Le très cher train de vie de l’ordre des chirurgiens dentistes

L’ordre des chirurgiens-dentistes est chargé de veiller aux bonnes pratiques de la profession. La cour des comptes a ouvert leurs dossiers. Ce qu’elle a découvert ? Des cadeaux de luxe, et des jolis voyages…L’ordre des chirurgiens-dentistes est financé à hauteur de 20 millions d’euros grâce aux cotisations des dentistes eux-mêmes. Mais où va l’argent ? Parmi les perles relevées par la Cour des comptes : D’importantes indemnités, versées aux 19 membres du conseil national. Plus de 600 000 euros en 2015. Pour les plus privilégiés, 50 000 euros chacun, par an, en moyenne. Ces indemnités sont légales mais très loin de l’esprit de la loi qui voulait que ce travail soit bénévole.8 responsables ont un appartement de fonction. Cela représente 100 000 euros de frais l’année dernière.

Et ce n’est pas fini… L’ordre des chirurgiens-dentistes est généreux avec ses membres et parfois leur famille. ll offre des cadeaux : des bijoux, une montre sertie de diamants, des grands vins, des accessoires de haute couture. Il y aurait aussi des voyages. Comme un séjour de 4 jours en Corse, en 2012. Pour des raisons professionnelles ? Pas vraiment, selon la cour des comptes : "Ce voyage, réalisé sous couvert d’une « réunion confraternelle » avec les membres du conseil départemental de l’Ordre de Corse du Sud, a, en réalité, été conçu et organisé comme un voyage d’agrément : présence de conjoints, traversée depuis le continent avec des motos, hôtel de charme"

Alors comment expliquer tous ces cadeaux ? L’ordre des dentistes conteste en avoir offerts certains cités par la cour des comptes, comme la montre sertie de diamants. Mais son président reconnaît que pour d’autres, une bonne bouteille de vin par exemple, ça peut arriver : " Vous trouvez anormal de temps en temps, de donner un stylo ou un pull ?", se défend Gilbert Bouteille, président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes. La cour des comptes, elle ne trouve pas ça tout à fait normal.  Elle demande un contrôle renforcé des comptes et de la gestion de l’ordre des chirurgiens-dentistes.

 

Areva: une usine livrée avec 32 ans de retard ?


Areva, le fleuron français du nucléaire connaît des ratés retentissants. Aux Etats-Unis, une usine d’Areva pourrait être livrée avec 32 ans de retards !

C'est au Sud-Est des Etats-Unis que se situe l’usine Areva. Il s'agit d'un chantier colossal de 1500 ouvriers pour une usine commandée par le gouvernement américain afin de transformer du plutonium militaire et en faire de l’électricité.

Associée à une entreprise américaine, Areva lance les travaux en 2007. Problème, selon un rapport du ministère de l'énergie américain, les erreurs s’enchaînent et les coûts explosent :

  • En 2007, la fin du chantier est annoncée pour 2016 pour un coût de 4,8 milliards.
  • Cinq ans plus tard, le projet est réévalué à 7,7 milliards et prévu pour une livraison en 2019.
  • Aujourd’hui, le coût est faramineux. 17 milliards d’euros. Livraison en 2048.  

Comment en est-on arrivé là ? A Washington, nous avons retrouvé l’une des rares personnes à avoir visité le site. C’était en mars dernier. Il a relevé des erreurs grossières : "Le problème avec ce projet c’est qu’il n’a pas été bien planifié. Ils ont livré des équipements mais ils n’avaient nul part où les stocker".

223 millions d'euros pour racheter du matériel mal stocké qui a rouillé

Des erreurs étonnantes sont décrites dans ce rapport du ministère de l’énergie américain. 

En voici quelques unes :

  • Pour du matériel mal stocké qui rouille et qu’il faut remplacer, le surcoût est de 223 millions d’euros.
  • Pour des équipements devenus obsolètes à cause des retards et qu’il faut changer, 470 millions d’euros supplémentaires.

Cette usine sera-t-elle finie un jour ? Rien n'est moins sûr. Entre le gouvernement américain et Areva, il y a comme un léger désaccord sur l’avancement du chantier. Dans ce rapport on lit que "66% des tuyaux ont été livrés". Mais pour le gouvernement américain, "seulement 1% a été installé, inspecté et contrôlé".

