« Pour votre santé, bougez ! » C’est le slogan des autorités de santé. Mais lorsque l’on souffre de maladies chroniques, de handicap ou tout simplement en vieillissant, on a tendance à se dire, « le sport, ce n’est plus pour moi ». Pourtant si. Et c’est ce que l’on appelle « l’activité physique adaptée ». Des activités adaptées à notre état de santé.
Par Stéphanie Labrousse
Le constat est là : nous ne bougeons pas assez dans notre société moderne où tout est fait pour nous simplifier la vie…Sans parler des heures passées assis au bureau ou devant les écrans à la maison.
Oui, mais voilà, la sédentarité nuit gravement à notre santé.
Elle est devenue la première cause de mortalité devant le tabac.
(Vidéo réalisée par Sophie CHA – médecin conseiller DRJSCS Bretagne)
Pas facile de se mettre au sport ? En fait, pas si compliqué que cela. Même si l’on souffre de pathologies chroniques ou de handicap, même si le corps a bien vieilli, des activités physiques sont à notre portée, adaptées à nos besoins, à notre état de santé et encadrées par des professionnels dûment formés.
Selon le docteur Sophie Cha, médecin conseiller régional à la Direction Régionale Jeunesse, Sports et Cohésion Sociale de Bretagne, « l’activité physique adaptée s’adresse initialement aux patients porteurs de pathologies chroniques (le diabète, les maladies cardio-vasculaires, cardio-respiratoires, cancers…etc…) qui ont des capacités physiques diminuées et qui doivent être pris en charge de manière adaptée à leurs compétences physiques. »
À l’EHPAD de Vezin-le-Coquet près de Rennes, les résidents ou usagers de l’établissement, ont plusieurs activités motrices dans la semaine. Taï-Chi, ateliers « Marche/Equilibre » et chaque jeudi, c’est séance de Marche Nordique avec un coach santé du Stade Rennais Athlétisme.
Un ancien athlète de haut niveau formé pour adapter les séances d’activités physiques auprès de publics fragilisés.
Adapter l’activité : le maître-mot
Hugo Mamba, le coach, prend donc en compte les spécificités de son groupe, en l’occurrence, avec les seniors, toutes les contraintes liées à l’âge. Alors pour commencer, échauffement assis, en douceur avec le plus de pauses possibles. Ensuite, en route pour une marche nordique, avec des bâtons.
Des bâtons qui permettent d’alléger le poids et les contraintes au niveau des articulations.
Une marche au grand air, dont la durée est dosée. Pas besoin de faire des kilomètres pour commencer. 15 à 20 minutes pour nos aînés de l’EHPAD de Vezin-le-Coquet, c’est bien suffisant. Ce qui est certain, c’est qu’ils vont progresser au fur et à mesure…à leur rythme.
De la marche nordique qui fait travailler le renforcement musculaire, équilibre, respiration et visiblement ça n’a que du bon. « On fait de l’activité physique, on dort, on récupère bien, on a faim, on mange mieux et donc on agit sur sa santé » nous explique Hugo Mamba, le coach santé. Le personnel soignant de l’EHPAD le constate. Cela fait quatre ans désormais que les résidents se voient proposer cette activité.
(Reportage de Stéphanie Labrousse, Thierry Bouilly, Patrice Hennetier et Jean-François Barré)
Une activité physique adaptée…à la maison
Frédéric, lui n’est pas senior. C’est un trentenaire qui a opté pour de l’activité adaptée à la maison. Un jeune homme handicapé à la suite d’un accident.
Il y a bien eu les séances de sport au centre de rééducation, les activités avec ergothérapeute, kiné, et même profs de sport. Mais ensuite, il a fallu trouver le moyen de continuer.
Alors, Frédéric a contacté Margaux Betton, titulaire d’un Master Mouvement Sport et Santé qui aujourd’hui encadre ses séances de renforcement musculaire.
« On se rend compte du maintien que ça me donne de travailler les abdos, explique Frédéric. En plus, articulairement, c’est vachement bénéfique. Je ne ressens plus de douleur dans les épaules ou dans le dos, les douleurs chroniques que je peux avoir d’habitude en fait. »
Margaux, sa coach, travaille avec des personnes atteintes de pathologies chroniques, de handicap moteur. Toute tranche d’âge et tous profils explique-t-elle. « J’ai aujourd’hui un panel de 7 ans à 97 ans, c’est vraiment un panel large. (…) Au départ, on a un entretien individuel avec la personne, on se rencontre et en fonction de sa pathologie, de ses besoins, on bâtit un protocole adapté à ses capacités et à ce qu’il souhaite tout simplement. »
L’activité physique : une thérapie non-médicamenteuse
Est-ce à dire qu’une activité permet de prescrire moins de médicaments ? « Oui, répond le docteur Sophie Cha. Ça a été prouvé sur l’hypertension, le diabète, sur les maladies débutants… Pratiquer une activité modérée classique avec un volume de 30 minutes par jour peut permettre de supprimer un médicament dans ces pathologies. »
Bon pour la santé, mais la sécurité sociale ne rembourse pas ces séances d’activité physique adaptée. Du moins pas encore. Par contre, sachez que certaines mutuelles prennent en charge certains frais. Aussi, si vous souhaitez vous mettre à une activité physique adaptée, parlez-en à votre médecin, ou rendez-vous sur le site mis en place par l’Agence Régionale de Santé Bretagne.
Les autorités de santé le rappellent : le sport, l’activité physique c’est bon pour la santé en curatif et en préventif. Et pour conclure, cette ordonnance de base du docteur Sophie Cha, valable pour nous tous :
30 minutes d’activité physique modérée par jour, d’activité faisant travailler un petit peu le cœur, transpirer, essouffler… Courir, nager, pédaler. Tout ce qui met en mouvement. Associez à cela, deux fois par semaine, des séances de renforcement musculaire et d’étirements, à la maison avec des élastiques et des petites haltères.