Sans l'Etna, ces gorges n'existeraient pas. En plus d'être le plus grand et le plus actif d'Europe, ce volcan rouge est classé parmi ceux émettant les laves les plus fluides au monde ; si fluides qu'elles sont capables de creuser des lits au milieu des roches basaltiques de l'Alcantara, au nord-est de la Sicile.
Aujourd'hui, des milliers de touristes peu effrayés par les eaux glacées arpentent chaque jour ce canyon naturel, dont la pâle rivière turquoise a remplacé les coulées de magma qui l'ont creusé il y a 8 000 ans. C'est aussi à cette époque qu'une fois refroidie, la lave a moulé pour toujours dans le basalte des formes prismatiques enchantées, qui confinent le visiteur dans un labyrinthe froid et subjuguant de 25 mètres de haut.
Loin au-dessus de ces gorges noires et topaze resplendit une faune qui doit, elle aussi, tout à l'Etna. Rappelant la végétation de la Tunisie voisine, des platanes d'Orient, des genêts, des myrtes, des violettes, des figuiers de barbarie et des térébinthes s'amoncellent. Tel le témoignage d'un paradis qui n'appartiendrait qu'à la Sicile. Reportage d'Alban Mikoczy, Laura Tositti et Saada Soubane.
L'info en + : Ce n'est pas un hasard si, dans une Sicile dont l'héritage est en grande partie arabo-normand, le nom de la rivière de l'Alcantara provient du mot arabe "al-Qantarah" (القنطرة) signifiant "le pont". Le mot fait référence à un pont de l'époque romaine découvert par les Arabes.
Anne Donadini