Donald Trump n'a finalement pas eu recours au National Emergencies Act

Neuf minutes pour convaincre. Donald Trump a tenté, mardi 8 janvier, de rallier les Américains à son projet de mur à la frontière avec le Mexique, lors d'une allocution retransmise en direct depuis la Maison Blanche. 

"Ce soir je vous parle car nous assistons à une crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière sud", a-t-il justifié. "Quelle quantité de sang américain devra encore couler avant que le Congrès ne fasse son travail ?" a-t-il lancé au 18e jour d'un "shutdown" qui paralyse les administrations.

"Au fil des ans, des milliers d'Américains ont été brutalement tués par ceux qui sont entrés illégalement dans notre pays et des milliers d'autres vies seront perdues si nous n'agissons pas tout de suite", a-t-il ajouté, réclamant une nouvelle fois 5,7 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) pour "une barrière en acier plutôt qu'un mur en béton". Mais Donald Trump n'a finalement pas annoncé le recours au National Emergencies Act qui lui aurait permis de contourner le Congrès.

Une crise migratoire "créée de toutes pièces"

Les démocrates ont immédiatement dénoncé l'absence de main tendue de Donald Trump, l'exhortant une nouvelle fois à "rouvrir le gouvernement". "Le président doit cesser de prendre les Américains en otages, doit cesser de créer de toutes pièces une crise" migratoire et humanitaire à la frontière, a ainsi lancé le présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Depuis plus de deux semaines, quelque 800 000 fonctionnaires fédéraux sont contraints soit à rester chez eux, soit à devoir attendre la fin du blocage pour être payés, les démocrates refusant de débloquant des fonds pour un mur qu'ils jugent "immoral", coûteux et inefficace.

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Donald Trump : le bras de fer se poursuit avec les démocrates

Le projet de mur voulu par Donald Trump à la frontière avec le Mexique continue de plonger les États-Unis dans l'impasse budgétaire. 

Les démocrates à la chambre des représentants aux États-Unis prennent le pouvoir et vont au bras de fer avec Donald Trump. À la tête de cette opposition se trouve Nancy Pelosi. C'est elle qui refuse les 5,6 milliards de dollars que le président réclame pour construire le mur avec le Mexique. La dernière réunion a eu lieu mercredi 2 janvier au soir, mais ce fut un échec. Donald Trump poursuit donc le blocage des administrations. "Le shutdown durera autant de temps qu'il le faudra", a -t-il déclaré.

800 000 fonctionnaires non payés

Un quart du gouvernement fédéral est sans argent, 800 000 fonctionnaires ne sont sans payés. Les démocrates lançaient mercredi 2 janvier un appel à Donald Trump. Mais c'est une fin de non-recevoir de la part du président américain. Dans le pays, au treizième jour du shutdown les poubelles ne sont plus ramassées, notamment dans les parcs nationaux, dont beaucoup ont décidé de fermer. L'Amérique se trouve aujourd'hui dans une impasse. Donald Trump, lui, s'adresse à sa base d'électeurs avec le mur. Il utilise également un argument de poids : la somme demandée est l'équivalent de ce que dépense le pays en une journée en Afghanistan.

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États-Unis : l'énième bourde de Donald Trump à propos du père Noël

Donald Trump est à nouveau sous le feu des critiques. Le président américain s'est moqué d'un enfant de 7 ans en évoquant le père Noël.

C'est la première dame qui a supervisé toute la décoration de la Maison-Blanche aux États-Unis. Melania Trump a tenu à faire installer des sapins rouges dans les couloirs. Pour Noël, le couple présidentiel s'est adressé à la nation devant les caméras. Lundi 24 décembre, comme le veut la tradition, Donald Trump et son épouse ont appelé quelques petits Américains.

"Tu crois toujours au père Noël ?"