Résultat, pour l’administration américaine, moins d’un tiers de l’usine est terminée et sera livrée en 2048. Nous sommes allés poser la question à Areva. Son porte-parole conteste : "On ne cautionne pas naturellement le délai de 2048, on en est à 72% d’avancées, si le budget du département à l’énergie est conséquent, le projet va continuer d’avancer et sera fini d’ici une dizaine d’années."

Une dizaine d’années, c’est déjà ce que promettait Areva lors du lancement des travaux. Rendez-vous donc en 2027 pour une nouvelle estimation... si le projet n’est pas enterré d’ici là.

Les Camemberts: sont-ils tous Normands ?

Vous raffolez peut-être de Camembert, mais avez-vous bien regardé les étiquettes ? Sur certaines boites, il est écrit « Camembert de Normandie », sur d’autres « fabriqué en Normandie ». Quelle différence ? Ces fromages sont-ils tous vraiment normands ?

Le Camembert de Normandie est bien 100% normand, certifié par une AOP, une appellation d'origine protégée. L’un des derniers à en produire, c’est Patrick Mercier, éleveur-producteur à Champsecret. Il doit respecter un cahier des charges bien précis : utiliser du lait cru, le moulage à la louche doit être manuel. “ On doit mettre 5 louches à 40 min d’intervalles” précise le producteur. Et 50% du troupeau doit être composé de vaches normandes, et pâturer 6 mois de l’année dans une zone géographique bien précise.

En revanche, pas de cahier des charges aussi strict pour le Camembert “fabriqué en Normandie”, souvent produit par des industriels. Malgré de belles images de vaches normandes sur la boite ou des références à la tradition, seule certitude : l’usine de production est en Normandie, mais le lait peut venir d’ailleurs.
Patrick Mercier dénonce une pratique mensongère : « les grandes marques utilisent l’image de la vache normande, les prairies, le savoir-faire traditionnel… vous entendez tout ça sur toutes les grandes marques de Camembert de copie et nous qui faisons le vrai, nous le disons mais rien de plus qu’eux. Le consommateur est trompé quand il achète. »

"Fabriqué en" non conforme à l'UE

D’autant que, selon le règlement européen, le mot « Normandie » est réservé à l’AOP : “les dénominations enregistrées sont protégées contre (...) toute usurpation, imitation ou évocation” précise-t-il.

Alors pourquoi les industriels utilisent-ils tout de même la mention “fabriqué en Normandie? Aucun n’a accepté une interview. Au téléphone, l’un d’eux nous explique que la Normandie, c’est vendeur. “Aujourd’hui, on sait que tout ce qui est régional, local est important aux yeux des consommateurs. Et puis il y a l’export aussi, le mot Normandie est autant connu que le mot Paris et France.”

En France, le gardien des appellations, c’est l’INAO, l'Institut national de l'origine et de la qualité. Son président, Jean-Luc Dairien, reconnaît que le “fabriqué en Normandie” n’est pas conforme aux textes européens, alors il espère trouver une solution… par la négociation : “notre objectif est d’être en conformité avec le règlement, il n’est pas de donner un coup de frein aux uns et un coup d’accélérateur aux autres », explique-t-il.

En 2015, d’après le centre national interprofessionnel de l'économie laitière, il s’est vendu 65 000 tonnes de Camemberts fabriqué en Normandie et 5000 tonnes de Camemberts de Normandie. Le pot de fer contre le pot de terre...

Hamon / Macron : les députés PS voteront pour qui ?

Entre rester loyal à Benoît Hamon ou rejoindre Emmanuel Macron, le coeur des députés socialistes balance. Pour qui voteront-ils ? L’Oeil du 20h leur a demandé.

Sur les 227 parlementaires qui nous ont répondu, à ce jour, 146 assurent Benoît Hamon de leur fidélité. 19 soutiennent Emmanuel Macron. 62 n’ont pas encore pris leur décision.

Une hémorragie limitée

Premier constat, peu de députés PS font défection. La vague Macron n’a pas submergé le parti socialiste. Luc Carvounas, un soutien de Manuel Valls lors de la primaire, ironise sur cette « hémorragie qui n’a pas eu lieu et qui s’est transformée en un petit ruisseau vis-à-vis d’Emmanuel Macron ».  Les 62 députés indécis le sont-ils vraiment ? Ils pourraient tourner le dos à Benoît Hamon à en écouter certains.

