Elles sont considérées comme un trésor national. Les abeilles carnioliennes, seule espèce présente en Slovénie, sont choyées dans ce petit pays d'Europe centrale.
Sur 2 millions d'habitants, 10 000 Slovènes sont apiculteurs. Proportionnellement à la population, c'est presque sept fois plus qu'en France. Véritable passion nationale, l'élevage d'abeilles est même enseigné à l'école primaire.
"Autrefois, il y avait des abeilles dans toutes les fermes de Slovénie. C'était le seul moyen de se procurer du sucre et de la cire pour les bougies", explique Blaž Ambrožič. À quelques kilomètres du majestueux lac de Bled, au nord du pays, il élève près de trois millions d'abeilles avec sa femme Danjela. C'est d'ailleurs elle qui a peint toutes les ruches de l'exploitation, une coutume héritée du 18ème siècle.
Empreinte d'histoire, l'apiculture slovène a quand même su évoluer avec son temps et les nouveaux dangers. C'est le premier pays a avoir interdit les néonicotinoïdes en 2011. Ces pesticides causent la mort des abeilles dans le monde entier. L'année dernière en France, leur nombre a diminuer de 30%. "Ici, si quelqu'un déverse des néonicotinoïdes, il doit payer une amende de plusieurs milliers d'euros", indique Blaž Ambrožič.
"En Slovénie, les abeilles sont protégées des poisons utilisés dans l'agriculture et l'industrie, surtout en ville", déclare Gorazd Trušnovec. Comme Blaž Ambrožič, il est apiculteur. Seulement lui, il élève ses abeilles en plein coeur de la capitale Ljubljana, sur les toits des hôtels, les balcons des immeubles... Avec ses plus de 3 000 ruches urbaines, Ljubljana veut être un modèle pour les autres villes européennes. C'est d'ailleurs la cité la plus écologique du continent.
Selon les experts, un tiers de ce que nous mangeons est le fruit du travail de pollinisation des abeilles. Les protéger est devenu la priorité des apiculteurs slovènes. Une urgence reconnue par les Nations Unies qui ont fait du 20 mai, la Journée mondiale des abeilles. Un reportage d'Alban Mikoczy, Florence Crimon, Adélie Floch et Anne Donadini.
L'info en + : Même si des nouveaux outils facilitent leur travail, les apiculteurs slovènes d'aujourd'hui s'inspirent des méthodes d'hier. Le père de l'apiculture moderne est Anton Janša, professeur d'apiculture à la cour des Habsburg en Autriche il y a deux siècles. "Il a laissé un héritage important aux éleveurs slovènes, qui mettent beaucoup d'amour dans leur travail, comme lui", raconte Petra Bole, directrice de l'unique musée d'Europe sur l'apiculture. Le 20 mai, date de l'anniversaire d'Anton Janša, est d'ailleurs devenu la Journée internationale des abeilles.
Adélie Floch