Melania Trump joue le jeu et indique à un enfant que le père Noël est en route, mais son mari ne fait pas dans la délicatesse auprès de Coleman, 7 ans. "Tu crois toujours au père Noël ? Parce qu'à 7 ans c'est un peu limite non ?", s'amuse Donald Trump. Les réseaux sociaux se sont enflammés et certains ont qualifié le président de "super méchant". D'autres ont préféré expliquer aux enfants que de toute façon, Donald Trump mentait tout le temps. Plusieurs parlementaires ont corrigé le tir, assurant aux petits Américains que le père Noël existait bel et bien.

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"Shutdown" aux États-Unis : les parcs nationaux sont fermés

Les premiers effets de la crise du "shutdown" commencent à se faire sentir. De nombreuses administrations ont dû fermer leurs portes.

Une simple balade aux pieds du célèbre Golden Gate à San Francisco (États-Unis) est impossible. Classé parc national, le site est fermé en raison du "shutdown", la fermeture d'un certain nombre d'administrations. Dans un parc des montagnes Rocheuses, les routes sont également fermées. Sur fond de discorde au sujet du mur à la frontière mexicaine, Donald Trump n'a pas pu faire voter le budget au Sénat. Les fonctionnaires non indispensables comme les rangers des parcs, sont renvoyés chez eux, au chômage technique et sans salaire.

La statue de la Liberté ouverte

Certains parcs, comme le mont Rushmore, restent accessibles aux risques et périls des visiteurs, car aucun service de secours n'y sera disponible. D'autres, comme les grands sites de l'Utah à l'image de Bryce Canyon restent ouverts. Le répit est le même pour la statue de la Liberté à New York. Dans ces cas-là, les gouverneurs des États ont pioché dans leur fond d'urgence pour payer le personnel. Le sapin de Noël de Washington près de la Maison-Blanche, classé monument national, est par contre, lui aussi fermé. Les sénateurs, eux, ne reviennent au congrès que jeudi 27 décembre.

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Donald Trump perd son secrétaire à la Défense

La lutte contre le terrorisme sème la zizanie aux États-Unis avec le désaccord de trop pour le chef du Pentagone. Alors que Donald Trump a annoncé le retrait des troupes américaines de Syrie, son ministre de la Défense lui a dit "au revoir".

En duplex depuis Washington (États-Unis) dans le 20 Heures de France 2, le journaliste Loïc de la Mornais revient sur la démission de Jim Mattis qui n’est pas le premier à claquer la porte. "Ce n’est pas le premier et ce ne sera sans doute pas le dernier. Il y a eu 17 départs de hautes personnalités, de responsables de premier plan de l’administration Trump depuis le début du mandat du président. C’est un record."

Une énorme erreur stratégique

Et le journaliste d’ajouter : "Mais c’est vrai que Jim Mattis est un cas à part. C’est quelqu’un d’extrêmement respecté à gauche comme à droite. Ancien général 4 étoiles, ministre de la Défense, il n’a pas supporté une fois de plus que ça soit par Tweet que Donald Trump annonce le retrait de Syrie, et pour moitié en Afghanistan. Un retrait contre lequel ce général s’est toujours battu, disant que ce serait une énorme erreur stratégique. Beaucoup d’observateurs disaient de Jim Mattis était le dernier adulte dans la pièce, voire le dernier rempart avant le chaos."

Ce vendredi, les dirigeants des vingt pays les plus industrialisés du monde se préparent à une réunion tendue en marge du G20, se tenant jusqu'à demain à Buenos Aires, en Argentine.

À quoi ressemble un sommet du G20 sous l'ère Donald Trump ?

Ce vendredi, les dirigeants des vingt pays les plus industrialisés du monde se préparent à une réunion tendue en marge du G20, se tenant jusqu'à demain à Buenos Aires, en Argentine. C'est la première fois que le sommet est organisé en Amérique du Sud. Climat et commerce international seront au centre des discussions. Un an après la première participation de Donald Trump à cette réunion internationale, les membres devront de nouveau affronter ses convictions protectionnistes et climatosceptiques.  