Quoiqu’il arrive, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a prévenu : ceux qui parraineront Emmanuel Macron seront exclus du parti à la rose.

Attachés parlementaires : les députés respectent-ils la loi ?

A l’Assemblée nationale les députés font la loi. Mais eux-même la respecte-t-il ?
Nous avons enquêté sur les contrats de leurs attachés parlementaires : ceux qu’ils embauchent pour les assister. Des contrats pas toujours respectueux du code du travail. C’est pourtant la règle !

50 heures par semaine au moins, payées 35

Ils sont 2018 collaborateurs, embauchés en CDI mais en fait il s’agit d’un CDD puisque le contrat s’arrête à la fin de chaque mandature des députés. En fait, le contrat du collaborateur parlementaire est « attaché » à celui du député. Le contrat mentionne, à l’article 4, que le salarié est employé pour une durée légale du travail de 35 heures. Sauf que les assistants parlementaires, souvent non-cadre, font plutôt 50 heures par semaine et touchent 2500 euros bruts par mois, en moyenne.
Ce sont des heures supplémentaires non déclarées et donc non payées : ça n’est pas très légal ! Un avocat nous le confirme. En 2015, un rapport commandé par l’assemblée nationale souligne les risques qu’encourent les députés : des peines de contravention, d’amende, voire d’emprisonnement.

Des contrats flous qui facilitent les abus

Nous avons rencontré un des rares parlementaires qui acceptent de nous en parler, ouvertement, et de reconnaître des abus. Et c’est justement parce que les contrats de travail sont imprécis, sans cadre juridique que ces abus sont possibles. Dans le contrat, aucune précision sur le travail à fournir pour des employés souvent très diplômés, qui n’ont pas de convention collective. Cela mène parfois à des dérives. Une ancienne collaboratrice accepte de nous raconter certains de ces abus. Par peur de briser leur carrière, peu d’assistants osent attaquer leur député en justice.

En novembre dernier, les attachés parlementaires ont obtenu quelques avancées avec un accord collectif, qui propose une indemnité de fin de contrat aux collaborateurs. Mais attention ! Ces avancées restent au bon vouloir du député… Pour la reconnaissance du statut des assistants parlementaire : il y a encore du travail !

Islamisme radical : ces écoles qui inquiètent la République


Les écoles que vous allez découvrir n’ont rien à voir avec l’école publique. Elles sont hors contrat, parfois illégales, et même clandestines. On y enseigne à des enfants un islam souvent radical.

Pendant plusieurs semaines, nous avons enquêté sur ces établissements qui échappent au contrôle de l’Etat. A Toulouse, dans le quartier du Mirail, cette école hors contrat a ouvert il y a 3 ans. Elle accueille une cinquantaine d’enfants en classe de primaire.

Alors que nous sommes devant l’école, un parent d’élève nous interpelle. Il a inscrit son enfant ici. Il rejette l’école publique. Pour lui, "dans les écoles publiques, le niveau est désastreux, il y a des professeurs qui ne sont pas compétents, c’est la jungle, on laisse les élèves parler mal devant les professeurs sans qu’aucun professeur ne réagisse, c’est désastreux."

Est-ce la seule raison qui incite ce parent d’élève à scolariser son enfant ici ? Nous avons sollicité Abdelfattah Rahhaoui, le directeur de l’école. Il a accepté de nous la faire visiter.

Pendant la visite, voilà ce qu'il déclare : "nous ce qu’on recherche, c’est que ces musulmans stigmatisés et mis sur la marge qu’ils puissent être meilleurs et très bons intellectuels".

Une mixité feinte

Un enseignement classique, le directeur nous le répétera plusieurs fois. Au détour d’un couloir, nous découvrons un autre aspect de cette école. Une assistante, entièrement voilée.

Dans cette classe de CM1, à 9 ans, les fillettes elles aussi sont voilées. La religion prend beaucoup de place et les réponses semblent apprises par cœur. Nous interrogeons un élève : "Pourquoi vous êtes dans cette école ? parce c’est une école musulmane, et nous on est des musulmans et  pour apprendre le Coran, le français, les maths et tout et tout et l’arabe aussi..."

