À Washington, les américains rendent un dernier hommage à George H.W. Bush

Les drapeaux sont en berne. Vendredi soir, le 41è président des États-Unis, George Bush père, décédait des suites d'une longue maladie. À 94 ans, il détenait le record du président américain le plus âgé de l'histoire. Depuis lundi soir, des milliers d'américains se succèdent et viennent lui rendre un dernier hommage dans l'enceinte du Capitole, où repose le corps de l'ancien président. Ses obsèques auront lieu cet après-midi avant un dernier hommage au Texas, fief éternel de la dynastie Bush.  

À l'extérieur du Capitole, coeur du pouvoir législatif américain, des milliers de personnes venues du monde entier patientent. Au bout des quelques heures d'attente se trouve le cercueil de George H.W. Bush, président des États-Unis de 1989 à 1993. Lundi, il avait quitté le Texas à bord de l'avion présidentiel prêté par Donald Trump, pour recevoir un premier hommage populaire, avant des obsèques nationales en la Cathédrale nationale de Washington. Affaibli par une forme de la maladie de Parkinson, George H. W. Bush se déplaçait depuis des années en fauteuil roulant.

Ce mercredi,  Donald Trump a décrété une journée de deuil national, ordonnant la fermeture des administrations fédérales. Les bourses de New York et de Chicago, qui ont observé un minute de silence lundi, resteront fermées toute la journée. 

 

Un symbole 

"Témoigner de mon respect envers un ancien président est la moindre des choses", confient Paul, de passage dans la capitale fédérale. "Je viens d'Arizona, j'avais prévu ces quelques jours de vacances à Washington depuis longtemps. À l'annonce la mort de George Bush père, j'ai su que j'irai immédiatement lui rendre hommage".

Paul est ému. "Je le respectais beaucoup. Il a fait énormément pour ce pays", explique-t-il, avant de retracer les grandes lignes d'une présidence marquante :  "C'était un excellent président, l'Histoire le montre ! Sans lui, la Guerre Froide aurait pu être dramatique pour les Etats-Unis. Il a fait du très bon travail, main dans la main avec Mikhaïl Gorbatchev. Je vous défie de trouver aujourd'hui des américains comme lui". Aviateur pendant la Seconde guerre mondiale, parlementaire, chef de la CIA et ambassadeur à l'ONU, ses quatre années à la présidence sont entre autre marquées par la première guerre du Golfe. A la tête d'une coalition de 32 pays, il chasse les troupes irakiennes de Saddam Hussein hors du Koweït lors d'une guerre de quelques semaines en 1990. C'est aussi lui qui dirigeait les Etats-Unis, quand le mur de Berlin est tombé en 1989, et que l'Union soviétique s'est effondrée en 1991.

En s'avançant dans la file, on s'aperçoit vite qu'aux États-Unis, George H.W. Bush est un symbole intergénérationnel. Preuve en est, beaucoup de jeunes, qui n'étaient pas encore nés à l'époque où il était président, on fait le déplacement. Jason, 22 ans, est un étudiant chinois fraichement diplômé de la prestigieuse George Washington University. "J'ai appris comme tout le monde le décès du président Bush. Je n'ai jamais vécu un tel moment historique". Même chose pour Julia, 8 ans, venue accompagnée de sa mère : "Un président est mort, je pense que voir le cercueil sera un moment très émouvant" confie-t-elle.

 

 

"Président du peuple"

À l'intérieur du Capitole, l'attente continue. Laurie, et son petit fils Nick, arrivent tout droit du Maryland. C'est elle qui a tenu a emmené le jeune garçon rendre un dernier hommage à l'ancien président : "C'est important qu'il vive cela. il s'en souviendra toute sa vie". Laurie, comme beaucoup, se souvient d'une "très bonne personne, en plus d'avoir été excellent président". Parmi les nombreuses anecdotes qu'elle aime raconter à Nick, il y a celle des débuts militaires de Bush père : "À 18 ans, il a été admis à Yale, mais a finalement préféré s'engager dans l'armée. Il était l'un des plus jeunes de son régiment, et avait tellement peur d'être moqué pour cette raison qu'il demandait à sa mère, qui venait lui rendre visite, de dire qu'elle était plus vieille qu'elle ne l'était afin que lui même puisse mentir sur son propre âge", raconte-elle en souriant.

"C'était un modèle pour tout le monde" continue Laurie. "Il existera toujours des gens qui n'aimeront pas Bush. Mais vous ne pouvez pas nié qu'il fut un homme profondément bon et intelligent". Sa phrase à peine terminée, il est temps pour le duo d'entrer dans la Rotonde du Capitole, où repose celui que Laurie qualifie de "président du peuple". Un lourd silence retenti. L'heure est au recueillement. Longuement, les visiteurs du monde entier s'arrêtent autour de la dépouille. Le cercueil est recouvert du drapeau américain. Avant-hier, c'est à cet endroit-même que George W. Bush et Donald Trump se sont recueillis, avant des obsèques officielles prévue ce matin.