Le G20, qu'est ce que c'est ? 

Le G20 est un forum de coopération économique et financière, crée en 1999 pour faire face aux crises qui touchaient alors plusieurs économies émergentes. Il réunit,  une fois par an, 20 membres. 19 Etats et l’Union européenne : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie et Union européenne. À elles seules, ces vingt puissances représentent  85% du PIB mondial, deux tiers de la population mondiale et 75% du commerce mondial. 

Sous l'égide du président argentin Mauricio Macri, tous les dirigeants seront présents. Donald Trump, Xi Jinping, en passant par Vladimir Poutine, Angela Merkel, Emmanuel Macron et Theresa May. Christine Lagarde, la directrice générale de FMI (Fonds monétaire international) et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, représenteront leurs institutions. 

Depuis l'organisation du premier G20 à Washington le 15 novembre 2008, pour faire face à la crise financière mondiale, l'ordre du monde a bien changé. Le multilatéralisme a laissé place au slogan "America First", clamé par le président américain. Mais aussi au Brexit et à la montée des populismes en Europe, et plus récemment au Brésil, marqué par l'élection du président d'extrême-droite Jair Bolsonaro. 

États-Unis - Chine : le face à face 

L'un des face à face les plus attendus de ce week-end réunira les présidents des deux plus grandes puissances mondiales : Donald Trump et Xi Jinping. Si les économistes affirment qu'une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait nuire à la croissance mondiale, le président américain compte pourtant mener la vie dure à son homologue.  Dès le 1er janvier 2018, l'administration Trump relèvera ses taxes sur 200 milliards de dollars de produits chinois de 10% à 25% le 1er janvier, et menace  de taxer l'intégralité des marchandises chinoises importées aux Etats-Unis

L'entrevue entre les deux hommes d'État survient dans un contexte déjà tendu : le 18 novembre dernier, le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) avait fini dans une impasse, suite à des échanges houleux entre les représentants des deux pays. 

Donald Trump annule sa rencontre avec Vladimir Poutine

La mésentente est à son comble entre Donald Trump et Vladimir Poutine, engrenés depuis deux ans dans une affaire d'ingérence russe dans la campagne américaine de 2016. Robert Mueller, le procureur spécial chargé d'enquêter sur la possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump, fait planer un climat de tension général au dessus de la rencontre. 

Mais en marge du sommet de Buenos Aires, un sujet sensible s'invitera autour de la table des discussions russo-américaines : Avant-hier, dans la mer Noire, trois navires ukrainiens ont été saisis par la marine russe, plus de vingt marins ont été faits prisonniers, et six d’entre eux sont blessés. Si Moscou minimise l'assaut, Kiev y voir un acte d'agression militaire. 

Dans l'attente de leur restitution par la Russie, le président américain annonçait hier sur Twitter vouloir annuler la rencontre bilatérale très attendue avec son homologue russe. 

"Compte tenu du fait que les navires et les marins n'ont pas été rendus à l'Ukraine par la Russie, j'ai décidé qu'il serait mieux pour chaque partie concernée d'annuler ma rencontre initialement planifiée en Argentine avec le président Vladimir Poutine. Il me tarde d'assister à un grand sommet aussi vite que la situation sera résolue"

Un sommet sous haute-tension  

Un an après le G20 d'Hambourg, marqué par de fortes violences urbaines, l'Argentine accueille le sommet dans un contexte économique très douloureux. La troisième économie d'Amérique Latine est en effet touchée par deux crises monétaires. Cette année, le peso a perdu 50% de sa valeur face au dollar.