Sur l’emploi du temps affiché en classe, huit heures et demi d’arabe, de Coran et d’éducation islamique par semaine, le matin et l’après-midi. Pour l’inspection académique de Toulouse qui a contrôlé l’école en avril dernier, cette répartition pose problème. Dans son rapport, elle écrit : "Pas d’enseignement des sciences, de l’histoire et de la géographie", "Enseignement moral et civique réduit à l’éducation islamique", "L’étude quotidienne du Coran oblitère le temps de façon importante et réduit les séances consacrées aux connaissances et compétences minimales à faire acquérir."

Abdelfattah Rahhaoui conteste ces conclusions. Un autre point aurait attiré l’attention de l’administration : la mixité. Pendant notre visite, nous avons vu des garçons et des filles jouer ensemble. Pourtant, nous avons recueilli le témoignage d’une ancienne enseignante. Pour la protéger nous avons reconstitué cet entretien. A l’entendre, le directeur de l’école ferait tout pour limiter la mixité. Voici ce qu’elle nous raconte : "La récréation tout le monde sort mais toujours un coin pour les filles, un coin pour les garçons. Même quand ils mangent, les garçons dans un coin, les filles dans l’autre. Non pour la mixité, il est dur dur…"

L’inspection académique a décidé d’engager des poursuites. Abdelfattah Rahhaoui est aussi connu des services de police pour sa radicalité. Le 15 décembre, le tribunal a ordonné la fermeture immédiate de l’école après 3 ans d’activité. Abdelfattah Rahaoui a été condamné à de la prison avec sursis pour enseignement non conforme, ouverture illégale d’un établissement scolaire et violences sur mineur. Il a décidé de faire appel. Mais la semaine dernière, l’école accueillait toujours des enfants.

A Toulouse, l’éducation nationale connaissait l’existence de l’établissement. Mais d’autre écoles se rendent indétectables. Elles sont clandestines.

Des écoles indétectables par les autorités

A Saint-Denis, au nord de Paris, au pied de cet immeuble, rien n’indique la présence d’une école. Et pourtant, chaque matin, des parents y déposent leurs enfants. Une trentaine de garçons et de filles de 2 à 10 ans. Les fenêtres sont obstruées. Le portail est cadenassé. Pas de récréation, les enfants restent à l’intérieur toute la journée.

Nous nous faisons passer pour des parents qui cherchent à inscrire leur enfant. Nous abordons une enseignante. Elle nous explique la répartition des cours: "Le matin c’est les ateliers. Et l’après midi c’est tout ce qui est langue, arabe coran anglais."

Le directeur s’occupe du primaire. Il est débordé. "Franchement je n’ai pas le temps j’ai ma classe. J’ai ma classe, il faut que je m’en charge, je peux pas les laisser tout seuls."

Quant aux parents, leurs motivations sont religieuses. Un parent nous dit : tu vois, ta fille elle rentre, elle récite une petite sourate, des invocations, elle parle un peu arabe, c’est d'la bombe. C’est bien le père noël ? non c’est pas bien".

Cette école n’est déclarée auprès d’aucune administration. Elles est clandestine. Comment des enfants peuvent-ils se retrouver dans ces établissements hors-la-loi ? Le mode d’emploi se trouve sur internet. Sur certains forums, des centaines de mères musulmanes tiennent des propos radicaux contre l’école publique. On peut y lire. "Il est interdit au musulman d’étudier dans ces écoles. Ces écoles sont devenues une corruption pour les jeunes et une nuisance pour l’enseignement."

Pour retirer leurs enfants de l’école publique, ces mères utilisent un moyen légal : prétendre faire l’école à la maison. Un simple courrier envoyé à la mairie suffit.

Dans le Val d’Oise, ces déscolarisations auraient augmenté de 40 % en un an. A Sarcelles, 90 enfants sont sortis de l’école chaque année. Certains d’entre eux se retrouvent dans ces écoles hors-la-loi. Le maire, François Pupponi, a signalé aux autorités une école clandestine sur sa commune. Sans effet jusqu’à présent. Il s’inquiète des risques pour la société.

