Giuseppe Conte s'est rendu à Berlin pour s'entretenir avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Le sujet principal : la crise migratoire, récemment au coeur des tensions européennes avec la gestion de l'Aquarius. Afin de mieux contrôler les flux migratoires, Rome réclame des fonds européens, à l'image de la Turquie.
Giuseppe Conte demande de la "solidarité concrète". De passage à Berlin pour rencontrer Angela Merkel, le président du Conseil italien a rappelé que l'Union Européenne devait changer de vision sur l'immigration. En amont du prochain sommet européen, programmé fin juin, et de la présidence de l'Union Européenne de l'Autriche à l'automne, cet échange intervient quelques jours après le rendez-vous de Giuseppe Conte avec Emmanuel Macron, à Paris.
#Merkel: aiuteremo l'Italia sui migranti. #Conte: "Servono soluzioni Ue o finisce Schengen". L'immigrazione al centro dell'incontro bilaterale a Berlino tra la cancelliera tedesca e il presidente del Consiglio → https://t.co/zHJrFgi6cV pic.twitter.com/c3BmdXmErm
— Rainews (@RaiNews) 18 juin 2018
De son côté, Angela Merkel a reconnu que "l'Italie est l'un des pays qui accueille un grand nombre de réfugiés en tant que pays d'arrivée", tout en soutenant le gouvernement de Giuseppe Conte pour réduire l'arrivée des migrants atteignant les côtes italiennes. Pourtant, en 2018, l’Italie a accueilli 82% d'immigrés en moins par rapport à 2017, avec l'ouverture de nouvelles routes migratoires maritimes : vers la Grèce et l'Espagne.
L'Italie a accueilli 750 000 migrants depuis 2010
Le chef du gouvernement italien a sollicité les portefeuilles européens pour résoudre la crise migratoire, à l'image de la Turquie. En mars, la commission européenne a de nouveau débloqué 3 milliards d'euros à Ankara pour l'accueil des réfugiés syriens en Turquie. Le commissaire européen en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos, a promis de dégager des fonds pour venir en aide aux pays qui accueillent des migrants, après la polémique de l'Aquarius. Particulièrement de l'Italie, où Dimitris Avramopoulos a rappelé les « efforts herculéens » des dirigeants transalpins qui ont accueilli plus de 750 000 migrants depuis 2010.
En juillet, le commissaire européen doit rencontrer, en Autriche, le ministre de l'intérieur italien, Matteo Salvini, secrétaire général du parti d'extrême droite, la Ligue. Depuis sa nomination, Matteo Salvini a interdit les ONG qui portaient secours aux migrants en Méditerranée d'accoster dans les ports italiens. Pourtant, depuis 2017, plus de 3 000 migrants sont morts en mer en tentant de rejoindre l'Europe, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Conte compte sur la collaboration de l'UE avec l'Afrique
Giuseppe Conte souhaite réformer le traité de Dublin. Signée en 1990, cette convention a donné des règles communes aux pays européens en matière de droit d'asile. En 2013, le traité de Dublin a été modifié : l'article 13 oblige désormais les pays, où débarquent les migrants, d'examiner leurs demandes d'asiles. Depuis, les centres d’accueil italiens sont saturés. Entre 2013 et 2014, le nombre d'immigrés clandestins qui ont rejoint l'Italie a quadruplé.
Le chef du gouvernement italien compte aussi sur la coordination avec les autres pays bordant la Méditerranée, notamment l'Egypte et la Tunisie. L'Italie espère que les ports africains puissent récupérer les migrants qui tentent la traversée. Le deuxième vœux de Giuseppe Conte serait, selon la presse italienne, d'ouvrir d'autres ports européens à l’accueil des migrants, mais cette hypothèse, pour des questions de logistiques, semble peu probable. Enfin, pour résoudre la crise migratoire, l'Italie songe à un renfort très conséquent des gardes-côtes pour contrôler les frontières du pays.