États-Unis : polémique sur les enfants d’immigrés

Donald Trump a mis fin à une directive qui jusque-là permettait à des parents sans-papiers avec enfants nés sur le sol américain de ne pas être expulsés. Des familles vivent dans la crainte.

Voilà ce que redoutent des dizaines de familles aux États-Unis : que les services de l’immigration débarquent un beau matin. 211 000 expulsions ont déjà été menées depuis l’élection de Donald Trump. Un chiffre en augmentation par rapport à la période de Barack Obama. Différence notable : désormais, on n’hésite plus à séparer les familles, à qualifier les illégaux de criminels.

Vivre avec la peur

Alors pour beaucoup, les réveils sont de plus en plus difficiles depuis l’élection du nouveau président. Comme pour cette petite fille de 8 ans : "Je me sens bien avec maman, mais en même temps j’ai très peur." Elle vit la peur au ventre de se retrouver séparée de sa maman. L’une et l’autre n’ont pas le même statut : la petite, née aux États-Unis, est américaine, la mère est sans-papiers et considérée comme expulsable. Brenda est arrivée illégalement aux États-Unis il y a 23 ans. Depuis, elle travaille dans la restauration où jamais personne ne lui a jamais demandé de justifier de son statut. D’ailleurs, elle paye même chaque année ses impôts. Mais les directives Trump sur l’immigration sont implacables. Pour elle, un rêve s’écroule.

Reportage de Jacques Cardoze, Laurent Desbois, Régis Massini et Arielle Monange

Donald Trump, Richard Nixon : la multiplication des comparaisons

Depuis le début de l’enquête Mueller sur l’ingérence russe dans les élections américaines, les comparaisons entre Donald Trump et l’ancien président Richard Nixon se multiplient. Les parallèles entre les deux présidents américains sont en effet extraordinaires. Pour plusieurs experts, ces nombreuses similitudes soulèvent une question essentielle : les accusations de collusion avec la Russie et d’entrave à la justice contre Donald Trump pourrons-t-elle faire tomber le président américain comme le scandale du Watergate avait pu pousser Richard Nixon à la démission?

"Laissez les autres passer leur temps à s'occuper des petites choses obscures, faibles, insignifiantes et vicieuses. Nous avons passé notre temps et nous allons passer notre temps à construire un monde meilleur. La nation ne (devrait) pas se souvenir seulement des petites choses indécentes qui semblent nous obséder à un moment où le monde passe", affirmait Richard Nixon en 1973 en réponse aux accusations de la presse au plus fort de l'enquête du Watergate.

Ces propos rappellent étrangement le discours que tient Donald Trump depuis son entrée en campagne à l’été 2015. Depuis le début des investigations de Robert Mueller, ancien directeur du FBI et actuel procureur spécial chargé de superviser l’enquête sur les possibles liens entre le gouvernement russe et la campagne présidentielle de Donald Trump, l’actuel président américain, comme Richard Nixon en son temps, tente de minimiser l'importance de l’enquête dont il fait l’objet et de la transformer en attaque personnelle.

Plusieurs experts observent d’ailleurs une série de similitudes entre les deux hommes, qui ont entretenu une correspondance dans les années 1980. Déjà à l’époque, Richard Nixon voyait en l’homme d’affaires new-yorkais un futur président. "Cher Donald, je n'ai pas vu le programme mais Mme Nixon m'a dit que vous étiez génial dans le 'Donahue Show', écrit Nixon dans une lettre du 21 décembre 1987. Comme vous pouvez l'imaginer, elle est experte en politique et elle prédit que dès que vous déciderez de vous porter candidat, vous gagnerez !"

Des relations conflictuelles avec les médias

Comme son prédécesseur, le prescient Trump entretient une relation conflictuelle avec la presse. Pendant le scandale du Watergate, l'hostilité de Nixon envers la presse augmentait de jour en jour. Les médias, eux, encouragés par ces agressions, n’hésitaient pas à répliquer et à attaquer le président. Comme l'avait alors déclaré un journaliste au New York Times, "le président a déclaré la guerre et la guerre est en cours". Une guerre médiatique qui ressemble beaucoup aux affrontements répétés entre Donald Trump et la presse américaine, qu’il accuse de promouvoir de fausses nouvelles.

Face à ses attaques, les deux présidents ont pu compter sur un soutien inconditionnel de la majorité du parti républicain. Dans le cas de Nixon, le parti n’a accepté de retirer son soutien au président seulement lorsque les bandes des enregistrements de conversations incriminantes entre Nixon et ses conseillers dans le bureau ovale ont été rendues publiques. Si Donald Trump n’a pas encore été accusé formellement, ce dernier jouit lui aussi depuis le début de sa campagne, d’un soutien presque inconditionnel du parti républicain, malgré les avancées de l’enquête.

Entraves à la justice

Autre point de concordance, le rapport des deux présidents avec les autorités judiciaires chargées d’enquêter sur ces derniers.

En 1973, en plein cœur du Watergate, Nixon, qui avait refusé de livrer les enregistrements sonores du bureau ovale, ordonne l’éviction d’Archibald Cox, procureur spécial délégué à l’affaire du Watergate, ainsi que la dissolution de son équipe dans ce qui allait devenir le "massacre du samedi soir". Ce renvoi s’ajoute alors à la liste des fautes politiques et constitutionnelles de Nixon, considérées par le comité judiciaire de la chambre des représentants comme des entraves à la justice, un abus de pouvoir et un mépris du Congrès.

De son côté, Donald Trump, dont les capacités de provocation ne sont plus à prouver, a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait le renvoi du procureur spécial Robert Mueller chargé de l’enquête sur les ingérences russes. Bien que les médias spéculent sur la manière dont chaque nouvel élément de l’enquête pourrait conduire à une procédure de destitution, Donald Trump n’a pas encore été  accusé  d’obstruction à la justice.

Affaiblir la démocratie américaine

En mettant sur écoute le parti démocrate durant la campagne électorale de 1972, Richard Nixon et son équipe ont ébranlé le système démocratique des États-Unis. C’est précisément ce qui est reproché à la Russie dans l’enquête qui vise son ingérence dans la campagne électorale américaine.