A Saint-Denis par exemple. L’école est inconnue des services de l’état. Officiellement, elle est gérée par une association dont l’activité déclarée à la préfecture est assez vague: "l’éducation, la formation et l’enseignement des enfants, des jeunes et des adultes”

Quand on pose la question au directeur, il répond : “On n’est pas une école. Arrêtez s’il vous plaît. On fait du soutien scolaire. Arrêtez, commencez pas à nous embêter. C’est pas bien ce que vous faites monsieur. On a rien fait de mal !”

Pourtant accueillir des enfants toute la journée, ce n’est plus du soutien scolaire.

Nous avons sollicité la préfecture, l’éducation nationale. Personne n’a souhaité nous accorder d’interview. Nous avons pu joindre la mairie. Au téléphone, elle déclare : “On a diligenté beaucoup d’interrogations en interne. Personne, absolument personne, n’avait connaissance de cette école. Tout le monde a tout à fait pris conscience de la gravité de la chose.”

Depuis nos appels, les policiers sont intervenus. Voici ce qu’ils ont constaté dans l’école : "la présence de rats, l’absence de chauffage et de prises de courant aux normes, la dispense d’un enseignement manifestement religieux”.

Fin décembre, les policiers ont fait évacuer les lieux. Selon l’éducation nationale, les descolarisations ont augmenté de 36 % en 3 ans. Impossible de savoir combien le sont pour raison religieuse.

Front national : un tiers des élus municipaux ont quitté leurs postes depuis 2014

Au printemps 2014, Le Front national et son rassemblement bleu marine exultent. Pour la première fois, il obtient plus de 1.500 élus aux élections municipales. Deux ans et demi plus tard, combien en reste-t-il ? L’Oeil du 20h a mené l’enquête.

Un tiers de démissionnaires

Appeler les quelques 500 villes où le Front National a obtenu des élus, ça nous a pris du temps : des journées entières au téléphone. Résultat : sur les 1.518 conseillers municipaux Front National élus en 2014, 32% ne le sont plus. Beaucoup sont partis pour des raisons personnelles : déménagement ou changement de travail. Le problème, c’est que les remplacer s’avère parfois compliqué.

Un élu fantôme

C’est le cas par exemple à Cusset, dans la banlieue de Vichy. Lors des conseils municipaux, les absents sont toujours  excusés. Tous, sauf Bruno Chabert l’unique élu Front national. Six mois que le siège est vacant. Voilà pourquoi : la tête de liste Front National élue en 2014, a siégé pendant un an. Suite à une mise en examen, il a démissionné.

Comme le prévoit la loi, la personne suivante doit le remplacer. Elle a refusé. Le numéro 3 de la liste est resté 6 mois. Le quatrième n’a pas siégé. Le 5ème, Bruno Chabert, est introuvable alors que la municipalité continue à le convier aux réunions du conseil.

Et si l’élu est aujourd’hui introuvable, c’est parce que la liste Front National a été faite un peu à la va-vite. Nous sommes allés voir Michel Manillère, 3ème sur la liste. Il admet ne pas bien connaître tout le monde. “Ce n’est pas une liste fantoche, mais il fallait trouver 33 personnes sur la liste. Je remercie les gars qui ont signé d’ailleurs”, explique ce dernier à notre micro.

Des dissensions politiques ?

Mais si autant de conseillers municipaux FN ont quitté leurs postes depuis 2014, c’est aussi que 12% d’entre eux ont renoncé à l’étiquette Front national. Dans le Var, le parti dirige la mairie du Luc en Provence.

Patricia Zirilli, ancienne de l’UMP, rejoint le rassemblement bleu marine en 2014. Elle est élue maire pendant un an puis jette l’éponge. Dans la presse locale, elle explique : “Je démissionne à cause des pressions d’une équipe (...) qui me reproche de “ne pas être assez FN””. A la mairie, on conteste cette version. Selon le nouveau maire frontiste, l’équipe municipale fonctionne beaucoup mieux aujourd’hui.

Au sommet du Front National, on conteste toute dissension politique. “C’est révélateur d’une construction rapide du parti”, explique Nicolas Bay, le secrétaire général du FN. Au parti à la flamme, on reconnaît néanmoins que l’objectif en 2014, c’était d’obtenir un maximum d’élus, quitte... à en perdre quelques uns en route.

Participation à la primaire de la gauche : le grand bug sur les chiffres !