 

Fiers d'être américains 

À la sortie de la Rotonde, l'émotion gagne les américains. "Une fois devant le cercueil, je me suis retrouvé face à toute une partie de notre Histoire", confie Tom. "Le cercueil d'Abraham Lincoln était placé au même endroit en 1865. J'ai pu ressentir toute cette Histoire qui a façonnés les États-Unis d'aujourd'hui". L'homme d'une soixantaine d'année, vétéran de la Guerre du Vietnam , a été impressionné par la forte présence de personnel militaire autour de la dépouille : "De moins en moins de vétérans se présentent aux élections présidentielles. Malheureusement, les traditions se perdent".

Adam, quant à lui, avait 1 an quand Bush père était élu président. "J'ai été élevé dans une famille démocrate. De fait, je n'ai jamais été un grand fan du clan Bush. Mais vous voyez, le monde n'a jamais été aussi divisé qu'aujourd'hui. Et je veux être fier d'être américain. Je suis ici avec des milliers de gens pour honorer un homme qui avait de grandes valeurs morales, qui s'est impliqué à changer le monde et le rendre meilleur".

Dans quelques heures, les obsèques de George H.W. Bush auront lieu en la Cathédrale nationale de Washington. Sa famille, mais également Donald et Melania Trump, Barack et Michelle Obama, et bien d'autres sont attendus. La dépouille s'envolera ensuite vers College Station, une ville du Texas, où le 41è président des États-Unis reposera auprès de sa femme Barbara, décédée en avril dernier. 

Les équipes de France 2 rencontré en exclusivité Bob Woodward, dans sa maison de Georgetown.

France 2 a rencontré Bob Woodward, à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage sur Donald Trump

À 75 ans, Bob Woodward est une légende du journalisme américain. C'est lui qui, avec son collègue Carl Bernstein, a fait tomber le président Richard Nixon en dévoilant le scandale du Watergate dans les pages du Washington Post. Demain sort en France son dernier ouvrage, consacré à Donald Trump. Les équipes de France 2 l'ont rencontré en exclusivité dans sa maison de Georgetown, un quartier huppé du nord-ouest de Washington.

Bob Woodward, un monument du journalisme d'investigation 

En 47 ans de carrière, Bob Woodward peut se targuer d'avoir travaillé sous neuf présidents américains. De Richard Nixon à Donald Trump, les rouages de la Maison-Blanche n'ont aucun secret pour lui. Arrivé au Washington Post en 1971, il en est aujourd'hui l'un des éditeurs associés. Dans le monde entier, le journaliste est un piliers du journalisme d'investigation. Sa couverture du scandale du Watergate, en duo avec son collègue Carl Bernstein, aura conduit à l'obtention d'un prix Pulitzer en 1973, et à la démission du président républicain Richard Nixon en aout 1974. Dans Les hommes du président (1976), un blockbuster oscarisé signé par le réaliser Alan J. Pakula, son personnage est interprété par Robert Redford.

Bob Woodward a écrit et co-écrit 19 livres ces 35 dernières années. Tous ont été des best-sellers aux États-Unis. En 2003, il remporte un deuxième prix Pulitzer, cette fois pour sa couverture des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Sept autres pix prestigieux récompensants l'excellence en matière de journaliste d'investigation lui ont été décernés au cours de sa carrière. En 2004, Robert Gates, ancien directeur de la CIA et alors futur secrétaire de la Défense, déclarait qu'il aurait aimé recruté le journaliste : "Il possède une capacité extraordinaire à amener des personnes responsables à cracher le morceau. Son habileté à les faire parler de choses dont ils ne devraient pas parler est extraordinaire et même peut-être unique". 

Peur sur la Maison-Blanche 

Bob Woodward a beau connaître la Maison-Blanche comme sa poche, il nous explique ne l'avoir jamais vue au centre d'une telle crise politique. Peur est décrit comme l'un des portraits les plus intimes du président Trump jamais publié depuis son élection le 8 novembre 2016. En s'appuyant sur son lien direct avec le président, qu'il a rencontré à plusieurs reprises avant son élection, sur des centaines d'heures d'entretiens, des notes personnelles, des dossiers et de documents confidentiels, le journaliste livre 500 pages de témoignages recueillis chez de nombreux acteurs présents à l'intérieur de la Maison-Blanche. Tous, ou presque, décrivent un chaos permanent : son ancien avocat, John M. Dowd, son secrétaire à la défense, Jim Mattis, ou encore son chef de cabinet, John F.Kelly, qui décrit la Maison-Blanche « comme un zoo avec des cages sans barreaux ». 