Interrogés par CNN le 28 février dernier, les journalistes Carl Bernstein et Bob Woodward, récipiendaires du prix Pulitzer en 1973 pour leur enquête et les révélations sur l’affaire du Watergate dans le Washington Post en 1972 l’affirment: "Le Watergate constitue une tentative de Richard Nixon de saper le système électoral des États-Unis. Ce que les Russes ont essayé de faire (en 2016) était de déterminer le résultat d'une élection américaine, d'affecter une élection américaine. Donc dans les deux cas, assez ironiquement, vous avez les mêmes allégations. "

Deux hommes, deux styles très différents

Si les deux présidents ont des points communs évidents, plusieurs experts soulignent les différences dans leur style et dans leur exercice du pouvoir.

Dans une tribune publiée par le Los Angeles Times, David Rothkopf explique quelques différences entre les deux présidents. "Nixon a menti ; Trump ment pathologiquement. Les vérificateurs de faits ont relevé plus de 2 000 mensonges au cours de sa première année au pouvoir. Nixon a offert des insultes racistes en privé ; Trump a fait du racisme et de la misogynie un leitmotiv dans son administration."

"Nixon, continue-t-il, était un politicien expérimenté et à bien des égards un président efficace. Trump, en dépit des majorités dans les deux chambres du Congrès, a très peu fait et dans certains domaines - comme l'environnement, l'immigration, le commerce et la politique étrangère - il a été un désastre."

A l’inverse de Richard Nixon, Donald Trump, s’est présenté comme un candidat et un président hors norme, anti-establishment et résolument en phase avec les moyens de communication de son temps. Donald Trump, en est d’ailleurs un utilisateur assidu et n’hésite pas à outrepasser les canaux de communication traditionnels pour répondre aux accusations des médias.  "Dieu merci, Nixon n'avait pas Twitter", a d’ailleurs déclaré le journaliste Bob Woodward, sur CNN.

Jules Béraud

EN BREF

Le scandale du Watergate

Le scandale du Watergate commence au matin du 17 juin 1972, lorsque plusieurs cambrioleurs sont arrêtés dans les bureaux du parti démocrate, situé dans le complexe de Watergate à Washington. L’enquête révèle que malfaiteurs sont liés à la campagne de réélection du président Nixon et qu’ils ont été surpris en train d’installer des systèmes d’écoute et de voler des documents. En août 1974, après que son rôle dans la conspiration a été révélé, Nixon a démissionné afin d’éviter la destitution.

L’enquête de Robert Mueller

Depuis mai 2017, l'enquête dirigée par le procureur spécial Robert Mueller se penche sur l'ingérence russe dans les élections présidentielles américaines de 2016, y compris l'exploration de tout lien ou coordination entre les équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et le gouvernement russe.

Mueller a pour l’heure obtenu des plaidoyers de culpabilité de cinq personnes : George Papadopoulos, ancien conseiller de Trump, Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale, Richard Pinedo, avocat, Alex van der Zwaan, avocat néerlandais, et Rick Gates, ancien conseiller de Trump. Des actes d'accusation supplémentaires ont été prononcés contre l'ancien président de la campagne Manafort, treize citoyens russes et trois entités russes.

Le 25 janvier 2018, le New York Times a rapporté que Donald Trump avait ordonné à Robert Mueller d'être limogé en juin 2017 mais avait reculé lorsque le conseiller de la Maison Blanche, Don McGahn, lui avait dit qu'il préfèrerait démissionner plutôt que d'appliquer la directive.

Des réseaux sociaux aux médias plus traditionnels, quand les théories du complot s’emparent de la fusillade de Parkland

Porte-parole du FBI, militants gauchistes anti-armes, complices du parti démocrate : depuis la fusillade, les partisans de la théorie du complot accusent les lycéens à l’origine de la campagne "Never Again" d’être pilotés par des groupes d’intérêts anti-armes. Des réseaux sociaux aux médias traditionnels, comment les idées complotistes sont-elles propagées ? Analyse. 

Le déferlement de théories du complot à la suite d’évènements dramatiques et de fusillades comme la tuerie de Parkland en Floride est chose courante aux États-Unis. Ces thèses complotistes proviennent des profondeurs d'Internet - souvent de 4chan ou de Reddit, des réseaux d’échanges d’images et d’informations anonymes particulièrement controversés - et sont ensuite partagées sur les réseaux sociaux Twitter, via des comptes conservateurs, nationalistes ou d’extrême-droite.

Depuis la fusillade de Parkland, les conspirationnistes ont pris pour cible les survivants du drame qui réclament un meilleur contrôle des armes à feu. Ces derniers soutiennent par exemple que les étudiants survivants s’expriment trop bien dans les médias pour ne pas être des professionnels rémunérés. Une enquête de CNN dans les archives politiques du site 4chan, une plate-forme prisée des adeptes des théories du complot où des anonymes peuvent poster des images et engager des discussions de tout genre, a d’ailleurs relevé que le nom de David Hogg, étudiant de Parkland à l’origine du mouvement  "Never Again", a été mentionné sur le site au moins 121 fois.

Moins d'une heure après la fusillade au Lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland le 14 février dernier, plusieurs comptes Twitter  ont également prétendu que les témoins interrogés par les médias traditionnels étaient des "acteurs de crise". Le terme se réfère aux personnes payées pour jouer des victimes de désastre dans des exercices de secours. Plus récemment, l'expression a été récupérée par les conspirationnistes qui prétendent que les fusillades sont des événements mis en scène par des groupes d’intérêts anti-armes dont l’objectif serait de retirer aux Américains le droit de porter des armes.

Des théories diffusées sur les réseaux sociaux

De Twitter à Facebook, en passant par Youtube, les réseaux sociaux sont les principaux canaux de diffusion des théories du complot et des fausses nouvelles. En effet, ils permettent à des individus, isolés ou organisés, de diffuser des informations infondées sans que ces dernières n’aient besoin d’être relayées par les médias traditionnels. Les algorithmes, les recherches par mots-clés et les contenus tendance des réseaux sociaux permettent quant à eux d’atteindre facilement les personnes sensibles aux idées conspirationnistes.

