À environ 150 kilomètres de Florence, il existe une enclave que personne ne visite - ou presque. Cette année, 2 millions de voyageurs sont passés par Saint-Marin, soit 0,2 % des 713 millions de touristes du Vieux Continent. C’est peu, mais ce tout petit État de 61 km2, caché derrière Rimini, a pourtant des airs de monarque.
Une histoire dans l’histoire
Perchée sur le mont Titan, la capitale entièrement piétonne dévoile à chaque angle de rue les chapitres de l’Histoire qui l’ont construite. Au sommet, ce sont trois forteresses moyenâgeuses qui assurent depuis toujours la défense de la ville et ne plièrent que pour un court séjour des Borgia. À l’est, c’est une église discrète (beaucoup plus que l’imposante Basilica del Santo qui attire tous les visiteurs) qui, en 1949, fut le refuge de Giuseppe Garibaldi fuyant l’armée autrichienne. Au centre, c’est ce Palazzo Pubblico, modeste siège du gouvernement et d’une démocratie antédiluvienne ; depuis 1243, deux chefs d’États sont élus chaque semestre par et parmi les citoyens.
Résistante aux invasions
Au fil des ans, un mot d’ordre reste : l’indépendance. Même les États pontificaux et Napoléon épargnèrent Saint-Marin. On rapporte que le second, à l’instar d’Abraham Lincoln dont le buste trône au Parlement, était un grand admirateur de ce petit État insoumis. Si le fonctionnement de Saint-Marin étonne par son efficacité (la santé et l’école y sont gratuites), c’est aussi grâce à la taille restreinte du territoire. Une fiscalité particulièrement alléchante a par ailleurs poussé plus de 2 000 entreprises à y installer leurs sièges.
Cet État, l’un des plus anciens et petits du monde, est un joyau méconnu fait pour les férus d’histoire et de nature – on y randonne à cheval ou à vélo pendant des heures. C’est aussi un lieu de prédilection pour les philatélistes et autres fans de monnaie rare ; car Saint-Marin a beau ne pas faire partie de l’Union Européenne, elle frappe chaque année à son effigie un nombre d’euros limités et extrêmement convoités des collectionneurs. Nous avons visité pour vous ce pays pas comme les autres. Reportage d’Anne Donadini et Laura Tositti, chronique d’Alban Mikoczy.
L’info en + : c’est à Saint-Marin que fut élue la première femme à diriger une République (et non un pays !) avec l’élection de la co-Capitaine régente, Maria Lea Pedini, en 1981. En 2017, les deux Capitaines-régents élus furent des femmes. Qui a dit Saint-Marin, chef de file ?
Anne Donadini