C’est l’histoire d’un cafouillage au parti socialiste. Que s’est-il passé avec le chiffre de la participation à la primaire ? Il n’a pas arrêté de changer…
A l’oeil du 20H, on a passé l’après midi à refaire les comptes…

Premier bug, hier, 20h45. Thomas Clay, en charge des primaires, annonce la participation…

“Nous serons entre un million et demi et deux millions de votants, sans doute plus proches de deux millions”

A 23h, le compte twitter officiel de la primaire n’est pas d’accord avec Thomas Clay. Il annonce 1 337 820 votants sur 80 % des bureaux de vote.

A minuit 45, sur le site internet de la primaire, un troisième chiffre : si on additionne les voix de tous les candidats, on arrive à 1 249 126 votants, presque 100 000 de moins...

Résultat, la suspicion gagne… balayée d’un revers de main, ce matin par Thomas Clay.. Il a essayé d’expliquer mais on a rien compris : “le chiffre de 20h45 est celui de 23h, c’est pas le chiffre qui est faux c’est l’horaire...”

A 10h ce matin, le chiffre change à nouveau. 1 601 138 votants sur 95% des bureaux de vote. Mais là encore, raté. Il y a 350 000 votants en plus mais les pourcentages de chaque candidat eux ne bougent pas.

Par quel miracle ? Aucun…
Christophe Borgel, organisateur de la primaire, reconnaît que les chiffres sont faux. Un bug, dû à une certaine précipitation :
« C’était un enjeu de publier la participation rapidement et le permanent qui a fait il a pris les % de la veille et a appliqué le nouveau chiffre de participation. »

Pourquoi cet empressement à afficher une participation élevée ? Ce matin, il n’y avait qu’à écouter la ministre du logement pour comprendre :
“si on est en dessous de 1,5 million, ça ne sera pas une réussite”.Quels que soient les chiffres définitifs, ils seront toujours moins bons qu’en 2011. A l’époque, la primaire avait réuni 2 millions 700 mille votants, 1 million de plus.

Le couple Macron : les coulisses d’une com’ people

Depuis un an, le couple Macron ne cesse de faire la Une de la presse people: Emmanuel et Brigitte au parc… Emmanuel et Brigitte en vacances… pourtant sur les plateaux de télé, le candidat à la présidentielle s'énerve: « je ne fais pas la Une de la presse people, c’est la presse people qui fait sa Une sur moi… et oui ça me gêne ! », s’emporte Emmanuel Macron sur le plateau de France Info.
Géné, vraiment ? L’Oeil du 20h a décrypté cette communication so... people.

Il y a un point sur lequel Emmanuel Macron a raison, son couple à la Une : ça fait vendre ! 30 à 50% de ventes en plus pour les trois couvertures de Paris match. Résultat: c’est l’un des couples politiques les plus pourchassés par les paparazzi.
Mais toutes les photos sont-elles vraiment volées ? Dans la série “Emmanuel et Brigitte à la plage”, photos publiées dans le numéro d'août dernier de l’hebdomadaire, ils apparaissent souriants, le brushing impeccable sur la plage à Biarritz. On s’est demandé si tout cela n’avait pas été organisé ? A écouter Bruno Jeudy, on n’est pas loin d’avoir raison: “Ce n’est pas une photo volée, c’est vrai, ce n’est pas non plus une photo posée expressément, dans un bureau ou à la terrasse d’un café. C’est ni l’un, ni l’autre, c’est un peu entre les deux” confie-t-il. “Emmanuel Macron passe au bon moment au bon endroit”, conclut-il avec un sourire.

Pour certaines photos, le couple a même passé un accord avec une agence parisienne, réputée dans les photos people. Dans l'entourage d’Emmanuel Macron, on nous confirme: “Brigitte travaille avec l’agence Bestimage, ça permet de tracer les photos. En gros Bestimage, c’est leur tour de contrôle dans le monde des paparazzi”.

Selon nos informations, l’accord serait le suivant: quand des clichés volés circulent, l’agence renseigne le couple. En échange, elle fait les photos posées. La garantie d’images plus soignées, parfois retouchées. L’agence envoie toujours les mêmes photographes qui ont la confiance des Macron.

“Une maladresse ?”