La fusillade de Marjory High ne fait pas exception. Un tweet viral d'un compte Twitter maintenant suspendu, @LagBeachAntifa9 localisé par les services de Twitter en Russie, a faussement affirmé que David Hogg a été scolarisé au lycée de Redondo Shores en Californie d’où il aurait été  diplômé en 2015. Le tweet a rapidement été diffusé sur 4chan. Pour démentir les accusations, un camarades de classe du lycéen de Parkland a publié une vidéo montrant leurs photos dans leur album des finissants 2017.

Quelques jours seulement après la tragédie, une vidéo largement visionnée sur YouTube a présenté Hogg comme "un acteur de crise", reprenant hors contexte une interview donnée par le lycéen  à KCBS, une chaine de télévision locale californienne en août 2017. A l’époque, Hogg avait été témoin d'une confrontation violente entre un sauveteur et surfeur sur une plage de Californie, où il était en vacances. Les conspirationnistes soutiennent que sa présence sur cette place n’était pas un hasard. Bien que la vidéo ait été retirée par YouTube pour violation de ses politiques contre l’intimidation et le harcèlement, cette fausse accusation a permis d’alimenter les théories du complot entourant la fusillade.

Sur Facebook, une vidéo publiée par la page d’extrême-droite américaine Survive Our Collapse contenant l’interview détournée de David Hogg en Californie a été vue plus de 2 millions de fois avant que Facebook ne la retire. Elle a depuis été modifée, retéléchargée sur la même page et partagée plusieurs dizaines de fois.

Des réseaux sociaux aux canaux officiels

Si ces théories du complot naissent généralement sur les réseaux sociaux, elles sont parfois relayées par certains médias plus traditionnels.  Alex Jones, un adepte des théories du complot et fondateur du média en ligne complotiste et proche des milieux d’extrême-droite InfoWars doute lui aussi de l'authenticité des étudiants de Parkland. L'Américain, également connu pour avoir diffusé la théorie selon laquelle la fusillade dans l'École primaire de Sandy Hook à Newtown au Connecticut en 2012, était un canular, reconnaît que "des gens réels ont été touchés" par la fusillade de Parkland, mais maintient lui aussi que David Hogg et ses comparses sont des acteurs de crise. Dans une vidéo publiée sur Youtube le 15 février, l'animateur de radio a également avancé la théorie selon laquelle la tuerie de Floride serait une opération menée sous "fausse bannière", c’est-à-dire une opération gouvernementale cherchant à détourner ou orienter le débat public.

Pour soutenir ses théories, InfoWars a montré à plusieurs reprises à ses 2.2 millions d'abonnés YouTube des copies d'écran de l’interview de David Hogg sur KCBS  en association avec d'autres images afin de prouver que les étudiants de Parkland sont bien "des acteurs de crise".

Plusieurs médias ont rappelé le fait que le père de David Hogg est un agent du FBI à la retraite. Pour le site The Gateway Pundit, un site d'extrême-droite accrédité à la Maison Blanche, cela prouverait le lien entre les étudiants de Parkland et les pouvoirs publics tels que le FBI, qui chercheraient à restreindre les droits constitutionnels des Américains et à accroître leur pouvoir.

Qui est à l’origine de ces théories?

Selon plusieurs études réalisées l’an dernier, ces conspirationnistes seraient généralement des citoyens américains blancs, peu diplômés provenant des régions rurales des États-Unis, dans les États où Donald Trump a réalisé d’excellents scores aux élections présidentielles de novembre 2016. Très attachés à l’esprit des fondateurs des États-Unis, ils promeuvent un conservatisme rigide et un nationalisme affirmé. Leur foi dans les complots qu’ils dénoncent semble être inébranlable.

Les profils Facebook, en majorité masculins, ayant relayés les contenus complotistes sur  la page Facebook de Survive Our Collapse, venaient d’ailleurs en majorite de l’Alabama, du Montana ou de l’Oklahoma.

Pour l’historien français Pierre Rosanvallon le succès du complotisme s’explique par le fait qu’il "prétend redonner de la rationalité dans un univers confus et rend lisible un monde que l’on pense comme opaque, insaisissable". Selon lui, les théories du complot donneraient l’impression à ces citoyens de participer à la société.  "L’évocation du complot redonne la possibilité d’agir sur les choses. On nomme un complot, ça veut dire qu’il y a un responsable, que si on l’atteint la société peut changer. Le complotisme prétend donner une intelligence du monde et une capacité d’agir sur les choses", expliquait-il au micro de France Culture lundi 26 février.

Quelle responsabilité pour les réseaux sociaux ?

Compte-tenu de l’influence toujours plus grande des réseaux sociaux dans le débat public, les différentes entreprises de technologie telles que Twitter et Facebook sont amenées à repenser leurs conditions d’utilisation afin de mieux contrôler la diffusion de ces théories du complot qui peuvent y perdurer plusieurs années.

Mercredi dernier, YouTube a retiré une vidéo de la page d'InfoWars.  La vidéo intitulée "David Hogg Can't Remember His Lines In TV Interview" (David Hogg ne peut pas se rappeler de ses lignes en interview) ne respectait pas les conditions d’utilisation de l’entreprise. "L'été dernier, nous avons mis à jour l'application de notre politique de harcèlement afin d'inclure les vidéos de canular qui ciblent les victimes de ces tragédies […] Toute vidéo signalée qui enfreint cette règle est examinée puis supprimée", à déclare un porte-parole de Youtube.

Interrogé par CNN sur ses politiques de lutte contre les théories du complot, Facebook a déclaré que ses normes communautaires prévoient conséquences en cas de violation des politiques du réseau social et que la punition dépend "de la gravité de la violation et de l'historique de la personne sur Facebook". Dans le cas de la page Survive Our Collapse , il est cependant impossible de savoir précisément quel aspect des normes de Facebook a été violé.

