielles de 2016, la Russie est graciée par Donald Trump. C’est du moins ce que soutiennent de nombreux politiciens américains au lendemain de la rencontre historique entre le président américain et Vladimir Poutine. Survol des réactions les plus marquantes aux Etats-Unis.

Les démocrates face à l’attitude pro-russe de Trump

Face à l’indulgence de Trump envers Vladimir Poutine, les démocrates avancent la thèse "kompromat", soutenant que la Russie détiendrait des informations compromettantes sur le président américain. Chuck Schumer, sénateur de l’Etat de New-York, parle d’un président ayant été "irréfléchi, dangereux et faible" et avance des scénarios des plus sinistres : "Des millions d’Américains vont continuer à se demander si la seule explication possible à ce comportement dangereux est la possibilité que le président Poutine possède des informations nuisibles sur le président Trump." De même, Nancy Pelosi, chef de groupe des démocrates, parle d’un "triste jour pour l’Amérique".

Un président critiqué par son camp

La décision du président peine à trouver des défenseurs même au sein de son propre parti. Parmi les Républicains, John McCain est le plus lapidaire : "La conférence de presse d'aujourd'hui à Helsinki a été l'une des représentations les plus scandaleuses d'un président américain en mémoire", a-t-il aussitôt tweeté après la conférence, rajoutant par la suite que ce dernier avait fait "le choix conscient de défendre un tyran". Arnold Schwarzenegger, acteur et ancien gouverneur, va même jusqu’à le qualifier de "chiffe molle" tandis que Paul Ryan, chef de file des républicains, rappelle au président que les deux pays sont trop opposés moralement pour pouvoir considérer la Russie comme une alliée américaine.

Les médias critiques

De leur côté, les médias, mêmes les plus conservateurs, braquent leur plume contre Trump. Vice News ou encore CNN soutiennent la thèse du "kompromat". Fox News, pourtant réputée pour soutenir des positions politiques républicaines, va même jusqu’à titrer "Ce n’est pas une façon de gagner la guerre froide", s’opposant ouvertement à l’attitude du président.

Les services de renseignements maintiennent leur position

Malgré le soutien de Trump au président du Kremlin, à peine trois jours après l’inculpation aux Etats-Unis de douze agents russes accusés d’avoir piraté des ordinateurs de responsables démocrates, les services de renseignements américains restent unanimes : la Russie a interféré dans les élections de 2016. Will Hurd, représentant républicain du Texas et ancien agent de la CIA annonce : "J’ai vu les renseignements russes manipuler beaucoup de gens dans ma carrière, je n’aurais jamais cru que le président des Etats-Unis serait l’un deux."

Audrey Barbieri

Donald Trump a nommé Brett Kavanaugh juge de la Cour suprême lundi 9 juillet. Photo : Saul Loeb/AFP

Brett Kavanaugh, un nouveau juge conservateur à la Cour suprême

C'est la plus haute juridiction des Etats-Unis. Au cœur de la Cour suprême, neuf sages veillent à la conformité des lois. Alors qu'Anthony Kennedy libère son siège le 31 juillet, Donald Trump vient de nommer un nouveau juge conservateur, Brett Kavanaugh.

Qui est Brett Kavanaugh ?

Brett Kavanaugh, 53 ans, siège à la Cour d'appel du District de Columbia depuis 2006. Diplômé de Yale, il a commencé sa carrière comme assistant d'Anthony Kennedy. Dans les années 1990, il a collaboré avec Kenneth Star, procureur charger d'enquêter sur le président Bill Clinton. A partir de 2001, il a occupé plusieurs postes à la Maison Blanche, sous la présidence de George W. Bush. C'est ce dernier qui l'a nommé à la Cour d'appel.

Résolument conservateur, Brett Kavanaugh est notamment opposé à la loi Obamacare. En 2012, il a également fait partie d'un panel ayant annulé une mesure de l'EPA, l'agence fédérale de protection de l'environnement, visant à réduire la pollution de l'air entre les États. Catholique pratiquant, le magistrat est bénévole au sein de sa communauté religieuse.

"C'est un juriste brillant aux écrits clairs et ciselés, considéré partout comme l'un des esprits juridiques les plus fins et les plus vifs de notre époque", a déclaré Donald Trump. Brett Kavanaugh, quinquagénaire nommé à vie, peut envisager de siéger pendant près de trois décennies. Si le choix est confirmé par le Sénat, cinq juges sur neuf seront conservateurs. Début 2017, le Président avait déjà promu un juge conservateur, Neil Gorsuch.

Le droit à l'avortement est-il en danger ?

Si Anthony Kennedy était progressiste sur des sujets comme l'avortement, Brett Kavanaugh se montre beaucoup plus conservateur. Cette année, il s'est prononcé contre l'autorisation donnée à une adolescente, entrée clandestinement aux Etats-Unis, de se faire avorter.

Contrairement à la France, le droit à l'avortement aux Etats-Unis ne repose pas sur une loi mais sur une décision de la Cour suprême de 1973, l'arrêt Roe v.Wade. Avec l'arrivée de Brett Kavanaugh, la Cour suprême pourrait se montrer beaucoup plus clémente envers les Etats qui veulent instaurer des lois restrictives contre l'avortement. Pire: la juridiction pourrait annuler l'arrêt Roe v.Wade.

Que peuvent faire les démocrates contre cette nomination ?

Cette nomination doit encore être validée par le Sénat. Pour l'heure, les Républicains y détiennent une courte majorité. Chuck Schumer, sénateur démocrate de New York, a rapidement réagi : "Je m'opposerai à la nomination du juge Kavanaugh par tous les moyens."  Les Démocrates vont sans doute tenter de retarder le vote jusqu'aux élections de mi-mandat (midterms), en novembre prochain. Et pour cause, le parti représenté à la Maison-Blanche a presque toujours perdu des élus au Congrès à mi-mandat.

En 2016, les Républicains avaient réussi à annuler la nomination du juge Merrick B. Garland, par Barack Obama. Le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, avait alors fait savoir que le Président était trop proche de la fin de son mandat et que le peuple américain devait "avoir son mot à dire dans la sélection du prochain juge". Depuis, les Démocrates restent amers.

C.L