Le couple pose, mais il donne aussi des photos tirées de l’album de famille. Dans un numéro d’avril 2016 de Paris Match, on peut voir Emmanuel Macron et la petite-fille de son épouse dans les bras, Emmanuel Macron avec son chien ou encore Emmanuel et Brigitte à la montagne : des photos privées données par Madame Macron au magazine. Le lendemain, Monsieur a dit regretter: “c’est sans doute une maladresse, je l’assume pleinement, ce ne sera donc pas une stratégie qu’on reproduira.”

Pourtant à la même période, le réalisateur Pierre Hurel met la main sur d’autres images personnelles notamment leur vidéo de mariage, diffusée dans le documentaire “Emmanuel macron, la stratégie du Météore”, sur France 3 en novembre dernier. Là encore, celle qui a donné un coup de pouce, c’est Brigitte Macron: “Ils savent que ça m'intéresse, elle me dit la vidéo existe, je dis je vais la chercher, je la cherche, je la trouve”, explique Pierre Hurel. Pourquoi le couple ne s’oppose-t-il pas à cette diffusion? Pierre Hurel a son explication: “Emmanuel Macron ne cache pas son histoire personnelle avec Brigitte et avec les enfants de Brigitte parce qu’il en est fier et que ça fait partie de lui-même”.

Dans l’entourage du couple, cette fois, on nous le promet, les photos privées d’Emmanuel et Brigitte, on n’en verra plus.

Les subventions publiques de Ryanair

Ryanair, la compagnie low cost irlandaise... A chaque fois que ses avions se posent en France, ils font le plein de passagers… mais aussi d’argent public à tous les guichets : région, département, ville… Comment Ryanair s’y prend-elle pour que tout le monde cotise ?

Chaque année en France, Ryanair toucherait 35 millions d’euros d’aides publiques.

A l’aéroport de Beauvais par exemple. 85 % des vols sont assurés par Ryanair. Mais la compagnie ne paie aucun des personnels qui travaillent pour elle. Ils sont payés par l’aéroport, géré en partie par la chambre de commerce et d’industrie de l’oise. La preuve, quand on veut travailler pour Ryanair, on nous renvoie vers la société de gestion de l’aéroport.

Au comptoir Ryanair, à l’embarquement, des centaines de salariés payés par l’aéroport. Pour ses dirigeants, accueillir Ryanair, c’est rendre la région plus attractive et créer des emplois.

Un argument contesté par Geoffroy Bouvet, syndicaliste : est-ce que faire venir Ryanair à Beauvais a créé de l’activité économique ? Lui ne pense pas : tous les passagers qui attérissent s’en vont directement à Paris, très peu d’argent des touristes est dépensé dans l’Oise.

Ryanair a trouvé un autre moyen de faire le plein d’argent public…
Le sud de la France, ses plages, et la ville de Montpellier.

A l’aéroport, Ryanair assure 8% des vols. Chaque année, la compagnie irlandaise touche plus d’un million d’euros de subventions des collectivités locales. Et voici comment elles s’y prend.

Pour développer le tourisme, les collectivités versent des subventions à l’APFTE, une association locale qui les reversent ensuite à AMS, une filiale de Ryanair… Elle est basée sur l’Ile de Man, considérée comme un paradis fiscal.

Marie Hugon est membre d’une association de lutte contre la corruption. Elle nous montre le bilan comptable de l’association qui fait transiter l’argent. Pour 2015, on y voit les subventions versées ...
et l’argent dépensé pour la promotion des lignes aériennes effectuées par Ryanair.

De l’argent pour faire quoi ? La promotion de Montpellier sur internet. Marie Hugon trouve ça cher payé. « On est clairement dans des pratiques abusives en terme de dépenses publiques » estime-t-elle.

A l’agglomération de Montpellier, certains élus défendent ces subventions. Pour soutenir l’activité économique de l’aéroport, disent-ils.

Problème, la chambre régionale des comptes d’Occitanie alerte dans son dernier rapport. Pour elle, il y a :

“l’existence d’un risque financier et juridique inhérent au versement par la communauté d’agglomération de Montpellier de subventions annuelles”

Un risque juridique, car déjà à 3 reprises pour d’autres aéroports français, la commission européenne a jugé ces subventions illégales. Et demandé à Ryanair de rembourser.

Contacté, la compagnie aérienne se défend de toucher des aides publiques, et parle d’accords commerciaux conformes aux règles de la concurrence. Ryanair a fait appel de tous ses procès en cours.