Pour répondre à la présence des dirigeants des pays les plus riches du monde, plusieurs manifestations sont attendues à Buenos Aires au cours du week-end. La principale aura lieu ce vendredi, en début d’après-midi, le long d'un parcours négocié entre autorités et organisateurs. Il partira du sud de la ville pour se terminer face au Congrès, à quelque cinq kilomètres de l'endroit où se trouvent les chefs d’Etat. Plus de 22 000 policiers argentins sont déployés tout ce week-end.

Les équipes de France 2 rencontré en exclusivité Bob Woodward, dans sa maison de Georgetown.

France 2 a rencontré Bob Woodward, à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage sur Donald Trump

À 75 ans, Bob Woodward est une légende du journalisme américain. C'est lui qui, avec son collègue Carl Bernstein, a fait tomber le président Richard Nixon en dévoilant le scandale du Watergate dans les pages du Washington Post. Demain sort en France son dernier ouvrage, consacré à Donald Trump. Les équipes de France 2 l'ont rencontré en exclusivité dans sa maison de Georgetown, un quartier huppé du nord-ouest de Washington.

Bob Woodward, un monument du journalisme d'investigation 

En 47 ans de carrière, Bob Woodward peut se targuer d'avoir travaillé sous neuf présidents américains. De Richard Nixon à Donald Trump, les rouages de la Maison-Blanche n'ont aucun secret pour lui. Arrivé au Washington Post en 1971, il en est aujourd'hui l'un des éditeurs associés. Dans le monde entier, le journaliste est un piliers du journalisme d'investigation. Sa couverture du scandale du Watergate, en duo avec son collègue Carl Bernstein, aura conduit à l'obtention d'un prix Pulitzer en 1973, et à la démission du président républicain Richard Nixon en aout 1974. Dans Les hommes du président (1976), un blockbuster oscarisé signé par le réaliser Alan J. Pakula, son personnage est interprété par Robert Redford.

Bob Woodward a écrit et co-écrit 19 livres ces 35 dernières années. Tous ont été des best-sellers aux États-Unis. En 2003, il remporte un deuxième prix Pulitzer, cette fois pour sa couverture des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Sept autres pix prestigieux récompensants l'excellence en matière de journaliste d'investigation lui ont été décernés au cours de sa carrière. En 2004, Robert Gates, ancien directeur de la CIA et alors futur secrétaire de la Défense, déclarait qu'il aurait aimé recruté le journaliste : "Il possède une capacité extraordinaire à amener des personnes responsables à cracher le morceau. Son habileté à les faire parler de choses dont ils ne devraient pas parler est extraordinaire et même peut-être unique". 

Peur sur la Maison-Blanche 

Bob Woodward a beau connaître la Maison-Blanche comme sa poche, il nous explique ne l'avoir jamais vue au centre d'une telle crise politique. Peur est décrit comme l'un des portraits les plus intimes du président Trump jamais publié depuis son élection le 8 novembre 2016. En s'appuyant sur son lien direct avec le président, qu'il a rencontré à plusieurs reprises avant son élection, sur des centaines d'heures d'entretiens, des notes personnelles, des dossiers et de documents confidentiels, le journaliste livre 500 pages de témoignages recueillis chez de nombreux acteurs présents à l'intérieur de la Maison-Blanche. Tous, ou presque, décrivent un chaos permanent : son ancien avocat, John M. Dowd, son secrétaire à la défense, Jim Mattis, ou encore son chef de cabinet, John F.Kelly, qui décrit la Maison-Blanche « comme un zoo avec des cages sans barreaux ». 

Bob Woodward indique avoir essayé d'interroger Donald Trump dans le cadre de l'écriture de son ouvrage, mais ajoute que celui-ci ne l'a contacté qu'à la mi-août, alors que le manuscrit était déjà achevé. 

