Depuis des siècles, la cité romaine de Baia est submergée par les eaux, dans le Golfe de Naples. Ce n'est que récemment que des fouilles archéologiques sous-marines ont été entreprises pour comprendre l'histoire tumultueuse de cette ville engloutie.
Des statues imposantes enfouies dans le sable, des mosaïques caressées par les algues. A 6 mètres de profondeur, dans des eaux translucides, les plongeurs pourraient croire à des rochers, étrangement rectangulaires, mais ce sont bien les vestiges d'une ancienne ville romaine. Baia gît au cœur d'une des zones volcaniques les plus actives au monde. Cette position géographique unique est la cause de sa disparition.
La cité engloutie a été construite au 1er siècle avant J.-C., au nord du Golfe de Naples. Choix d'installation contestable puisque la ville repose sur une caldeira, sorte de cratère formé par une éruption explosive il y a 35 000 ans. L'emplacement est d'autant plus risqué que toute la zone est touchée par le phénomène rarissime du bradyséisme. C'est à cause de lui que Baia est désormais engloutie. Le bradyséisme provoque tour à tour une remontée ou une baisse lente du niveau du sol. Dans le cas de Baia, la côte s'est lentement affaissée jusqu'à ce que la mer submerge complètement la ville. Les historiens estiment qu'elle a disparu autour du 7ème siècle après J.-C.
Avant de devenir le lieu de rendez-vous des plongeurs, des passionnés d'Antiquité et des touristes du monde entier, Baia attirait les citoyens de l'Empire Romain. Mais attention, seulement les plus fortunés. Et si on le sait, c'est grâce à la qualité des sculptures découvertes sur le site. "Les statues qui ont été retrouvées étaient clairement destinées à une élite très exigeante, explique le professeur Pierfrancesco Talamo, responsable de la conservation des œuvres. Toute la noblesse romaine venait ici en vacances plusieurs mois par an." La ville devait son succès à la douceur de son climat et surtout à la présence de sources thermales, engendrées par le volcanisme. Dans les textes antiques de Pline l'Ancien ou Strabon, ces sources chaudes étaient vantées comme les plus curatives et les plus abondantes d'Italie. Reportage d'Alban Mikoczy, Laura Tositti et Emma Vinzent.
L'info en + : Les statues ont été retirées des fonds marins lors de deux campagnes de fouilles successives, dans les années 1940 et 70, car elles étaient agressées par des micro-organismes. Celles qui reposent dans l'eau aujourd'hui ne sont que des copies.
Emma Vinzent