Bob Woodward indique avoir essayé d'interroger Donald Trump dans le cadre de l'écriture de son ouvrage, mais ajoute que celui-ci ne l'a contacté qu'à la mi-août, alors que le manuscrit était déjà achevé. 

"Peur, Trump à la Maison-Blanche" sort demain en France

Forcément dans son livre, Bob Woodward met l'accent sur les débats explosifs entre Donald Trump et son administration. Un passage du livre décrit comment, à la veille d'un bombardement contre le régime syrien, accusé d'avoir employé des armes chimiques, le président s'emporte contre Bachar Al-Assad dans une conversation téléphonique avec Jim Mattis : " Tuons-le, putain ! Allons-y ! On leur rentre dedans et on les bute ", suggère-t-il. Dans un autre, alors que Trump se demande pourquoi les Etats-Unis dépensent autant d'argent pour maintenir des troupes sur la péninsule coréenne pour surveiller les missiles, le secrétaire à la Défense considère son comportement comme étant digne de celui "d'un élève de CM2 ou de sixième" .

"Lors d'un entretien avec Trump, peu avant son élection, j'ai cité Barack Obama qui disait : le vrai pouvoir c’est de ne pas avoir à utiliser la violence. Il m’a alors répondu que pour lui, le vrai pouvoir c’est la peur. C'est de cet échange que vient le titre du livre", Bob Woodward à France 2.

"Les attaques du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008... C'est lors des grandes crises que les présidents son mis à l'épreuve. Que se passerait-il si on avait une vraie crise aujourd'hui ? Donald Trump n'a pas d'équipe, pas de stratégie et n'écoute personne", confie Bob Woodward à France 2. Peur dépeint une administration en proie au chaos, entretenue par un président qui ne comprend pas les mécanismes institutionnels essentiels au bon fonctionnement de son pays. 

Peur, Trump à la Maison Blanche, Éditions Seuil, sortie le 29 novembre 2018. 

Les élections de mi-mandat ont lieu le 6 novembre. Le nombre de femmes candidates n'a jamais été aussi élevé. Photo : Pixabay

Midterms: une vague rose déferle sur le Congrès américain

C'est un record. 529 femmes ont présenté leur candidature pour accéder au Congrès, en novembre prochain, à l'occasion des élections de mi-mandat. 260 d'entre elles sont encore en lice. Cette vague rose (pink wave) survient après une année marquée par le mouvement Me Too et la défiance envers Donald Trump. Cinq candidates démocrates à connaître.

Alexandria Ocasio-Cortez

Cette candidate de 29 ans a gagné la primaire démocrate de la quatorzième circonscription de New York. Une véritable surprise pour les médias. Car la jeune activiste a battu Joseph Crowley, un baron du parti. Originaire du Bronx, Alexandria Ocasio-Cortez fait campagne résolument à gauche, en misant sur ses origines et sa volonté de défendre la classe ouvrière. Si elle a étudié l'économie et les relations internationales, elle était encore serveuse dans un bar à cocktails de Manhattan il y a quelques mois.

Rashida Tlaib

Rashida Tlaib, 42 ans, a remporté la primaire de son parti dans la treizième circonscription du Michigan. Sans candidat républicain en face d'elle, la progressiste sera donc élue. Fille d'immigrés palestiniens, Rachida Tlaib sera surtout la première femme musulmane à entrer au Congrès. Cette ancienne avocate, originaire de Détroit, a été élue à la Chambre des Représentants de l'État du Michigan en 2008. Elle a fait parler d'elle en 2016 en se faisant expulser d'un meeting de Donald Trump.

Debra Haaland

A 58 ans, Debra Haaland fait partie des neuf amérindiennes qui briguent un mandat. La démocrate présente sa candidature pour le premier district du Nouveau-Mexique. Née à Winslow (Arizona) et membre de la tribu Pueblo of Laguna (Nouveau-Mexique), Deb Haaland a combattu l'alcoolisme et les problèmes financiers avant de se lancer dans la politique. Elle milite notamment pour l'accès aux soins de santé et à l'université. Elle-même rembourse encore son prêt qui a lui permis de financer des études de droit.

Ilhan Omar

Issue d'une famille somalienne, Ilhan Omar, 36 ans, est candidate pour représenter le cinquième district du Minnesota. Elle est arrivée aux États-Unis à l'âge de 12 ans, après avoir vécu quatre ans au Kenya dans des camps de réfugiés. Diplômée en politiques internationales, Ilhan Omar est la première Américano-Somalienne à avoir été élue à la législature d’un État. Elle travaille pour Women Organizing Women Network, une association qui aide les femmes d'Afrique de l'Est à prendre des responsabilités.

