20 Mai

Plouguernével : il y aura bientôt une micro-filature en Bretagne

Éducatrice auprès des jeunes enfants, quand elle a un peu de temps libre, Émilie Renard le passe derrière son rouet à filer la laine. C’est même devenu une passion, qu’elle partage avec son mari, Nicolas Besseau qui l’aide à nettoyer les toisons. Et bientôt son métier.

À Plouguernével, en effet, petite commune du centre Bretagne, le couple a décidé de créer La Petite Filature Bretonne. Ce sera la première filature artisanale en Bretagne. Le budget est bouclé, les travaux vont débuter au mois de juin. Pour le couple, l’envie de se lancer dans une telle aventure remonte à un peu plus de deux ans.

« En allant chercher mes toisons, chez des particuliers ou des éleveurs, on s’est rendu compte avec mon mari que la plupart du temps celles-ci n’étaient pas transformées. Soit elles étaient jetées, soit elles servaient à faire du paillage ou d’autres petites choses comme ça. »

De la laine de moutons, mais aussi d’alpagas, de chèvres mohairs, de lapins angoras.

Des fibres locales transformées en Bretagne

Pourtant, le couple est convaincu, la laine est une matière noble, naturelle, et un gisement important existe en Bretagne qui ne demande qu’à être valorisé. Les filatures en France sont débordées, et les particuliers ou les petits éleveurs qui souhaitent transformer leurs laines n’ont d’autres choix que de se regrouper pour envoyer leur production dans d’autres pays d’Europe, voir même en Asie.

« Leur retour en Europe sous forme de produits finis leur donne un bilan social et environnemental catastrophique », déplore Émilie Renard.

La Petite Filature Bretonne offrira donc une alternative aux petits propriétaires de moutons, mais aussi d’alpagas, de chèvres mohairs, de lapins angoras. Les fibres seront transformées sous forme de nappes cardées, rubans peignés, plaques de feutre ou fils. Une solution locale pouvant traiter de toutes petites quantités de laine.

« Dans une filature traditionnelle, en général, il faut au moins 100 kg. Chez nous, ce sera dès le premier kilo. Ça veut dire que même si on a qu’un mouton, on pourra transformer sa laine », précise Émilie Renard.

Émilie Renard et Nicolas Besseau devant la longère, avant les travaux d’aménagement de la Petite Filature Bretonne.

Le projet est sur de bons rails

Le coût du projet s’élève à 206 000 euros. Pour le boucler, le couple a su convaincre de nombreux partenaires, bénéficier de subventions de la Communauté de commune du Kreizh Breizh, de l’ADEME, du parrainage de quatre clubs Cigales, d’un prêt d’honneur, d’un prêt bancaire qui viennent s’ajouter à des fonds propres.

Une campagne de financement participatif lancé le 5 avril a même permis de collecter 12 350 € (+165 % de l’objectif fixé), et les compteurs continuent de tourner. Cette somme est destinée à rénover la longère dans laquelle Émilie Renard et Nicolas Besseau prévoient d’aménager leur filature.

Le début des travaux est programmé pour le mois de juin, l’arrivée des machines au mois de septembre. Si tout va bien, la Petite Filature Bretonne pourra produire ses premières fibres locales avant la fin de l’année 2019.