Si les réseaux sociaux retirent de temps à autre les contenus complotistes, ils ne le font souvent que lorsque ces derniers sont dénoncés par des utilisateurs ou les médias. Guillaume Chaslot, ancien ingénieur chez Youtube, a affirmé au Washington Post que ces entreprises n'ont pas fait assez pour éliminer les contenus complotistes.

Fin 2016, quand il est devenu évident que la publication de fausses nouvelles sur Facebook avait influencé l'élection présidentielle américaine, Mark Zuckerberg a décrit les mesures que l'entreprise avait prises pour combattre l'épidémie. Une de ces initiatives consistait à s'associer au Réseau International de Vérification des Informations de l’Insititut Poynter, une école de journalisme américaine à but non-lucratif, pour vérifier la véracité des reportages signalés comme de fausses nouvelles. Les employés chargés de la vérification des faits ont depuis fait part dans plusieurs journaux de leurs préoccupations au sujet du refus de Facebook de publier des statistiques sur leur travail, même en interne, ce qui pourrait prouver un échec de la mesure.

Dans une tribune de juin 2017 publiée sur le blog de Twitter, Colin Crowell vice-président de la compagnie délégué aux politiques publiques affirmait de son côté que les responsables du réseau social n'ont pas à être "les arbitres de vérité". "Journalistes, experts et citoyens engagés sont côte à côte, corrigeant et contestant le débat public à chaque seconde", a-t-il déclaré. Une déclaration qui illustre bien le dilemme auquel les reseaux sociaux doivent aujourd’hui faire face. Si ces derniers ne veulent pas perdre leur crédibilité  à cause de multiplication de fausses informations, ils ne souhaient pas non plus jouer les gendarmes ni se lancer à la poursuite des comptes qui en sont à l’origine.

L’inaction latente des réseaux sociaux à répondre à l’explosion de ces théories infondées laisse la voix libre aux complotistes qui peuvent poursuivre les familles des victimes pendant plusieurs années. Selon Joan Donovan qui étudie la manipulation des médias au think tank Data & Society, les théories du complot entourant la fusillade de Sandy Hook en 2012 continuent de hanter les familles des victimes, harcelées par des internautes cherchant à savoir si leurs enfants ont bel et bien perdu la vie dans la fusillade.  "Pour les années à venir, croit-il, ces étudiants de Parkland vont devoir subir le même sort."

Jules Béraud

FILE - In this Jan. 19, 2016 file photo, handguns are displayed at the Smith & Wesson booth at the Shooting, Hunting and Outdoor Trade Show in Las Vegas. Nearly two-thirds of Americans expressed support for stricter gun laws, according to an Associated Press-GfK poll released Saturday, July 23, 2016. A majority of poll respondents oppose banning handguns. (AP Photo/John Locher, File)

Après la fusillade de Parkland, pourquoi le Congrès hésite à contrôler les armes à feu?

Avec 17 morts, la fusillade du 14 février dernier, au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride, est la plus meurtrière en milieu scolaire depuis la tueries de l'école élémentaire Sandy Hook en 2012. Comme après chaque tuerie, de nombreux Américains ont pris d'assaut les médias et réseaux sociaux pour relancer le débat sur le port d'armes à feu. Malgré tout, les États-Unis ne semblent toujours pas prêts à resserrer leurs lois sur le contrôle des armes à feu. Décryptage.

Mercredi, moins d’une heure après l’arrivée de la police sur les lieux de la tuerie provoquée par Nikolas Cruz, un ancien étudiant du lycée de 19 ans, Donald Trump a exprimé ses condoléances aux familles des victimes sur Twitter.

"Mes prières et mes condoléances aux familles des victimes de la terrible fusillade en Floride, aucun enfant, enseignant ou autre ne devrait se sentir en danger dans une école américaine".

Excédée par la réaction du président américain, Sarah Chadwick, 16 ans, lycéenne dans l’établissement où a eu lieu la tuerie, a craquée et a attaqué avec virulence le locataire de la Maison Blanche.

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 "Je ne veux pas de vos condoléances, p**t** de m*rd*, mes amis et professeurs ont été fusillés. Plusieurs de mes camarades de classe sont morts. Faites quelque chose au lieu d'envoyer des prières. Les prières ne règleront pas cela. Mais le contrôle des armes empêchera que cela se reproduise"

Le message de la jeune américaine a été largement partagé sur les réseaux sociaux : avant sa suppression, le tweet de Sarah avait été liké plus de 346 000 fois et retweeté par près de 144 000 comptes.

La population américaine est exaspérée par ces drames, beaucoup trop réguliers. Pour autant, la création d’une réglementation sur la possession d’armes à feu aux États-Unis est difficile à imaginer.

Dans un article paru jeudi, CNN explique les raisons pour lesquelles l’opinion publique américaine (et pas seulement les lobbys, comme la très puissante National Rifle Association) rend difficile le contrôle des armes à feu par le Congrès.

Les Américains sont très polarisés sur la question armes du contrôle des armes à feu

Harry J. Entern a examiné l’année dernière les réponses à dix questions, posées par le Pew Research Center à un échantillon représentatif de la population américaine, allant de l'avortement au libre-échange en passant par le mariage pour les personnes de même sexe. Les Américains étaient plus polarisés sur la politique des armes à feu que sur tout autre problème (mis à part la construction du mur à la frontière avec le Mexique).

Dans le dernier sondage du Pew sur le sujet, 79% des partisans républicains étaient contre la limitation de l'accès aux armes à feu. Seuls 20% des partisans démocrates partagent cette position. En d'autres termes, il y avait un écart partisan stupéfiant de 59 points de pourcentage sur la question. En effet, comme l'a souligné Nate Cohn du New York Times, peu de questions étaient plus prédictives du choix du vote aux élections de 2016 que la possession d'armes à feu.

De plus en plus d’Américains sont contre une politique de contrôle des armes à feu

Pendant plusieurs années, le Pew Research Center a sondé la population américaine pour savoir si elle était plus favorable à la protection du deuxième amendement ou au contrôle de la possession d'armes à feu. En 1993, 35% des américains ont répondu la protection des droits sur les armes alors que l’an dernier, 47% ont déclaré que la protection du deuxième amendement était plus importante que le contrôle des armes à feu.