Sharice Davids

Sharice Davids, 38 ans, est candidate pour la troisième circonscription du Kansas. Elle pourrait devenir la première personne LGBT à représenter cet État.  Avocate et ancienne championne d'arts martiaux mixtes (MMA), Sharice Davids est issue de la Nation Ho-Chunk du Wisconsin. Élevée par une mère célibataire et militaire, elle a été la première de sa famille à accéder à l'université. Si la démocrate est élue, elle veut notamment faciliter l'accès aux études supérieures.

C.L

La relation entre les deux présidents était excellente la première année. Mais l'administration Trump cherche à travailler seule. Photo : Tatyana Zenkovich / Pool / AFP

"Emmanuel Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump"

Donald Trump se rendra à Paris à l'occasion des commémorations du 11 novembre. Mais pour Emmanuel Macron, il est temps de prendre ses distances avec le président américain. Explications avec Célia Belin, chercheuse invitée à Brookings Institution.

Quelle vision Donald Trump a-t-il de la France ?

C.B: Pour le président américain, la France est avant tout un partenaire dans la lutte anti-terroriste. À ce titre, les deux pays ont une très bonne relation. Le problème, c'est que Donald Trump a une vision beaucoup plus négative de l'Union européenne. Il a dit, à plusieurs reprises, qu'elle est une ennemie, notamment sur les questions commerciales. Sa vision de la France n'est pas donc pas entièrement positive, bien au contraire.

Emmanuel Macron s'est-il trompé en jouant la carte de la proximité avec Donald Trump ?

C.B: Quand Donald Trump a été élu, les intérêts américains et français étaient assez alignés. Il se trouve aussi que les deux hommes sont des outsiders : ils ont renversé le système de pouvoir dans leur pays. Le président Macron a donc saisi cette opportunité pour se rapprocher du président Trump, que les autres européens n'arrivaient pas vraiment à aborder. Emmanuel Macron a eu raison de tenter cette technique pendant la première année.

Aujourd'hui, le président français doit-il prendre ses distances ?

C.B: Cette relation est dans un moment intermédiaire: elle a été excellente au cours de la première année mais la France se rend compte progressivement que l'administration Trump démantèle le système multilatéral et nuit aux organisations sur lesquelles l'Europe s'appuie. Le président Macron doit réévaluer sa relation aux États-Unis et à Donald Trump, vers plus de distance. 

Emmanuel Macron n'a donc rien obtenu de Donald Trump...

C.B: Il a obtenu des choses ponctuelles : une bonne coordination après l'affaire Skripal [NDLR : la tentative d'assassinat d'un ancien espion russe en Angleterre] ou encore lors des attaques chimiques de Bachar el-Assad sur son peuple. Mais concernant les grands enjeux globaux, le multilatéralisme, l'évolution du lien transatlantique, le Président Macron, comme les autres chefs d'État européens, n'arrive à rien avec cette administration.

Pourquoi Donald Trump refuse-t-il l'aide du président français ?

C.B: Le président Macron cherche à construire un agenda positif. Il a, par exemple, proposé que la France et les Etats-Unis travaillent ensemble sur le défi chinois. Jusqu'à présent, l'administration américaine n'est pas intéressée. Cette dernière a vraiment une ambition unilatérale : elle cherche à travailler seule et ne s'appuie pas sur ses alliés.

Quelles stratégies la France doit-elle adopter ?

C.B: La France doit faire attention à ne pas trop se mettre en avant. Elle a besoin de jouer collectif. Les Européens sont très unis sur le commerce mais ils doivent encore beaucoup discuter au sujet de la défense et plus largement de la politique étrangère. Mais s'il faut prendre un peu de distance avec Donald Trump, il faut néanmoins continuer à travailler avec l'Amérique de long terme : les entreprises mais aussi le Congrès. La politique américaine se transforme, évolue. Il peut y avoir du changement lors des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ou peut-être en 2020 ou 2024. La France doit pouvoir miser sur une relation future.

Propos recueillis par C.L

Consultez le rapport complet (en anglais) de Célia Belin à ce sujet sur le site de Brookings Institute.

"Les experts disent de Trump qu'il présente des troubles de la personnalité d'ordre narcissique." Photo : Gage Skidmore

"Trump est imprévisible car il n'écoute que ses impulsions"

Après avoir vécu plusieurs années à Washington, Laurence Nardon dirige le programme Amérique du Nord de l'Ifri (Institut français des relations internationales). Dans son livre Les États-Unis de Trump en 100 questions, à paraître le 18 octobre, la chercheuse décrypte les évolutions récentes du pays et la politique du Président. Entretien.

Le nom de Donald Trump revient fréquemment dans la presse, sur les réseaux sociaux ou dans les discussions. Comment l'expliquez-vous ?

