Avec la "Space Force", les États-Unis font un pas de plus vers la conquête des étoiles

Mike Pence a annoncé la création d'une "Force de l'espace", le 8 août 2018. Photo : AFP/Saul Loeb

En annonçant la création d’une force militaire spatiale, les États-Unis affirment vouloir protéger leurs satellites… tout en gardant la main sur l’espace. Une nouvelle course aux étoiles qui pourrait raviver les tensions entre grandes puissances.

À qui appartient l’espace ?

À tout le monde. C’est du moins ce que prévoit le traité de l’espace ratifié en 1967 expliquant qu’aucun État ne peut s’approprier à lui seul l'espace extra-atmosphérique. Toujours selon ce traité, les armes de destruction massive sont interdites en orbite terrestre. Problème : il n’interdit pas les autres types d’armes. Un vide juridique qui explique la course à l’armement spatial lancée sous la Guerre froide avec le président américain Ronald Reagan. Aujourd’hui, un nouveau traité est difficilement envisageable du fait de la multiplication des satellites militaires.

Quelles nations dominent l’espace ?

En théorie, l’espace est censé être non militarisé mais trois nations se disputent principalement le territoire spatial : les États-Unis, la Russie et la Chine. "Pour défendre l'Amérique, il ne suffit pas d’être présent dans l’espace, nous devons dominer l'espace", avait souligné Donald Trump en juin dernier. Le vice-président américain, Mike Pence, a également déclaré que "nos adversaires ont déjà transformé l’espace en domaine de combat". L’enjeu est en effet stratégique : en y déployant des satellites, les militaires peuvent y observer des forces ennemies, intercepter des communications et guider des missiles à longue distance. Les trois pays auraient d’ailleurs chacun mis en place des missiles anti-satellites, parés à neutraliser la moindre menace.

En quoi consistent ces armes ?

Les missiles anti-satellites ont pour objectif de détruire des satellites artificiels. Les États-Unis et la Russie, premiers détenteurs de tels missiles, avaient décidé d’exclure l’espace comme champs d’opérations. Mais la destruction d’un satellite chinois par la Chine en 2007 a poussé les États-Unis à relancer les essais. Depuis, d’autres armes ont vu le jour comme le satellite russe surnommé kamikaze pouvant détruire un autre objet spatial ou encore un missile balistique à rayon laser développé par les Américains.

Que sait-on de cette Spatial Force ?

Peu d’informations ont pour l’instant été données. Mike Pence a annoncé que sa création est prévue pour 2020 pour un budget d’environ 8 milliards de dollars sur cinq ans. Un coût énorme pour un projet critiqué au sein même des spécialistes : “Je ne vois pas trop l’intérêt d’une telle force qui va sans doute coûter très cher” a confié l’astronaute Scott Kelly qui estime que cette course à l’armement spatial ne va pas dans leur intérêt.

L’armée spatiale américaine n’est pas encore prête à voir le jourpuisque le projet se doit d’être adopté par le Congrès américain et que les démocrates y sont farouchement opposés. Et siaujourd’hui le ministre de la Défense James Mattissoutient cette nouvelle force armée, ce n’était pas le cas il y a encore quelques mois. Le Pentagone dispose d’une trentaine de satellites dédiés au guidage GPS et dont dépendent des centaines de milliers de système militaires américains. Une annonce critiquée qui a également amusé les présentateurs de late shows américains. Qu’importe pour l’équipe de campagne de Donald Trump qui sollicite dès aujourd’hui les supporters du président à voter pour le logo de la nouvelle armée américaine.

Et la France dans tout ça ?

La France est dotée elle aussi de satellites espions mais son implantation et sa puissance restent bien inférieure à celle des Etats-Unis. Le pays effectue en effet moins d’initiatives individuelles en raison de sa participation à l’ESA (Agence Spatiale Européenne).

H.G