Les défenseurs des armes à feu déterminent leur vote grâce à cette question

L'année dernière, Gallup (un autre institut de sondages) a demandé aux Américains s'ils ne voteraient que pour un candidat qui partageait leurs points de vue sur la politique des armes à feu ou s'il s'agissait de l'un des nombreux facteurs importants qu'ils prendraient en compte avant de voter. Parmi les propriétaires d'armes à feu, 30% ont déclaré qu'ils ne pouvaient voter que pour quelqu'un qui partageait leur point de vue. Parmi ceux qui ne possédaient pas d'armes à feu, c'était 20%.

Aussi depuis 2000, le pourcentage de propriétaires d'armes à feu qui ont déclaré que les questions liées aux armes à feu déterminaient leur vote a grimpé de 17 points. Il a augmenté de seulement 10 points parmi ceux qui ne possédaient pas d'armes à feu.

Même si certains responsables républicains étaient tentés de soutenir un contrôle plus strict des armes à feu, ces chiffres suggèrent qu'ils pourraient renoncer parce que les défenseurs des droits des armes à feu sont plus susceptibles de faire entendre leur voix.

Le soutien au contrôle des armes à feu peut augmenter momentanément mais ne dure généralement pas

Le soutien aux mesures de contrôle des armes à feu augmente parfois après les fusillades massives. Après les fusillades de Columbine (20 avril 1999) et de Sandy Hook (14 décembre 2012), les Américains étaient plus susceptibles de soutenir le contrôle des armes à feu que pendant d’autres périodes dans la mesure où ces événements tragiques ont été médiatisés plus largement que d’autres fusillades récentes.

Compte-tenu de la tournure médiatique des événements et de l’écho particulier des propos des partisans du contrôle des armes à feu dans la société américaine, il est probable que le soutien pour le contrôle des armes à feu puisse temporairement augmenter. Cependant, les antécédents suggèrent que tout choc dans l'opinion publique en faveur du contrôle des armes à feu ne tiendra pas : La tendance à long terme est contre le contrôle des armes à feu.

Jules Béraud

Un « 14 juillet » américain ? Les défilés militaires aux États-Unis

Inspiré par le défilé militaire français du 14 juillet auquel il a assisté l'été dernier, Donald Trump veut maintenant sa propre parade militaire. Bien que ce genre de cérémonie soit plutôt rare aux États-Unis, des défilés similaires ont déjà été organisé au pays de l'oncle Sam. Retour sur ces démonstrations de la puissance militaire des États-Unis.

Le 6 février dernier, Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche a confirmé l’information révélée par le Washington Post selon laquelle Donald Trump aurait demandé au département de la Défense d'étudier la création d'une cérémonie au cours de laquelle tous les Américains pourraient exprimer leur reconnaissance envers les militaires américains.

Aux États-Unis, il n'est pas rare de voir des foules enthousiastes saluer les troupes et les vétérans lors des célébrations du 4 juillet, du Memorial Day (Jour du Souvenir, le 29 mai), du Veterans Day (Journée des anciens combattants, le 11 novembre) ou même à l’occasion de rencontres sportives. Cependant, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n'y a eu que très peu de démonstrations de la force militaire américaine. S'il avait lieu, le défilé de du président Trump serait d'ailleurs le premier du genre en trente ans.

Deux défilés à New York à l’occasion de la Seconde Guerre Mondiale : 1942 et 1946

Le 13 juin 1942, deux millions de personnes ont envahi les rues de New York pendant près de onze heures pour assister au défilé «At War Parade» de la ville. C'était une manifestation de solidarité importante pour les troupes américaines qui étaient entrées dans la Seconde Guerre mondiale en décembre 1941.

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Buste géant du président Franklin D. Roosevelt présenté lors de la parade de New York de 1942

Le 12 janvier 1946, un autre défilé militaire a eu lieu à New York pour célébrer la victoire des puissances alliées sur la coalition des puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de dix mille soldats de la 82e division aéroportée ont participé aux côtés de dizaines de chars et d'autres équipements militaires.

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Le Maj. Gen. James Gavin conduisant la 82e Division Aéroportée durant la parade de la victoire à New York, janvier 1946

Les cérémonies d’investitures de Dwight Eisenhower : 1953 et 1957

Considéré comme le plus long de l'histoire américaine, le premier défilé d'inauguration du président Dwight Eisenhower le 21 janvier 1953 comportait 73 groupes, 59 chars et de nombreux atouts militaires.

Army tanks move along Pennsylvania Avenue in the inaugural parade for President Dwight D. Eisenhower on January 21, 1953.

Défilé de Tanks, 21 janvier 1953

En 1957, la foule se rassembla à Washington pour la deuxième cérémonie d’investiture du Général Eisenhower - tout comme les chars. Environ 750 000 personnes se tenaient le long de la route alors que des milliers de soldats défilaient dans la capitale avec de nombreuses pièces d’artillerie.

La cérémonie d’investiture de John Kennedy : 20 janvier 1961

Le jour de l’investiure du plus jeune président de l’histoire des États-Unis, d’énormes bateaux militaires, les PT109, et plusieurs modèles de missiles balistiques ont été remorqué sur Pennsylvania Avenue, qui relie le Capitole à la Maison Blanche.

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Parade militaire sur Pennsylvania Avenue, 20 janvier 1961

Le défilé pour la victoire de la guerre du Golfe : 8 juin 1991

Le dernier grand défilé militaire aux États-Unis a marqué la victoire américaine dans la guerre du Golfe en 1991, sous la présidence de George H.W. Bush.

George H. Bush salue les troupes défilant à Washington

George H. Bush salue les troupes défilant à Washington le 8 juin 1991

Des hommages presque spontanés ont eu lieu à travers tout le pays pour accueillir les troupes qui faisaient partie de l'opération Tempête du désert, mais New York et Washington ont organisé les plus grandes célébrations.