L.N : La personnalité de Trump est hors-norme. Les experts disent de lui qu'il présente des troubles de la personnalité d'ordre narcissique. C'est quelqu'un qui n'a pas vraiment dépassé le stade de l'enfance dans lequel on pense que tout tourne autour de soi. Trump est donc extrêmement impulsif et agressif. Il n'a pas de filtres sociaux. Il est aussi susceptible et veut être aimé. C'est pour cette raison qu'il est toujours très séducteur et aimable avec les chefs d'État étrangers qui le rencontrent même si, la veille ou le lendemain, il envoie des tweets insultants à leur égard. Au final, il est fondamentalement imprévisible car il n'écoute que ses impulsions.

Comment, avec cette personnalité, a-t-il pu arriver à la Maison-Blanche ?

L.N : Cela ne l'empêche pas d'être malin et intelligent. Son passé de promoteur immobilier à New York l'a armé pour faire des coups, être tactique et savoir négocier de manière assez brutale. Au-delà de sa personnalité, il y a aussi ses idées politiques. Il ne faut pas se leurrer : en France, on dirait qu'elles sont d'extrême-droite. Trump est pour la fermeture des frontières à l'immigration et au libre-échange. Sa politique étrangère est également un peu musclée.

Des idées politiques qui ont trouvé un écho...

L.N : Entre les élites et les minorités ethniques très pauvres, les classes moyennes se sentent trahies et abandonnées depuis des décennies. Leurs usines ont fermé à causes des accords de libre-échange, la crise de 2007 est passée par là, etc. Quant à la classe moyenne blanche, elle s'inquiète d'une évolution démographique qui va faire d'elle une minorité d'ici 2040. Ces personnes ont donc véritablement vu Trump comme un sauveur.

Après deux ans, son électorat reste-t-il satisfait ?

L.N : À la veille des élections de novembre, Trump s'est montré très efficace vis-à-vis de son électorat. Pour les populistes, il a tenu sa promesse anti-immigration avec le mur en construction à la frontière du Mexique et le Muslim Ban [NDLR: un décret qui suspend l'entrée sur le territoire des citoyens de sept pays à majorité musulmane]. Il a également renégocié les accords de libre-échange avec le Mexique et le Canada. Le Président a aussi tenu ses promesses envers une autre partie de son électorat : les conservateurs chrétiens, extrêmement rétrogrades sur les questions de moeurs. Ces derniers ont voté pour Trump car il s'est engagé à nommer des juges très conservateurs à tous les étages de la pyramide judiciaire. Il a effectivement fait nommer Brett Kavanaugh et Neil Gorsuch à la Cour suprême.

Son électorat pourrait pourtant se détacher de lui à cause de ses impulsions et ses affaires...

L.N : Que Trump soit un monstre, ce n'est pas grave pour les conservateurs tant qu'il tient ses promesses. Les  populistes ont un autre raisonnement. À chaque fois que Trump dit une horreur, cet électorat n'en est que plus persuadé qu'il est de leur côté. Pour eux, ce sont des transgressions des codes. 

Peut-on envisager la réélection de Trump en 2020 ?

L.N : Absolument, d'autant plus que côté démocrates, il ne se passe pas grand chose... Ce parti est divisé entre les centristes modérés — portés par Hillary Clinton en 2016 — qui proposent une politique économique libérale et un autre courant — porté par Bernie Sanders en 2016 — qui propose des réformes beaucoup plus à gauche et très radicales pour les États-Unis. Le parti n'est pas prêt pour porter un seul candidat en 2020.

Quid des élections de mi-mandat ?

L.N : Les démocrates prédissent un raz-de-marrée en leur faveur. Mais je n'en suis pas si sûre... Il est probable qu'ils gagnent la majorité à la Chambre des Représentants; au Sénat, sans doute pas.

Propos recueillis par C.L

En bref

L'arrivée d'un populiste à la Maison-Blanche n'est pas un accident, mais le résultat d'années de creusement des inégalités sociales et de transformations de la société américaine. Républicains et démocrates ont encouragé une libéralisation économique et financière excessive, tandis que les élites progressistes se sont concentrées sur les minorités, négligeant les inquiétudes d'une Amérique blanche vouée à devenir minoritaire. En conséquence, Donald Trump est devenu son champion. Son style imprévisible et transgressif tout comme son projet américano-centré bouleversent les règles des relations internationales. De Paris à Téhéran, en passant par Pyongyang, Moscou et Jérusalem, l'ensemble du monde est affecté par cette présidence hors-norme. Après Trump, une autre Amérique peut-elle émerger ? Laurence Nardon décrypte en 100 clés essentielles les évolutions politiques, sociales et culturelles récentes des États-Unis et interroge le rôle et l'avenir de la puissance américaine.

Les États-Unis de Trump en 100 questions, Tallandier, 16,50 €

Michelle Obama est en tournée pour inciter à voter. Photo : capture d'écran

Michelle Obama : le recours des démocrates ?

