Ils sont chargés de verbaliser les habitants qui jettent leurs ordures dans les rues mais ils n’en peuvent plus. Les inspecteurs de l’Ama Roma souffrent de dépressions, d’hypertension et d’épuisement moral et professionnel.
Alors que la ville de Rome se trouve confrontée à une crise des ordures ménagères depuis le mois de juin, les inspecteurs de l’Ama Roma, société chargée de la récolte et du traitement des déchets, succombent à la pression de leur mission. En effet, selon l’UIL – l’Union italienne du travail - un employé sur cinq se retrouve en congé de maladie. La cause ? Les insultes qu’ils subissent chaque jour dans le cadre de leur fonction. Ces inspecteurs sont chargés de sanctionner les incivilités des habitants de Rome en matière de déchets. Dans la ville, bien souvent les citoyens n’hésitent pas à abandonner leurs détritus n’importe où. Et lorsqu’ils sont pris la main dans le sac, des amendes pouvant aller de 50 à 500 euros sont appliquées. Le résultat : les inspecteurs de l’Ama sont harcelés et insultés quotidiennement. Ce stress permanent les pousse à se faire déclarer inaptes à travailler et à se mettre en congé de maladie pour cause de dépressions, d’hypertension et d’épuisement.
Le problème à Rome ne vient pas seulement des dépôts sauvages des déchets mais également des poubelles prévues à cet effet. Celles-ci sont en permanence pleines à ras bord à cause de leur nombre insuffisant et de la collecte irrégulière.
Certains habitants de la ville ont choisi de dénoncer cette situation catastrophique avec humour et ont créé une page sur Facebook intitulée « La monnezza più bella » - littéralement « La plus belle poubelle » - où le principe est de poster un cliché de la poubelle la plus impressionnante et dégoûtante croisée au détour d’une rue de Rome.
https://www.facebook.com/pg/La-monnezza-piu-bella-474873396404611/photos/?ref=page_internal
Les autorités de la ville ne savent plus comment gérer la quantité de détritus produits par les habitants. Deux des trois principales décharges ont été détruites par des incendies et la troisième a fermé. De plus, la quantité de déchets est trop importante pour qu’ils soient triés efficacement et traités par les usines TMB – pour traitement mécanico-biologique – des alentours. A cela s’ajoute l’absence de tri sélectif de la part des usagers. Nombreux sont ceux qui pointent également la maire de la ville - Virgina Raggi – élue en 2016 et qui a choisi de résoudre le problème en envoyant les déchets en Autriche afin qu’ils soient recyclés. Seulement, l’accord s’est éteint fin 2018 et aucune alternative n’a depuis été mise en oeuvre.
Incivilités, recyclage compliqué et fonctionnaires dépassés : Rome est en train de se noyer dans une vague d’immondices et pour le moment aucune bouée de sauvetage n’apparaît à l’horizon.
Sacha Hecq