À Washington, des véhicules blindés et des systèmes de missiles ont défilé devant près de 200 000 personnes alors que des avions de chasse furtifs volaient au-dessus.

Jules Béraud

Les coulisses de la santé des présidents américains

Depuis son élection, plusieurs psychiatres et journalistes s'inquiètent de l'état de santé mentale de Donald Trump. Plus récemment, la publication du livre de Michael Wolff Fire and Fury: inside the Trump White House (Feu et Furie: à l'intérieur de la Maison Blanche) a relancé le débat sur la capacité de Donald Trump à gouverner. Trump n'est cependant pas le premier président américain dont la santé physique ou mentale inquiète. D'autres présidents célèbres, comme John F. Kennedy et Theodore Roosevelt, ont eux aussi fait l'objet de polémiques. Retour sur ces présidents dont l'état de santé a inquiété.

Abraham Lincoln

Abraham Lincoln souffrait de dépression sévère parfois accompagnée de symptomes psychotiques. Bien que jamais diagnostiqué à son époque, les historiens et psychiatres qui ont étudié l’ancien président s’accordent aujourd'hui pour dire qu’il souffrait de dépression clinique.

Woodrow Wilson

Un des secrets les mieux gardés de la présidence des États-Unis reste celui de l'état de santé du président Woodrow Wilson, en fonction de 1913 à 1921. Lors de la conférence de la paix à Paris en 1919, Wilson est en très mauvaise santé. Le président souffre de réactions délirantes et de graves altérations cérébrales. En octobre 1919, il est victime d'un arrêt cardiaque et se trouve incapable d'exercer pendant quelques jours. Ces épisodes sont gardés secret par son docteur, Dr. Grayson, et sa femme Edith qui l'isolent de son Premier ministre, de son cabinet et surtout de son peuple. Les Américains n'apprennent la vérité que des décénnies plus tard.

Franklin D. Roosevelt

Franklin D. Roosevelt, atteint de paralysie des jambes, est le seul président handicapé à avoir été élu. Cependant, la plupart des Américains ne connaissaient pas la gravité de sa maladie. Les photos du président étaient prises sous un certain angle permettant de cacher au mieux son fauteuil roulant. Ses apparitions publiques étaient, quant à elle , limitées.

John F. Kennedy

John F. Kennedy n'était pas en très bonne santé. Atteint de la maladie d'Addison, une maladie provoquant un déficit d'hormones, et souffrant de fortes douleurs au dos, il prenait énormément de médicaments, notamment de la cortisone à forte dose. Kennedy et son entourage tenaient absolument à ce que ses problèmes de santé demeurent inconnus du grand public. Lorsque le camp de son rival, Richard Nixon, a révélé, durant la campagne électorale de 1960, que John F. Kennedy était atteint de la maladie d’Addison, Kennedy et son équipe ont répliqué en publiant une fausse déclaration de son médecin expliquant qu'il était en parfaite santé.

Ronald Reagan

En 2011, Ron Reagan, le fils de l'ancien président Ronald Reagan, publie un mémoire à propos de son père. Il confie avoir remarqué des signes précoces de la maladie d’Alzheimer durant le second mandant de son père. Cependant, cette version n’a été confirmée par aucun médecin lors de la présidence de Ronald Reagan et demeure contestée par certains membres de sa famille. Michael Reagan, le demi-frère de Ron Reagan, rejette également ces suppositions. D'anciens membres du cabinet de Ronald Reagan rejettent eux aussi cette théorie  soulignant le manque de preuves officielles de la maladie.

Donald Trump

Réputé pour son extravagance et sa personnalité volatile, le comprtement de Donald Trump a suscité plusieurs inquiétudes chez ses opposants dès le début de sa campagne électorale. Des psychiatres contactés par des élus démocrates, dont Brandy Lee de l'université de Yale, ont même diagnostiqué au président Américain une "incapacité présidentielle". Cependant, conformément à l'association des psychiatres américain, cette pratique est illégale puisqu'il est interdit de diagnostiquer un individu sans l'avoir rencontré personnellement en tant que patient.

La toile et les médias se sont malgré tout très vite emparés de cette affaire, poussant Donald Trump à réagir. Afin de faire taire la polémique, le président a procédé à son premier bilan de santé un an après la prise de ses fonctions. Le médecin du président, Ronny Jackson, a affirmé dans une conférence de presse que le président était "en parfaite santé" et totalement apte à gouverner. Donald Trump a aussi effectué un test cognitif lors duquel il a obtenu le score maximum, refutant du même coup les critiques sur son incapacité présidentielle.

Justine Le Page

Donald Trump s'attire les foudres des défenseurs des animaux et le soutien des chasseurs d'éléphants

Hier, jeudi 16 novembre, l'administration de Donald Trump a réautorisé les chasseurs américains à importer sur le territoire des trophées d'éléphants tués au Zimbabwe, lors de la chasse pour le loisir. Le U.S. Fish & Wildlife Service(USFWS) va émettre des permis autorisant l'apport de ces trophées d'éléphants abattus entre le 26 janvier 2016 et jusqu'au 31 décembre 2018.

En autorisant légalement cette mesure, Donald Trump s'attire la colère des associations de défense des animaux. Une fois encore, le président républicain confirme sa volonté de s'écarter de la lignée de ses prédécesseurs. Les autorités américaines renversent ainsi l'interdiction, imposée sous Barack Obama en 2014, d'importer notamment les défenses d'ivoire, très convoitées, des éléphants.

Cette décision avait été prise dans le but de lutter contre l'extinction de cette espèce, dont la population diminue considérablement d'année en année. Selon l'organisation Great Elephant Census, le nombre de pachydermes a chuté de 30% entre 2007 et 2014 en Afrique, avec une baisse de 6% pour le Zimbabwe.

De la chasse pour le loisir vers le braconnage ?