L'affaire Brett Kavanaugh est une affaire de plus sous la présidence de Donald Trump. Toutefois, à cinq semaines des élections de mi-mandat, la confiance est assez relative côté démocrates. De son côté, Michelle Obama est en tournée pour inciter les Américains à voter.

L'inquiétude est palpable du côté de l'opposition américaine. Barack Obama l'a affirmé encore au Danemark, vendredi 28 septembre, imitée par l'ex-First Lady, Michelle Obama. Entend-elle motiver les Américains ? "Aujourd'hui, il n'y a pas, au sein du Parti démocrate, d'étoile montante ou de personne ayant suffisamment d'envergure nationale pour incarner à elle seule l'opposition à Donald Trump. Alors, le Parti démocrate s'est tourné vers la légende vivante, celle dont la cote de popularité est toujours au firmament : Michelle Obama", explique le journaliste Loïc de La Mornais. "Elle est en tournée en ce moment aux États-Unis et est en train d'écrire un livre de confessions et de discussions avec les Américains", ajoute-t-il. A-t-elle quelque chose derrière la tête ?

L'incarnation de l'espoir démocrate

Elle arrive sur scène, tenue décontractée, voulant coller à son image de femme simple et accessible. Pourtant, la tournée de Michelle Obama a tout de celle d'une rockstar. Des dizaines de dates à travers le pays, des foules en délire. Officiellement, elle n'est plus rien, et pourtant, elle incarne un espoir. Michelle Obama est en mission commandée. Mobiliser l'Amérique silencieuse et surtout la jeunesse qui vote peu contre Donald Trump, même si elle ne prononce jamais son nom. Le public, jeune, largement acquis à sa cause, a bien reçu le message.

Une popularité gagnée à Washington, quand elle chantait du rap sur les pelouses de la Maison-Blanche pour inciter les jeunes à faire des études. Aussi à l'aise dans les shows télévisés qu'investie politiquement. De quoi se poser la question : et si c'était maintenant elle qui ambitionnait un destin présidentiel ? Michelle Obama a déjà dit publiquement qu'elle ne voudrait pas être candidate, mais elle sait qu'en politique, il ne faut jamais dire jamais.

Reportage de Loïc de la Mornais, Thomas Donzel, Arielle Monange, Charlotte Mattout et Constance Longobardi  

Le juge Brett Kavanaugh fait face à deux accusations d'inconduite sexuelle. Photo AFP

Brett Kavanaugh, un magistrat dans la tourmente

Sur le point d'accéder à la Cour suprême, le juge conservateur Brett Kavanaugh voit sa nomination plus que jamais mise en danger. Cinq réponses à vos questions.

Qu'est-ce que la Cour suprême ?

C'est la plus haute autorité judiciaire aux Etats-Unis. Elle examine des décisions, des textes de loi ou des décrets présidentiels, le plus souvent en dernier recours. Ses jugements sont sans appel. Neuf juges y sont nommés à vie. Ils modèlent donc la société américaine à long terme.

Qui est Brett Kavanaugh ?

Brett Kavanaugh, 53 ans, est un juge aux valeurs profondément conservatrices. Donald Trump l'a nommé à la Cour suprême, en juillet dernier, après l'annonce du départ d'Anthony Kennedy. Ce choix doit encore être confirmé par le Sénat.

Pourquoi le calendrier du vote inquiète-t-il les deux partis ?

Le vote doit avoir lieu avant les élections de mi-mandat, qui pourraient bouleverser le paysage politique. Si les Républicains perdent leur majorité au Congrès, ils auraient des difficultés à faire confirmer la nomination de Brett Kavanaugh. Ils espèrent ainsi que le vote ait bien lieu avant le 6 novembre prochain. Au contraire, les Démocrates, qui redoutent l'arrivée de ce juge conservateur et catholique, veulent ralentir la procédure.

Pourquoi les médias américains s'enflamment-ils ?

Depuis le mois de septembre, Brett Kavanaugh fait face à deux accusations d'inconduite sexuelle, qu'il dément vigoureusement. Dans un témoignage paru dans le Washington Post, Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, explique que, dans les années 1980, Brett Kavanaugh et un ami, ivres, l'ont plaquée sur un lit et cherché à la déshabiller, avant qu'elle ne parvienne à s'enfuir. Elle avait 15 ans, Brett Kavanaugh 17. L'enseignante sera auditionnée jeudi 27 septembre par le Sénat.

Deborah Ramirez, 53 ans, s'est de son côté exprimée dans le New Yorker. Elle raconte que le magistrat, alors étudiant à Yale, a sorti son sexe devant elle, la contraignant à le toucher. "Les gens qui me connaissaient alors savent que cela ne s'est pas produit et l'ont dit. Ceci est du dénigrement pur et simple", a réagi Brett Kavanaugh dans un communiqué.

Et Trump alors ?