"Peur, Trump à la Maison-Blanche" sort demain en France

Forcément dans son livre, Bob Woodward met l'accent sur les débats explosifs entre Donald Trump et son administration. Un passage du livre décrit comment, à la veille d'un bombardement contre le régime syrien, accusé d'avoir employé des armes chimiques, le président s'emporte contre Bachar Al-Assad dans une conversation téléphonique avec Jim Mattis : " Tuons-le, putain ! Allons-y ! On leur rentre dedans et on les bute ", suggère-t-il. Dans un autre, alors que Trump se demande pourquoi les Etats-Unis dépensent autant d'argent pour maintenir des troupes sur la péninsule coréenne pour surveiller les missiles, le secrétaire à la Défense considère son comportement comme étant digne de celui "d'un élève de CM2 ou de sixième" .

"Lors d'un entretien avec Trump, peu avant son élection, j'ai cité Barack Obama qui disait : le vrai pouvoir c’est de ne pas avoir à utiliser la violence. Il m’a alors répondu que pour lui, le vrai pouvoir c’est la peur. C'est de cet échange que vient le titre du livre", Bob Woodward à France 2.

"Les attaques du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008... C'est lors des grandes crises que les présidents son mis à l'épreuve. Que se passerait-il si on avait une vraie crise aujourd'hui ? Donald Trump n'a pas d'équipe, pas de stratégie et n'écoute personne", confie Bob Woodward à France 2. Peur dépeint une administration en proie au chaos, entretenue par un président qui ne comprend pas les mécanismes institutionnels essentiels au bon fonctionnement de son pays. 

Peur, Trump à la Maison Blanche, Éditions Seuil, sortie le 29 novembre 2018. 

AP Photo/Rodrigo Abd

Après des altercations entre forces de l'ordre et demandeurs d'asile, Donald Trump menace de fermer la plus grande frontière du monde

Après de violentes altercations dimanche matin à la frontière entre Tijuana (Mexique) et San Diego (Californie), l'administration Trump confirme le durcissement de sa politique migratoire en menaçant de fermer définitivement le plus grand point de passage du monde, où près de 100 000 personnes transitent chaque jour. 

Dimanche matin, quelques 500 centraméricains qui participaient à une manifestation pacifique à Tijuana, aux abords de la frontière, ont réussi à contourner la police mexicaine pour essayer de franchir le mur séparant les États-Unis et le Mexique. Les demandeurs d'asile ont finalement été repoussés par les forces de l'ordre américaines à coup de gaz lacrymogènes avant d'être arrêtés par des policiers mexicains, à l'extérieur du passage d'El Chaparral, situé à proximité du point d'entrée vers la Californie.

Des hommes, des femmes et des enfants se sont finalement résignés à se diriger de nouveau vers le centre sportif où s'abritent 5000 demandeurs d'asile issus de la caravane. Arrivés pour la plupart il y a deux semaine à Tijuana, ils ont parcouru plus de 4000 kilomètres en un peu plus d'un mois dans l'espoir de fuir la violence et la pauvreté au Honduras. La manifestation pacifique de dimanche matin avait été organisée pour exprimer leur frustration face à l’attente et les conditions de vie des migrants. Sur les pancartes confectionnées, on peut y lire "Trump nous ne te détestons pas".

En guise de réponse, la secrétaire à la sécurité intérieure Kirstjen Nielsen a déclaré dimanche que le point d'entrée était fermé "pour assurer la sécurité publique face au grand nombre de migrants cherchant à entrer illégalement aux États-Unis (...) Certains ont cherché à nuire aux gardes frontières en leur lançant des projectiles", indique-t-elle. 

AP Photo/Ramon Espinosa

Donald Trump appelle le Congrès à fermer définitivement la frontière 

Donald Trump place la lutte contre l'immigration au cœur de sa politique. En début de mois, à l'aube des élections de mi-mandat, le président américain faisait déjà part de plusieurs mesure drastiques pour contenir la caravane : fin du droit du sol, construction de "villes gigantesques" pour abriter, sous tentes, les demandeurs d'asile dont le dossier est en cours de traitement... Le président avait même suggérer que désormais, l'armée pourrait tirer à balle réelle sur ceux qui tenteraient de passer la frontière avec "agressivité" : "[Les migrants] veulent lancer des pierres sur notre armée, notre armée réplique. Nous allons considérer cela, et c'est ce que je leur ai dit, comme si c'était un fusil", avait-il déclaré devant les journalistes à la Maison Blanche, avant de revenir sur ses propos quelques jours plus tard. 