L'administration américaine exploite avec cette mesure un aspect de la loi américaine sur les espèces en danger (Endangered Species Act), qui stipule que l'importation de tels trophées peut être légale si la preuve est apportée que la chasse bénéficie à la conservation plus large des espèces. "La chasse pour le loisir, légale, bien encadrée, dans le cadre d'un programme, peut bénéficier à la conservation de certaines espèces en incitant les populations locales à conserver les espèces et en injectant l'argent dans la conservation", explique ainsi l'USFWS.

De son côté, l'organisme de protection des éléphants baptisé The Elephant Project, dénonce sur Twitter une dérive potentielle de cette levée de l'interdiction: "100 éléphants sont déjà tués chaque jour. Cela mènera à davantage de braconnage". Pour sa part, le centre américain pour la biodiversité a déploré qu'en autorisant l'importation "des têtes, des pieds et des queues d'éléphants morts aux Etats-Unis", Donald Trump "légalise le fait du tuer des éléphants menacés".

Les fils Trump adeptes de la chasse

Suite à l'annonce, de nombreux internautes ont évoqué une corrélation entre la décision de l'administration américaine et la passion des deux fils aînés du président, Don Jr et Eric, qui se rendent régulièrement à la chasse aux trophées en Afrique. Plusieurs photos ont été relayées sur les réseaux sociaux. Sur l'une d'elle, Donald Trump Jr brandit une queue d'éléphant dans la main, à côté de l'animal mort.

Finalement, sous la pression internationale, Donald Trump a fait volte-face quelques heures après son annonce, publiant un tweet dans la soirée : "Je gèle la décision sur les trophées de chasse d'éléphants le temps que je vérifie les informations sur la protection de l'espèce".

Yelen Bonhomme-Allard

"Il n'y a pas de consentement à 14 ans". Sur Twitter les femmes sensibilisent l'opinion sur le consentement sexuel via #MeAt14

Roy Moore, 70 ans, magistrat ultra-conservarteur en Alabama et candidat au siège de sénateur de Washington, est accusé d'agressions sexuelles par deux femmes alors âgées de 14 à 16 ans au moment des faits. Ce scandale a fait naître un nouveau mouvement sur Twitter baptisé #MeAt14, "Moi à 14 ans". Dans la lignée de #MeToo, plusieurs Américaines ont publié des photos d'elles à l'adolescence, afin de sensibiliser l'opinion sur le consentement sexuel. Toutes soulignent leur incapacité à consentir à une relation sexuelle, en tant que mineure, avec un partenaire adulte. 

Jeudi 9 novembre, Leigh Corfman accusait Roy Moore d'attouchements sexuels dans les lignes du Washington Post. Agée de 14 ans en 1979, l'adolescente aurait été approchée par l'homme politique de 32 ans à l'époque. Quatre jours plus tard, cette fois dans le New York Times, Beverly Young Nelson l'a accusé d'avoir essayé de la violer dans une voiture après lui avoir proposé de la raccompagner à son domicile. Elle avait 16 ans à l'époque. Depuis, trois autres femmes sont sorties du silence en affirmant que Moore avait tenté de les séduire lorsqu'elles avaient entre 16 et 18 ans. Aucune n'a dénoncé de contact sexuel.

Confessions d'anonymes et de célébrités

Catherine Lawson, avocate en Caroline du Nord, est l'initiatrice de ce hashtag. Le 9 novembre dernier, elle a publié ce message sur Twitter : "Il n'y a pas de consentement à 14 ans. Pas en Alabama. Nulle part". Depuis, plusieurs célébrités à l'instar de l'actrice Alyssa Milano, ainsi que des centaines d'anonymes lui ont emboîté le pas.

"C'est moi à 14 ans, une timide et innocente dévoreuse de livres. C'est impossible qu'une enfant de 14 ans soit prête à avoir une relation sexuelle avec un homme de 32 ans" a écrit une internaute.

"Je suis au centre, pesant à peine 45 kg et le visage recouvert de boutons d'acné. Je n'étais certainement pas assez mature pour envisager une relation avec un homme de 32 ans. Ma mère ne m'aurait jamais laissé fréquenter un garçon de 18 ans !" a réagi cette Américaine.

"Voilà une page de mon journal intime où j'expliquais avoir pleuré à une boum parce que j'avais peur de danser avec des garçons. Pas assez vieille pour consentir à une relation amoureuse avec un adulte", racontait Sharah Meservy.

De son côté, Roy Moore nie l'ensemble des accusations. De nombreux républicains, y compris le chef de la majorité au Sénat, l'ont appelé à retirer sa candidature et ont menacé de l'exclure de la chambre haute s'il était élu.

Yelen Bonhomme-Allard 

Promesses, actes et flops... Bilan de Donald Trump après un an au pouvoir

Un an après son élection, dix mois après son investiture à la Maison-Blanche, quelles promesses de campagne Donald Trump a-t-il réellement tenu ?

Dates clés

8 novembre 2016 : Donald Trump, candidat républicain, bat la candidate démocrate Hillary Clinton. Il devient le 45e président des États-Unis et succède à Barack Obama.

20 janvier 2017 : Donald Trump s'installe à la Maison-Blanche et prête serment devant le Capitole à l'instar de ses prédécesseurs : "Ensemble, nous rendrons sa force à l'Amérique. Nous rendrons sa richesse à l'Amérique. Nous rendrons sa fierté à l'Amérique. Nous rendrons sa sécurité à l'Amérique. Et, oui, nous rendrons sa grandeur à l'Amérique".

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Six exemples de promesses de campagne

Eriger un mur entre les États-Unis et le Mexique : non tenue

Le 26 octobre dernier, les sociétés de construction sélectionnées ont présenté à San Diego huit prototypes de murs. Ce rempart entre les deux pays a pour but de stopper l'immigration illégale. Lors de sa course à la présidentielle, Donald Trump avait assurer que l'édification du mur serait prise en charge par le Mexique. Mais ce dernier refuse catégoriquement de payer la facture. Le coût total est évalué entre 12 et 25 milliards de dollars selon certaines estimations. Aucune date n'a été annoncée quant au début des travaux.