Pour le Président, les accusations contre Brett Kavanaugh son "totalement politiques". Sur Twitter, Donald Trump affirme son soutien au juge avant de s'attaquer à Christine Blasey Ford.

"Le juge Brett Kavanaugh est un homme bien, à la réputation impeccable, qui est agressé par les politiciens de l'extrême gauche qui ne veulent pas de réponses, ils veulent juste détruire et retarder. Les faits ne comptent pas. Je vis ça avec eux chaque jour à Washington D.C."

"Je n'ai aucun doute que, si l'agression du Dr Ford avait été aussi grave qu'elle le dit, une plainte aurait immédiatement été déposée auprès des Forces de l'Ordre Locales par elle ou ses parents aimants. Je demande à ce qu'elle présente ces documents pour que nous puissions avoir une date, une heure, et un lieu!"

En réaction, l'actrice Alyssa Milano a lancé le hashtag #WhyIDidntReport (Pourquoi je n'ai pas porté plainte), repris des milliers de fois. Les internautes détaillent les raisons qui les ont poussées à se taire alors qu'elles ont été victimes de violences sexuelles.

C.L

Donald Trump évoque une "trahison" après la publication d'une tribune d'un haut responsable de son administration dans le New York Times. Photo : Reuters/Leah Millis

"La tribune du New York Times pose des problèmes éthiques et démocratiques"

Dans une tribune parue mercredi dans le New York Times, un haut fonctionnaire de l'administration Trump décrit, sous couvert d'anonymat, un président instable et amoral. Et annonce "faire de la résistance". Explications avec Célia Belin, chercheuse invitée à Brookings Institution.

Pourquoi cette tribune est-elle exceptionnelle ?

C.B : L'auteur désavoue, de manière anonyme, la personne pour laquelle il choisit de continuer de travailler. En général, on le fait en démissionnant ou lorsqu'on est remercié.

Quelles sont les motivations de l'auteur ?

C.B : Il y a les motivations qu'il essaie de donner dans sa tribune : faire une résistance interne au président, auquel il ne fait pas confiance, et éviter le pire en contrôlant ses actions. Le problème, ce sont les motifs cachés d'une soi-disant résistance qui éprouve le besoin de devenir publique.

Quels seraient ces motifs cachés ?

C.B : L'explication la plus simple, hypothétique à ce stade, consiste à dire que cette personne a choisi de travailler pour Donald Trump, a constaté tous ces dysfonctionnements et se dit que plus tard, elle aura à en répondre. Elle écrit maintenant afin de protéger son avenir politique ou simplement sa crédibilité. Dans deux ou trois ans, elle pourra dire : "Vous voyez : j'ai travaillé de l'intérieur. C'est moi qui ai écrit cette tribune !" C'est un collaborateur qui se fait passer pour un résistant ou, en tout cas, qui pense qu'on peut collaborer et résister en même temps.

Cette démarche est donc discutable...

C.B : Elle pose des problèmes éthiques et démocratiques. C'est ce que le journaliste Bob Woodward [NDLR : auteur du livre Fear] appelle le "coup d'état administratif". Si tous ces gens sont persuadés qu'il y a un risque pour la nation, on se demande pourquoi ils n'en parlent pas publiquement. La seule explication serait de dire qu'ils n'obtiendraient pas d'auditions au Congrès car ce dernier protège le président.

Finalement, que penser de cette tribune ?

C.B : Je trouve qu'elle est relativement mesquine et pas particulièrement courageuse. Soit le président a été élu et doit être amené à gouverner car il n'y a pas de raison de lui mettre des bâtons dans les roues ; soit il fait des abus de pouvoir, a une maladie mentale ou je ne sais quelle autre raison qui pourrait l'empêcher d'être un bon président. A ce moment, il faut le dénoncer et utiliser le 25e amendement ou une procédure de destitution. Cet étalage public est une des marques du dysfonctionnement profond de la Maison-Blanche.

Donald Trump a accusé l'auteur de la tribune de "trahison". A quoi peut-on s'attendre dans les prochains jours ?

C.B: Le risque, c'est que Donald Trump se recentre encore plus sur un cercle de personnes loyales. Ce sera beaucoup plus dur de dire "Non, je ne suis pas d'accord M. le président." L'auteur a piégé tous ceux qui font partie de la "résistance".

Propos recueillis par C.L

Les funérailles de John McCain ont eu lieu à la cathédrale nationale de Washington. Photo : Reuters/Chris Wattie

John McCain: des obsèques anti-Trump

Les funérailles nationales de John McCain ont été célébrées à Washington samedi 1er septembre.

