Italie : la campagne électorale fait rage

A quelques semaines des élections générales prévues le 4 mars, la guerre des programmes semble déclarée entre la coalition de droite, les populistes du Mouvement cinq étoiles et le centre-gauche. Echanges houleux, promesses de changement et risque d’ingérence font la Une des journaux et semblent présager une crise politique majeure pour l’Italie.

 
Le Mouvement 5 étoiles tente de séduire les modérés
 
Il est loin le temps où l’ex comique Beppe Grillo hurlant dans son micro était l’image du Mouvement cinq étoiles. Enterrées, aussi, ses promesses d’un référendum sur l’Europe et d’une sortie de l’euro, et son apologie de la décroissance et du « travailler moins pour vivre mieux ». Le mouvement, décrié par ses adversaires qui pointent notamment son manque d’expérience, continue de prendre ses distances avec l’image sulfureuse de ses débuts, lors de sa création il y a dix ans. L’objectif : attirer les électeurs modérés et confirmer sa place de premier parti dans les intentions de vote.
Dans les vingt points dévoilés dans son programme, il y a beaucoup de mesures « ni de droite ni de gauche ».
La mesure phare reste la promesse d’un revenu universel, suivi par le renfort des forces de l’ordre, la lutte contre le « business » de l’immigration et des mesures destinées à encourager les naissances.
La place de premier parti du Mouvement cinq étoiles ne semble toutefois pas effrayer ses adversaires. Le système électoral étant proportionnel et le parti courant seul pour la victoire, les chances qu’il rassemble assez de voix pour atteindre la majorité sont quasi nulles.
 
La gauche mise sur le pragmatisme
 
Pas de promesses en l’air pour la gauche italienne menée par le parti démocrate, le parti de l’ex premier ministre Matteo Renzi. Le mot d’ordre : pragmatisme. Comme par exemple lorsqu’il explique comment réduire le déficit public  de l’Italie, le plus élevé d’Europe, pour revenir à 100% d’ici dix ans, en luttant contre l’évasion fiscale,  réduisant les dépenses et en réformant l’administration.
Unie, la gauche pourrait dépasser le M5S. Mais il faudrait pour cela que le Parti démocrate de Matteo Renzi (24 %) et Liberi e Uguali (union de la gauche et des sécessionnistes du Parti démocrate) parviennent à s’entendre. Ce qui semble mal parti.
 
Les populistes en pole position
 
Outre le M5S, un autre mouvement populiste fait figure de favori pour ce scrutin : la Ligue du Nord. Avec les deux autres partis radicaux et souverainistes Fratelli d’Italia et Noi per l’Italia, et Forza Italia, la droite modérée et européenne de Silvio Berlusconi, ils forment la coalition de droite, première dans les sondages avec 45%.
L’immigration est au cœur des programmes des trois partis radicaux. La semaine dernière, une déclaration  a créé la polémique. Elle émane d’un candidat de la Ligue du Nord pour le poste de gouverneur de la région Lombardie, qui sera désigné le 4 mars, jour des élections générales italiennes.  
Sur la radio Padania appartenant à son parti il a déclaré : « Si nous acceptons tous les migrants, nous ne serons plus nous. (…) Nous devons décider si notre ethnie, notre société, notre race blanche doit continuer à exister ou si elle doit être anéantie. Ce n’est pas une question d’être raciste ou xénophobe. »
Une tempête qui a relancé les critiques et l’indignation des autres partis et au sein même de la coalition de droite. Les sorties ouvertement xénophobes et racistes embarrassent régulièrement Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, lui aussi parti de la coalition avec Frères d’Italie, forcé de tenter de calmer le jeu et de «dés-extrême-droitiser » la coalition.
 
Incontournable, Berlusconi ?
 
Agé de 81 ans, l’ex chef du gouvernement continue de multiplier les apparitions sur les médias malgré son inéligibilité au Sénat depuis 2013 suite à sa condamnation pour fraude fiscale. A chaque interview son flot de promesses de suppressions de taxes, allant de la première résidence, la voiture, l’héritage, les dons, aux déductions fiscales pour l’achat de croquettes pour chiens et chats. Des mesures couronnées par la promesse des pensions à mille euros minimum qui continuent de séduire son électorat plus âgé.
Le nom du Premier ministre en cas de victoire reste un des nombreux points de désaccord entre les partis de la coalition. Le « Cavaliere » continue de faire durer le suspense sur sa volonté de reprendre la tête du gouvernement, ce que son inéligibilité ne lui interdit en théorie pas.
Hier soir sur un plateau de télévision, le leader de Forza Italia a déclaré ne pas pouvoir être le chef de la coalition, mais a réaffirmé que Forza Italia choisirait le nom du Chef du gouvernement et du ministre des Affaires étrangères ».
 
Le risque du chaos 
 
La possible accession massive d’un ou plusieurs partis populistes interroge sur l’équilibre à venir de la nation italienne. Pour beaucoup, la présence de ces deux formations au parlement risque de créer le chaos. Avec trois entités politiques si opposées , les spécialistes craignent que l’Italie soit ingouvernable après les élections du mois de mars. De plus, les mesures défendues par les candidats changent régulièrement. Difficile de dire à quoi pourrait bien ressembler la péninsule dans quelques mois. 
Au lendemain des élections du 4 mars, l’Italie risque de ne pas sortir indemne et le pays pourrait connaître une période de turbulences institutionnelles.