Annuler et supprimer Obamacare : non tenue

L'Obamacare, connu sous le nom d'Affordable Care Act, est une sécurité sociale universelle destinée aux plus pauvres. Mise en vigueur le 1er janvier 2014 sous l'administration démocrate sortante, cette couverture assure une protection médicale à 20 millions d'Américains. 

Malgré plusieurs recours devant la justice, la "Trumpcare" n'a pas réussi à évincer l'Obamacare.

Retrait des États-Unis de l'Accord de Paris : tenue

Le 1er juin dernier, l'actuel président américain a confirmé le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris. En 2015, 195 pays s'étaient engagés lors de la COP21 à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici 2050. Au contraire de son prédécesseur, Donald Trump a assuré que ce retrait était dans l'intérêt du peuple et au nom de la défense des emplois américains.

En 2012 déjà, le septuagénaire affirmait que "le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l'industrie américaine non-compétitive".

Les États-Unis doivent patienter trois ans à compter de leur retrait effectif du traité (intervenu le 4 novembre 2016), puis respecter un préavis d'un an. Le pays sortira donc de l'accord en novembre 2020, au moment de la prochaine élection présidentielle.

Instaurer un décret anti-immigration : tenue

Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a interdit l'entrée sur le territoire américain des ressortissants de pays majoritairement musulmans. La liste des pays visés par cet arrêté migratoire s'élève à huit : la Corée du Nord, le Venezuela, le Tchad, l'Iran, la Libye, la Syrie, la Somalie et le Yémen. Le Soudan, visé par la précédente ordonnance, a été retiré de la liste.

Les mesures de restriction varient selon les pays et n'ont, a priori, pas de limite dans le temps. Concernant l'interdiction dont le Venezuela est la cible, elle se limite aux membres d'une longue liste d'instances gouvernementales vénézuéliennes et à leur famille.

Engager une coopération avec la Russie : non tenue

Le 7 juillet dernier, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entretenus en tête à tête en marge du G20 à Hambourg. "Il y a eu une alchimie positive" entre les deux dirigeants, assurait le chef de la diplomatie américaine, en faisant le compte-rendu de la rencontre. Mais les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine pèsent dorénavant dans la balance.

Travailler pour le peuple et moins jouer au golf : non tenue

"Je travaillerai pour vous, je n'aurai pas le temps de jouer au golf" avait assuré Donald Trump lors de sa campagne présidentielle. Une promesse non tenue puisqu'il s'est exercé 61 fois à cette discipline depuis son élection. Fin août, il avait déjà pris 53 jours de vacances, contre 15 pour Barack Obama à la même période de son mandat.

Yelen Bonhomme-Allard 

Qui sont les trois proches de Donald Trump visés par les chefs d'inculpation ?

Robert Muller, procureur spécial chargé de l'enquête sur l'ingérence de la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016, a mis en examen trois proches de l'actuel locataire de la Maison-Blanche, lundi dernier.

Qui sont les trois hommes inculpés ?

Paul Manafort est un avocat américain, un consultant politique, mais également un célèbre lobbyiste. Il s'est récemment fait connaître pour avoir occupé durant quelques mois, le poste de directeur de compagne lors de la candidature de Donald Trump aux dernières élections présidentielles. En août 2016, Manafort a été contraint de démissionner sur fond de scandale, dans la mesure où il a été le conseiller de l'ancien président d'Ukraine, Viktor Ianoukovytch.

Auparavant, Manafort avait également travaillé aux côtés de trois anciens présidents des États-Unis, que sont Gerald Ford (1974-1977), Ronald Reagan (1981-1989) et Georges H. W Bush (1989-1993). En France, Édouard Balladur s'était offert les services de l'Américain lors de sa campagne présidentielle de 1995, où il est arrivé troisième avec 18,58% des suffrages.

Rick Gates est l'un des associés de Paul Manafort. Il a rejoint l'entreprise de lobbyiste de celui-ci au milieu des années 2000. Tous deux ont collaboré aux côtés de Trump, l'un comme directeur de campagne, l'autre en tant qu'adjoint. Suite au départ de Manafort, Gates a rapidement quitté son poste auprès du président.

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George Papadopoulos a rejoint la campagne présidentielle de Donald Trump en mars 2016 en tant que conseiller en politique étrangère. Il se serait rendu en Russie dès mars 2016 dans le but de rencontrer des agents du gouvernement russe, ainsi qu'un "professeur" qui disposait d'informations pouvant compromettre l'élection de la candidate Hillary Clinton.

Quels faits leur sont reprochés ? 

Paul Manafort et Rick Gates sont visés par douze chefs d'inculpation parmi lesquels : complot contre les États-Unis, blanchiment d'argent, fausses déclarations et non déclarations de comptes détenus à l'étranger. Les deux hommes seraient ciblés pour des activités non déclarées de lobbyistes et de consultants en faveur de l'ancien président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Plus de 75 millions de dollars ont transité à l'aide de comptes offshores gérés par les deux associés. Paul Manafort est accusé d'avoir blanchi à lui seul 18 millions de dollars. Rick Gates a plaidé non-coupable et a été assigné à résidence par une juge.

George Papadopoulos a reconnu être coupable de fausses déclarations quant à ses contacts avec le gouvernement russe en 2016. Ce mensonge aurait donc entravé l'enquête du FBI portant sur une possible ingérence du gouvernement russe dans l'élection présidentielle de 2016. Afin de limiter les poursuites à son encontre, Papadopoulos aurait accepté de collaborer avec le FBI en fournissant des preuves sur l'implication de plusieurs personnes dans cette affaire.

Et Trump dans tout ça ?

Donald Trump réfute encore et toujours toute intervention russe pendant sa campagne électorale. Il l'a fait savoir, comme à son habitude, sur Twitter. "Toutes ces histoires 'russes' juste au moment où les Républicains s'attaquent à une historique baisse et réforme des impôts. Est-ce une coïncidence ? NON !" a-t-il commenté dimanche 29 octobre.

L'acte d'inculpation des trois hommes, signé par le procureur Robert Mueller, ne suggère pas de collusion entre l'équipe du candidat républicain et les autorités russes.

Yelen Bonhomme-Allard