Les drapeaux ne sont pas en berne et pourtant c'est une ambiance de deuil qui règne sur toute l'Italie ce matin. Pour la première fois depuis 60 ans, son équipe de football ne participera pas à la coupe du monde.
Dans les kiosques aujourd'hui, les journaux italiens titrent sur "La fin", allant même jusqu'à parler d'apocalypse. Le lendemain de la veille est difficile, non seulement pour les supporters, mais pour l'Italie toute entière, où le football est une religion. Dans les rues de Rome, ils commentent cet échec, incrédules. "Vous êtes des sadiques ! Sadique, ça veut dire qui appuie là où ça fait mal", " ça ne va pas, vous le voyez à ma tête non ?", "on a été éliminé, c'est une tragédie".
Hier soir au coup de sifflet final, l'heure était à la désolation dans le mythique stade San Siro de Milan. L'Italie n'ira pas en coupe du monde mais c'est aussi le dernier match du monstre sacré de "La Nazionale", son symbole depuis 20 ans, le gardien de but Gianluigi Buffon.
Les larmes de "Gigi", comme l'appellent les italiens, ont fait frissonner toute la péninsule après 90 minutes interminables pour les supporters. Les images du gardien en pleurs continuent de faire le tour des télévisions et sites d'information. Bouleversé, il a confié à la Rai, la télévision publique italienne " Je suis désolé, tellement désolé. Pas pour moi, non, mais pour tout le football. Nous avons échoué, je sais que cela a une importance sociale pour tout le pays. C'est sûr, nous n'avons pas réussi à faire de notre mieux, mais c'est aussi sûr que le foot italien a un avenir. Nous sommes têtus, obstinés, nous avons la force et la fierté, après les mauvaises chutes, on trouve le moyen de se relever. "
Buffon devait participer à sa dernière coupe du monde après 20 ans de carrière internationale. La Suède en a décidé autrement, empêchant à l'Italie de marquer ne fusse qu'un but d'avance, la condition pour espérer se qualifier aux Mondiaux. 0-0, "un score inutile et dépriment", "la page la plus noire de l'histoire du football italien" écrit Il Messaggero, l'"Apocalypse", titre La Gazzetta dello sport.
Gian Piero Ventura, le capitaine de l'équipe, a "demandé pardon aux italiens" hier en conférence de presse. "Désolé pour le résultat, mais pas pour notre engagement, volonté et professionnalisme. Mais je sais que c'est le résultat qui compte, je le sais." Le capitaine continuera-t-il son aventure avec l'Italie ? "Mon état d'esprit ne me permet pas d'affronter cette question ce soir. On se verra avec les dirigeants, je leur dirai ce que je pense et j'accepterai les décisions qui seront prises."
Récupération politique
Dans un tweet qui a rapidement suscité l'indignation, Matteo Salvini, le leader du parti d'extrême droite de La Ligue du Nord n'a pas hésité à remettre la faute sur les étrangers. "Il y a trop d'étrangers sur le terrain et voilà le résultat. Stop à l'invasion et plus de place pour les jeunes italiens, aussi sur les terrains de foot".