Deux secondes et demie séparent le bonheur de la douleur

Avec l'aimable autorisation d'Hélène Douchet

C'est le genre de cliché qui me faisait fantasmer avant d'avoir un enfant. Le soleil passe à travers les persiennes, mon homme et moi nous réveillons en douceur, les enfants nous rejoignent dans le lit pour un câlin. On se serre à quatre les uns contre les autres et c'est le bonheur.

Même aujourd'hui, à chaque fois que je les entends débarquer (oui, en fait on ne se réveille jamais "en douceur"), je m'attendris naïvement sur ce câlin du matin que je m'apprête à vivre.

Il dure deux secondes et demie.

Ça doit être parce que le temps passe plus vite pour eux que pour nous mais, au bout de deux secondes et demie, ils ont donné tout ce qu'ils avaient. L'homme, lui, grogne et plaque un second oreiller sur son crâne.

Débarrassés de toute cette tendresse qu'ils se sont faits un devoir de nous livrer si tôt le matin, les enfants s'emmerdent. Ils commencent à jouer sous la couette. Ils y engloutissent leur tête, font une caverne et rampent, à la recherche de la sortie. Sachant qu'il ne faut pas trop s'approcher de bête qui grogne, ils longent mon corps, à grand renfort de coups de coude et de genoux. Une sorte d'accouchement vécu de l'extérieur. Si si, c'est pareil. A intervalle régulier, je souffre, et à la fin, une tête se pointe en bas.

Si j'avais su que ce câlin me rappelerait mon accouchement.