Paris célèbre le bicentenaire de Gounod, l'auteur de "Faust"

Une gravure d'époque de "Roméo et Juliette" de Gounod ©Luisa Ricciarini/Leemage

Le centenaire de la mort de Debussy aurait pu occulter le bicentenaire de la naissance de Charles Gounod. Il n'en est rien, en ce mois de juin en tout cas. Divers concerts célèbrent dans la capitale la naissance de l'auteur de "Faust"

La Castafiore

"Ah! je ris de me voir si belle en ce miroir". A travers une phrase, répétée (roucoulée) à satiété par la Castafiore dans les albums de Tintin, des millions de lecteurs dans le monde ont côtoyé Gounod, sans le savoir. Ce mois de juin est l'occasion d'aller plus loin dans la connaissance de l'homme qui naquit le 17 juin 1818 à Paris, place Saint-André-des-Arts.

Une vocation religieuse

Charles Gounod hésita longtemps entre sa vocation religieuse (la prêtrise le tentait) et une destinée profane et l'on dit que c'est Pauline Viardot, la cantatrice, soeur de La Malibran, qui, en lui fournissant le sujet de son premier opéra, "Sapho", le fit basculer dans la carrière musicale. Encore qu'il ne soit pas interdit à un prêtre de composer, mais peut-être pas des sujets comme "La nonne sanglante" qu'on entend en ce moment à l'Opéra-Comique (et que Culturebox diffuse ce soir)

La dernière de "La nonne sanglante" sera jeudi 14. C'est aussi ce soir-là qu'on entendra au Théâtre des Champs-Elysées la version d'origine de "Faust", dont on joue le plus souvent une mouture révisée dix ans plus tard. Véronique Gens sera Marguerite et Jean-François Borras Faust, sous la direction d'un Christophe Rousset qui abandonne provisoirement le répertoire baroque.

Gounod dans la quarantaine C) Ann Ronan Picture Library

Il n'y a pas que "Faust"

On a déjà entendu (avec le soutien actif de la fondation Bru Zane et dans le cadre de son festival), au théâtre des Bouffes-du-Nord, un quatuor à cordes de jeunesse, un concert religieux dirigé par Hervé Niquet ("Messe vocale", "Les sept dernières paroles du Christ sur la Croix"), un choix de mélodies par le baryton Tassis Christoyannis, où Gounod voisinait avec Lalo et Saint-Saëns.

Il y aura enfin le 16 juin un "Gala Gounod" à l'Auditorium de Radio-France: que des airs d'opéra (Faust, Sapho, Roméo et Juliette, Mireille, Cinq-Mars) à l'exception de "Mors et Vita", un oratorio. Elsa Dreisig, Kate Aldrich, Jodie Devos, Benjamin Bernheim, Patrick Bollaire, seront dirigés par Jesko Sirvend à la tête de l'orchestre National de France.

Pour ses obsèques: Saint-Saëns, Fauré...

"Faust" est le vrai reflet de cet homme partagé entre la chair et la mystique, et dont l'oeuvre religieuse (Messe de Sainte-Cécile, Requiem, Messe solennelle de Pâques) est aussi importante que l'opéra (Gounod, à l'exception de deux symphonies et de quelques quatuors à cordes, n'écrivit quasiment que pour la voix)

La rencontre avec un peintre

A ses obsèques en octobre 1893 dans l'église de la Madeleine, Camille Saint-Saëns tenait l'orgue et Gabriel Fauré dirigeait la maîtrise. C'est dire la reconnaissance dont était entouré l'homme qui, cinquante ans plus tôt, professeur de solfège dans une école primaire du quartier des Halles, avait repéré la voix ravissante et la musicalité d'un de ses jeunes élèves, au point de tenter de le diriger à son tour vers une carrière musicale. Le gamin en question s'appelait Auguste Renoir. On sait dans quelle branche il se fit connaître! (L'anecdote est racontée par Renoir lui-même dans le livre de souvenirs d'Ambroise Vollard, son marchand: "En écoutant Cézanne, Degas, Renoir")