AP Photo/Greg Bull

Après les élections, Donald Trump signait un décret rejetant automatiquement les demandes d'asile déposées par des personnes entrées illégalement aux Etats-Unis. Bien que la justice ait pour l'heure bloqué cette mesure, il menace désormais de fermer totalement la très longue frontière entre les Etats-Unis et le Mexique (3 200 km) si la situation devait dégénérer. 9 000 militaires américains y sont déjà déployés.

« Le Mexique devrait ramener dans leur pays les migrants dont beaucoup sont des criminels sans scrupules. Faites-le en avion, en bus, comme vous le souhaitez, mais ils n’entreront pas aux États-Unis. Nous fermerons la frontière de façon permanente si nécessaire. Congrès, financez le MUR !  »

Un accord mexico-américain ? 

Alors que Tijuana annonce l'arrestation de 42 migrants à la suite des incidents de dimanche matin, le ministre mexicain de l'Intérieur Alfonso Navarrete a condamné cette tentative de passage jugée « violente ». « Loin d'aider la caravane, ils lui nuisent », a-t-il ajouté. La frontière à San Diego a été fermée aux voitures et aux piétons durant plusieurs heures par les autorités américaines, avant de rouvrir en fin de journée. Les autorités mexicaines se sont inquiétées de l’effet économique que pourrait avoir la fermeture d'un tel carrefour  pour le commerce et les voyageurs. Cela impliquerait durablement des pertes de plusieurs millions de dollars.

AP Photo/Ramon Espinosa

Hier, le Mexique annonçait avoir expulsé 98 migrants centraméricains ayant tenté d'entrer de force aux Etats-Unis, selon l'AFP. Désormais, Donald Trump fait pression sur les autorités mexicaines pour que les demandeurs d'asile arrivés à Tijuana restent au Mexique le temps que leurs demandes d'asile soient étudiées. Un accord en ce sens aurait été trouvé entre Andrés Manuel López Obrador, le président mexicain fraichement élu qui prendra ses fonctions le 1er décembre, et l'administration américaine.

Samedi dernier, le Washington Post annonçait, en citant la future ministre de l’Intérieur mexicaine Olga Sanchez, que le Mexique avait validé cet accord. Pour le moment démenti par le Mexique, sa confirmation serait une victoire quant à la politique migratoire exercée par Donald Trump. Le maire de Tijuana, Juan Manuel Gastlum, a déclaré vendredi une crise humanitaire dans sa ville frontalière d'1,6 million d'habitants, qui peine de plus en plus à faire face à l'afflux de migrants.

Donald Trump en meeting pour les élections de mi-mandat

Donald Trump en meeting pour les élections de mi-mandat

À la veille des élections de mi-mandat, républicains et démocrates jettent leurs dernières forces dans la campagne. Mardi 6 novembre, les Américains vont renouveler les 435 élus de la Chambre des représentants et 35 des 100 postes de sénateurs

Dans la ville d'Elko, 20 000 habitants, seul l'aéroport est assez grand pour accueillir les supporters venus de tout l'État pour le meeting de Donald Trump, et tout le monde ne pourra pas entrer. Le président est venu soutenir les candidats républicains locaux pour les élections de mi-mandat, mais c'est lui que le public attend.

Ville contre campagne 

La galvanisation des chiffres de l'économie, la critique des médias et des adversaires démocrates... Fidèle à ses habitudes, Donald Trump n'hésite pas à donner des surnoms peu flatteurs à la candidate démocrate locale au poste de sénatrice. Au Nevada (États-Unis), la lutte pour les élections sera serrée. La partie rurale votera républicains, mais la grande ville de l'État, la célèbre Las Vegas, est plutôt démocrate. Ville contre campagne, la fracture est toujours aussi forte dans l'Amérique de Donald Trump.