L'hommage debout d'une nation pour accueillir son cercueil. L'Amérique rassemblée avec une image symbole : trois présidents, Obama, Bush et Clinton assis côte à côte. C'est la fille de John McCain qui va émouvoir l'assemblée. "Ce n'est pas la prison, ni la marine, ni le sénat, ni le parti républicain, ni même ce qu'il a fait dans sa vie extraordinaire qui définit John McCain. Ce qui le définit, c'est l'amour". Devant sa mère et ses six frères et sœurs, devant les politiques et devant la fille de Donald Trump, elle attaque alors le slogan du président absent . "L'Amérique de John McCain n'a pas besoin qu'on lui rende sa grandeur, car l'Amérique a toujours été grande."

"Un mélange de courage et d'honnêteté"

Des funérailles pendant lesquelles les messages politiques se lisaient entre les lignes des oraisons funèbres. Barack Obama s'est implicitement adressé au président Trump : "La meilleure façon de rendre hommage à John McCain, c'est de reconnaître qu'il y a a quelque chose de plus important que le parti, plus important que l'ambition, plus important que l'argent, la célébrité ou le pouvoir." Comme Barack Obama, George Bush avait battu John McCain aux élections. Lui aussi rend hommage à ses valeurs : "Il était un mélange de courage et d'honnêteté." En héros, le sénateur sera inhumé demain au cimetière de l'académie navale, près de Washington.

Reportage d'Agnès Vahramian, Fabien Fougère et Charlotte Mattout

Donald Trump s’entretenant par téléphone avec le président mexicain Enrique Pena Nieto au sujet du nouvel accord commercial entre les Etats-Unis et le Mexique. Photo: AFP / Mandel Ngan

Désaccords autour de l’Aléna, ce traité de libre-échange que Trump veut renégocier

Alors que les États-Unis et le Mexique viennent de conclure un nouvel accord commercial, c’est au tour du Canada de renégocier l’Aléna avec le président américain. Retour sur les points de blocage.

D’abord quelques chiffres : les échanges commerciaux entre les États-Unis, le Mexique et le Canada représentent un peu plus de 1 000 milliards de dollars (environ 850 milliards d'euros) par an. Depuis l’entrée en vigueur de l’Aléna en 1994, les accords commerciaux entre les trois pays ont triplé ; les droits de douane ont même été totalement supprimés en 2008.

Mais selon un rapport du Congrès américain, l’accord a eu peu d’impact sur l’économie américaine : les échanges entre les trois pays auraient entraîné une augmentation de 0,5% du PIB américain. Des résultats économiques peu convaincants pour Donald Trump qui accuse les deux pays de dumping social, creusant le déficit commercial des États-Unis.

Les retombées pour l’emploi difficiles à évaluer

C’est sans doute le principal sujet de crispation chez les Américains : l’Aléna a-t-il favorisé ou non la création d’emplois aux Etats-Unis ? Officiellement, il aurait créé quarante millions d’emplois dont vingt-cinq millions aux Etats-Unis. Mais le rapport du Congrès américain fait état de 600 000 suppressions d’emplois, principalement dans le secteur secondaire, depuis son entrée en vigueur. Selon le think tank Economic Policy Institute, les pertes d’emplois du fait de délocalisations s’élèveraient même à plus de 800 000. Il est toutefois difficile d'établir que la cause soit à imputer uniquement au traité de libre-échange.

Les règles autour de l’industrie automobile, une "catastrophe" pour Trump

Le président américain considère que l’entrée en vigueur du traité, il y a plus de cinquante ans, était une catastrophe pour les salariés américains, en particulier pour ceux du secteur automobile. Soutenant des mesures économiques davantage protectionnistes, Donald Trump a multiplié les menaces à l’égard de constructeurs américains comme Ford qui avait dû, dans un premier temps, renoncer à l’ouverture d’une usine au Mexique. Mais la sortie de l’Aléna pourrait provoquer la suppression de 50 000 emplois dans l’industrie automobile. Si les détails concernant ce nouvel accord ne sont pas encore connus, celui-ci prévoirait une augmentation des pièces détachées d’origine américaine et régionale pour les véhicules assemblés au Mexique.

La clause "Sunset"

Afin de réévaluer de manière permanente le nouvel accord trilatéral commercial, les États-Unis souhaitent instaurer une mesure qui permettrait, au bout de cinq ans, de mettre un terme à l’Aléna à moins que les trois pays se mettent d’accord pour sa prolongation. Une clause jugée "insensée" par le Premier ministre canadien Justin Trudeau puisqu’elle nuirait aux investissements à long terme du Canada.

Le prise en compte de l’environnement

Le Canada veut profiter de cette renégociation du traité commercial pour y inclure certaines mesures environnementales. Pour la ministre canadienne des affaires étrangères, Chrystia Freeland, cette nouvelle version devra s'assurer "qu'aucun État-membre de l'Aléna ne puisse réduire la protection de l'environnement en vue d'attirer les investissements" et que tous "multiplient leurs efforts pour s'attaquer aux changements climatiques". Pour le moment, Washington ne s’est pas montré prêt à adopter ces deux mesures.

H.G