Vidéo : Retour à la terre pour les jeunes italiens

Dans les campagnes italiennes, c'est un phénomène récent, et qui s'accentue. Les jeunes redécouvrent le métier d’agriculteur. Souvent citadins et surdiplômés, leur nombre a progressé de 35% ces deux dernières années.


Du nord au sud de la Péninsule, on compte plus de 50 000 agriculteurs de moins de 35 ans. Ce nombre pourrait doubler d’ici 2020 d’après Coldiretti, le principal syndicat de la profession. Certains ont repris l’exploitation familiale tandis que d’autres, venus des villes, ont fait le choix du retour à la terre.

Un terroir à préserver

C’est par exemple le cas de Domenico, 30 ans, agriculteur depuis trois ans. Sur les coteaux de Calabre, il a repris une exploitation laissée à l’abandon. 5 hectares de mûriers dont les feuilles nourrissent les vers, pour faire de la soie : « Je suis revenu à la terre parce que c’est l’avenir. Le futur des jeunes passe par ici. Il y a nos origines, nos racines, notre terroir. »
Cette vie de paysan est à mille lieux de Naples, la grande ville où il se préparait à devenir sociologue. Pour s’installer, il a bénéficié d’aides de la commune et du gouvernement.

Dans un pays où le prix de la terre est bien plus élevé que chez les voisins français ou allemands, le gouvernement italien a, pour l’heure, débloqué près de 60 millions d’euros afin de permettre aux néo-agriculteurs d’acquérir 8 000 hectares de terres.
Domenico est très satisfait de sa nouvelle vie mais il estime également avoir une mission. Selon lui, il « contribue à garder cette terre vivante et essaye de préserver l’environnement. »

A la ferme, il travaille avec sa compagne Miriam, auparavant salariée dans une compagnie aérienne à Berlin. Diplômée en langue, elle a été licenciée de son premier emploi et s'est alors formée à la technique de la soie. Elle adore sa nouvelle vie. « Avec l’agriculture, on ne devient pas riche mais on a une vie authentique et digne. Alors on fait beaucoup de sacrifices mais, au final, la satisfaction n’a pas d’égal. »
Et la petite entreprise fonctionne bien. Avec les vêtements et les bijoux faits en soie, le couple de jeunes agriculteurs gagne plus de 4 000 euros par mois. En Italie, c’est l’équivalent de deux salaires de cadres.

Le retour à la nature séduit de plus en plus de jeunes italiens. Au cours des deux dernières années, leur nombre a augmenté de 35% et, aujourd’hui, près d’une entreprise agricole sur dix est dirigée par un jeune de moins de 35 ans.

L’agriculture 2.0

Dans le même village, c’est aussi le cas de Stefano. Au départ, ce jeune homme de 29 ans a créé un potager grand comme sept terrains de football. Mais sa plus grande fierté, c’est son moulin ultra-moderne. Diplômé en informatique et en économie, il était à l’origine destiné à la Silicon Valley. Au final, il a préféré se lancer un défi chez lui, dans sa région. « En Calabre, il y a peu d’emplois donc créer une activité qui permet à des familles de vivre, c’est essentiel. Ici, nous sommes tous jeunes car nous inventons notre travail. »

Les méthodes sont traditionnelles mais l’ambiance est celle d’une start-up. C’est d’ailleurs par internet que Stefano a levé 500 000 euros de financement participatif. En moins d’un an, il a déjà recruté sept salariés. Pour eux, c’est une opportunité unique. « Comme beaucoup de jeunes, je ne trouvais pas de travail. J’ai donc failli partir à l’étranger. Mais grâce à Stefano, je suis heureux de pouvoir vivre ma passion dans mon village » explique l’un d’entre eux.
Ces paysans sont ceux d’une nouvelle ère puisque près de 57% d’entre eux misent sur l’innovation. Résultat, la péninsule conforte sa place de troisième puissance agricole d’Europe, derrière la Pologne et la Roumanie.

Pour 2018, le gouvernement prévoit d’autres mesures afin d’inciter les jeunes à ouvrir une exploitation agricole. Tout d’abord, les moins de 40 ans obtiendraient une exemption sur le paiement des cotisations de sécurité sociale pendant trois ans puis une réduction sur la contribution. En outre, de nombreux avantages fiscaux liés à la TVA sur la vente d’animaux vivants verront le jour. Ces mesures ont pour but de contribuer à « donner un avenir au secteur primaire » comme l’explique Coldiretti.

Grâce au retour à la campagne de ces jeunes agriculteurs, l’Italie est devenue le pays d’Europe qui emploie le plus de jeunes dans le secteur de l’agriculture.