Pour sa première réforme, Luigi Di Maio s'attaque aux emplois précaires

"J'ai décidé de déclaré la guerre à la précarité". Dix-huit jours après sa nomination au ministère du travail et du développement économique, Luigi Di Maio s’attaque à sa première réforme. Le leader du Mouvement 5 étoiles souhaite modifier la législation concernant les emplois précaires. Avec en ligne de mire les entreprises de livraisons de repas à domicile, qui recrutent à tour de bras chez les jeunes.

Luigi Di Maio veut donner plus de droits aux jeunes travailleurs, en priorité aux plus précaires, comme il l'avait martelé durant la campagne électorale. Le ministre italien du travail cible particulièrement les "riders", les livreurs de repas à domicile circulant à vélo ou en scooter. Une réforme qui n'est pas du goût des entreprises concernées. Gianluca Cocco, directeur de Foodora Italie, est allé jusqu'à menacer le gouvernement de quitter le pays en cas d'adoption de la nouvelle loi.

La première ébauche de la loi concernant les livreurs est prête. Selon la presse italienne, le gouvernement souhaite l'adopter avant la fin du mois de juin. Le but ? Leur donner un cadre législatif pour mieux les protéger : au niveau de leur contrat, mais aussi de leur paie. Pour l'instant, les coursiers sont rémunérés "à la tâche". Un point que veut interdire le nouveau gouvernement. "Les multinationales doivent arrêter d'exploiter leurs travailleurs", a déclaré le ministre de l'intérieur, Matteo Salvini. Le secrétaire du parti d’extrême droite, la Ligue, vise les plateformes de repas à domicile, mais aussi de location de biens immobiliers, comme Airbnb.

Un revenu minimum pour les coursiers

Ce lundi 18 juin, une rencontre entre les autorités et des chefs d'entreprises de Deliveroo, Glovo, Justeat et d'autres service de livraisons à domicile a lieu pour présenter les points fondamentaux de la réforme. Luigi Di Maio souhaite avant tout que chaque travailleur, qui passe via une plateforme numérique pour exercer son métier, soit considéré comme un salarié. Par conséquent, les livreurs auront droit à leurs indemnités (d’arrêt maladie, de maternité ou de paternité...). Surtout, les coursiers pourront percevoir un revenu minimum, dit de "disponibilité", qu'il leur assurera une paie entre chaque course. Enfin, les travailleurs auront le droit à la déconnexion : en dehors du temps de travail, l'employeur ne pourra pas envoyer de messages à ses coursiers pendant onze heures d'affilées.

En France, le projet de loi "avenir professionnel", présenté le 11 juin à l'Assemblée nationale, souhaite donner des droits aux travailleurs précaires des plateformes numériques. Les livreurs à vélo, pour la plupart obligés d'adopter le statut d'auto-entrepreneur, sont environ un million à pédaler dans les rues de France. Le gouvernement français souhaite assurer un salaire minimum aux livreurs en adoptant une charte de responsabilité. Un modèle qui pourrait inspirer Luigi Di Maio et l'Italie pour constituer la première réforme du travail du gouvernement Conte.