Reportage de Loïc de la Mornais, Thomas Donzel, Charlotte Mattout et Jeanne Bouzereau 

La relation entre les deux présidents était excellente la première année. Mais l'administration Trump cherche à travailler seule. Photo : Tatyana Zenkovich / Pool / AFP

"Emmanuel Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump"

Donald Trump se rendra à Paris à l'occasion des commémorations du 11 novembre. Mais pour Emmanuel Macron, il est temps de prendre ses distances avec le président américain. Explications avec Célia Belin, chercheuse invitée à Brookings Institution.

Quelle vision Donald Trump a-t-il de la France ?

C.B: Pour le président américain, la France est avant tout un partenaire dans la lutte anti-terroriste. À ce titre, les deux pays ont une très bonne relation. Le problème, c'est que Donald Trump a une vision beaucoup plus négative de l'Union européenne. Il a dit, à plusieurs reprises, qu'elle est une ennemie, notamment sur les questions commerciales. Sa vision de la France n'est pas donc pas entièrement positive, bien au contraire.

Emmanuel Macron s'est-il trompé en jouant la carte de la proximité avec Donald Trump ?

C.B: Quand Donald Trump a été élu, les intérêts américains et français étaient assez alignés. Il se trouve aussi que les deux hommes sont des outsiders : ils ont renversé le système de pouvoir dans leur pays. Le président Macron a donc saisi cette opportunité pour se rapprocher du président Trump, que les autres européens n'arrivaient pas vraiment à aborder. Emmanuel Macron a eu raison de tenter cette technique pendant la première année.

Aujourd'hui, le président français doit-il prendre ses distances ?

C.B: Cette relation est dans un moment intermédiaire: elle a été excellente au cours de la première année mais la France se rend compte progressivement que l'administration Trump démantèle le système multilatéral et nuit aux organisations sur lesquelles l'Europe s'appuie. Le président Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump, vers plus de distance. 

Emmanuel Macron n'a donc rien obtenu de Donald Trump...

C.B: Il a obtenu des choses ponctuelles : une bonne coordination après l'affaire Skripal [NDLR : la tentative d'assassinat d'un ancien espion russe en Angleterre] ou encore lors des attaques chimiques de Bachar el-Assad sur son peuple. Mais concernant les grands enjeux globaux, le multilatéralisme, l'évolution du lien transatlantique, le Président Macron, comme les autres chefs d'État européens, n'arrive à rien avec cette administration.

Pourquoi Donald Trump refuse-t-il l'aide du président français ?

C.B: Le président Macron cherche à construire un agenda positif. Il a, par exemple, proposé que la France et les Etats-Unis travaillent ensemble sur le défi chinois. Jusqu'à présent, l'administration américaine n'est pas intéressée. Cette dernière a vraiment une ambition unilatérale : elle cherche à travailler seule et ne s'appuie pas sur ses alliés.

Quelles stratégies la France doit-elle adopter ?

C.B: La France doit faire attention à ne pas trop se mettre en avant. Elle a besoin de jouer collectif. Les Européens sont très unis sur le commerce mais ils doivent encore beaucoup discuter au sujet de la défense et plus largement de la politique étrangère. Mais s'il faut prendre un peu de distance avec Donald Trump, il faut néanmoins continuer à travailler avec l'Amérique de long terme : les entreprises mais aussi le Congrès. La politique américaine se transforme, évolue. Il peut y avoir du changement lors des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ou peut-être en 2020 ou 2024. La France doit pouvoir miser sur une relation future.

Propos recueillis par C.L

Consultez le rapport complet (en anglais) de Célia Belin à ce sujet sur le site de Brookings Institute.