La fin de la sieste

@Emma Defaud

"-Rha, la sieste des enfants, ce bonheur. C'est le seul moment où je peux faire quelque chose pour moi dans la journée", m'a confié une copine.

C'est vrai ça, je pourrais lire, prendre un bain moussant ou, soyons fous, faire l'amour. Mais moi, j'ai un peu honte de l'avouer, le week-end, entre 13 et 15 heures, je dors. Pour tous les matins où ma fille se glisse dans notre lit, toutes les nuits où mon fils tousse, toutes les soirées où on n'a pas été "raisonnables", c'est-à-dire qu'on a osé se coucher après 23 heures. C'est un peu la lueur du phare que je ne quitte pas des yeux lors de la tempête matinale - parc par tous les temps, cris, caprices, déjeuner "mange-tes-légumes", "t'accroche pas aux rideaux", "n'éborgne pas ton frère", etc. Je regarde l'heure avec une impatience que je n'ai ressentie à aucun rencard amoureux ni à la fin d'une journée de boulot. Passées 13 heures, je peux décemment les foutre au lit, m'écrouler en toute élégance et baver sur mon oreiller.

Le problème de la sieste, c'est qu'un jour, elle prend fin. Et tout ce que je viens de raconter, je peux désormais le mettre au passé.

Il y a toute une période où on ne veut pas y croire. On se dit que c'est passager. L'excitation, le printemps, la nounou qui la fait trop dormir. Mais non. Alors que mon fils de 5 ans était encore capable d'écraser au moins un jour dans le week-end, la pépette de 26 mois (pour ce genre de détails, on compte en mois) avait déjà tourné la page.

Dalva, elle est née avec une catégorie de piles dont Energizer et consorts cherchent désespérément la formule. Certains craignent les pédophiles ou les enlèvements pour rançon. Moi, la seule chose que je redoute, c'est qu'on kidnappe ma fille pour percer le secret de sa batterie inusable.

Et désormais, me voila en haute mer avec mon lapin Duracell.

Bain des enfants: je patauge

"L’eau a un rôle calmant pour l’enfant." Si, si je vous assure, c’est écrit page 220 dans J’élève mon enfant, de feue-Laurence Pernoud. C’est peut-être à ce moment que j’aurais dû me douter que Laurence et moi, on appartenait pas à la même espèce. "L’eau est plus qu’un élément naturel, elle fait partie de nos origines, du premier milieu dans lequel on a vécu", dit encore la prêtresse de la petite enfance. A croire que mon fils n’était pas spécialement bien loti dans mon ventre, car dès qu’on tentait de le mettre au bain bébé, il se cabrait à faire pâlir d’envie n’importe quelle vachette d'Interville.

Quatre ans plus tard, j’en suis toujours à sortir le lasso dès que je crie «Au bain». Il se réfugie invariablement sous les tables, les lits et dans n’importe quel interstice dans lequel ma silhouette évidemment fine, souple et musclée ne peut pénétrer pour l’en extraire de force.

Le mieux est encore de parvenir à l’attirer insidieusement dans la salle de bain et à le déshabiller sans éveiller le moindre soupçon. Pas évident quand l’artifice doit être répété quotidiennement.

Une fois plongé dans un grand volume d’eau, on pourrait penser que je n’ai plus qu’à laisser mijoter. Mais l’arrivée de la petite 2e a compliqué la donne. Ils veulent TOUJOURS être du même côté de la baignoire EN MEME TEMPS. Elle adore l’éclabousser. Et ils ne veulent JAMAIS se laver les cheveux, sauf quand c’est mamie, parce-que-ma-mamie-elle-ne-me-met-jamais-d’eau-dans-les-yeux (Mais ta mamie, tu la gonfles pas tous les soirs).

"Le plaisir du bain n’est pas seulement celui d’être propre, mais aussi de jouer dans l’eau, de s’y détendre et d’y rester. Et cela durera toute la vie", poursuit Laurence Pernoud. Oh, non, je vous en prie, pas toute ma vie !

Couper les cheveux en quatre

Juré, craché mon fils n'aurait pas une coupe au bol faite maison, ni une petite brosse avec houppette. La coiffeuse du coin et sa franche de travers m'avait également échaudée, cette fois on allait aller à Paris et faire ça correctement, chez un coiffeur spécialisée pour les enfants, dont une copine m'avait donné l'adresse. Mèches effilées, petite nuque soignée, mon fils allait faire de l'ombre à Justin Bieber du haut de ses 4 ans et demi.

Mon Gremlin n'a pas dû trouver sa coupe assez classe parce que, dès le lendemain, il a fait un gros trou dans sa frange avec les ciseaux de l'école.  Plus certainement, il ne connaît pas encore le sens de concepts tels que l'amour-propre, le ridicule ou encore juste l'esthétique.  Quand j'ai froncé les sourcils le soir, il m'a demandé, franchement étonné: "Comment tu l'as su, maman, que je m'étais coupé les cheveux?"