Avec l'aimable autorisation d'Hélène Douchet

Deux secondes et demie séparent le bonheur de la douleur

C'est le genre de cliché qui me faisait fantasmer avant d'avoir un enfant. Le soleil passe à travers les persiennes, mon homme et moi nous réveillons en douceur, les enfants nous rejoignent dans le lit pour un câlin. On se serre à quatre les uns contre les autres et c'est le bonheur.

Même aujourd'hui, à chaque fois que je les entends débarquer (oui, en fait on ne se réveille jamais "en douceur"), je m'attendris naïvement sur ce câlin du matin que je m'apprête à vivre.

Il dure deux secondes et demie.

Ça doit être parce que le temps passe plus vite pour eux que pour nous mais, au bout de deux secondes et demie, ils ont donné tout ce qu'ils avaient. L'homme, lui, grogne et plaque un second oreiller sur son crâne.

Débarrassés de toute cette tendresse qu'ils se sont faits un devoir de nous livrer si tôt le matin, les enfants s'emmerdent. Ils commencent à jouer sous la couette. Ils y engloutissent leur tête, font une caverne et rampent, à la recherche de la sortie. Sachant qu'il ne faut pas trop s'approcher de bête qui grogne, ils longent mon corps, à grand renfort de coups de coude et de genoux. Une sorte d'accouchement vécu de l'extérieur. Si si, c'est pareil. A intervalle régulier, je souffre, et à la fin, une tête se pointe en bas.

Si j'avais su que ce câlin me rappelerait mon accouchement.

Extrait du générique de "Shameless"

Les WC, en toute intimité

Marre d'avoir un koala scotché à la jambe et un grand dadais qui vous demande pour la huitième fois comment Yoda peut être le plus fort des jedis ? ("C'est incroyable, hein, maman, c'est incroyable !") Une envie pressante de vous isoler et de n'être plus dérangé par personne ? Le simple usage de l'expression "envie pressante" pourrait laisser penser que la solution se trouve au petit coin. NON. Les toilettes ne sont pas l'ami de la maman. Ne pensez pas que vous pourrez enfin avoir cinq minutes à vous, même s'il ne s'agit que d'uriner en paix.

Ça commence quand ils sont encore bébés. Ils se mettent à hurler dès qu'ils perdent le contact visuel. Faut-il tenir bon ou ouvrir la porte pendant qu'on a la culotte sur les genoux ? On se retrouve en général dans un entre-deux absurde, à gazouiller à travers la porte fermée sous prétexte que l'enfant hurle de l'autre côté dans son transat.

Puis quand ils se mettent à marcher, soit ils tambourinent sur la porte comme des damnés, soit on a terriblement envie de l'ouvrir de toute façon parce qu'on soupçonne l'enfant d'être en train de siffler la bouteille de Soupline en douce.

Puis ils grandissent et on se dit qu'on a enfin gagné le droit de pisser tranquille. Erreur. C'est sans compter sur l'habileté de mon fils à déverrouiller les portes de l'extérieur. Résultat, quand je suis aux toilettes et que mon fils veut absolument me dire quelque chose, je lui trouve un air de Jack Torrance, dans Shining.