On ne produit pas que du champagne dans le vignoble champenois

Coteaux-champenois

Dès que l'on parle du vignoble champenois, logiquement tout le monde pense au champagne dont la production est tellement importante de nos jours que la plupart des gens ne savent pas, d'abord que ce vignoble a longtemps produit des vins tranquilles et ensuite qu'aujourd'hui ces derniers n'ont pas totalement disparus.

Quels sont ces vins ?

On les appelle les Coteaux Champenois. Ce sont des vins tranquilles en majorité rouges, un peu de blancs et quelques rosés. On les trouve de Bouzy à Cumières, d'Ay à Vertus en passant par l'Aube.

Il est vrai que la production n'est pas importante, elle est en moyenne de 235.000 bouteilles par an, ce qui est peu comparé aux 300 millions de bouteilles de champagne produites annuellement. C'est pourquoi elle ne paraît même plus dans les statistiques, le CIVC (Conseil Interprofessionnel des Vins de Champagne) depuis 17 ans intègre les chiffres dans la production de champagne.

Il faut dire que la production varie beaucoup avec les millésimes et, à part dans le village de Bouzy, elle reste confidentielle. Par ailleurs les grandes maisons de négoce n'en produisent pas pensant qu'ils perturberaient l'image du champagne.

Production confidentielle, certes, mais les Coteaux Champenois se vendent bien et pratiquement au prix du champagne, entre 20 et 30 Euros la bouteille. Il y a une demande de la part des touristes qui visitent la région et également des amateurs de « vins de niche » comme à New-York constaté par Michel Drappier, récoltant à Urville dans l'Aube. Olivier Horiot, récoltant dans la commune des Riceys, souligne la demande au Danemark, en Suède et au Japon.

Un peu d'histoire

Comme je le signalait en introduction, les vins tranquilles ont précédé l'apparition des « bulles ». Ces dernières ont moins de 400 ans sur environ 2.000 ans d'histoire du vignoble. Déjà à l'ère chrétienne on produisait du vin, rappelons nous la conversion de Clovis à Reims où l'évêque Saint-Rémi, qui l'a baptisé, lui a remis un tonneau de vin de champagne en lui disant qu'il l'aiderait à gagner ses batailles.

Les nombreux monastères du 13ème siècle ont contribué à la constitution de ce vaste vignoble et c'est Bernard de Clairvaux qui implantera le cépage pinot noir venant de Bourgogne. L'expression « vin de Champagne » date de 1493, la production de vin tranquille en blanc, gris ou rouge est alors présente dans toute la région. Le succès est également du aux très célèbres Foires de Champagne qui attiraient des marchands de toute l'Europe du Nord et d'Orient.

Le début de l'élaboration de vins effervescents en 1729 et son développement au cours du 19ème siècle va marquer le déclin des vins tranquilles. Pas totalement disparus, les Coteaux Champenois obtiennent l'AOC en 1974 pour les rouges, blancs et rosés avec la même délimitation géographique que l'AOC Champagne. Avant l'appellation les Coteaux Champenois étaient appelés « vin nature de la Champagne ». Comme toute AOC, celle-ci comporte un cahier des charges comme la mise en bouteille obligatoire sur le lieu de production ou encore les cépages autorisés, dans ce cas, le chardonnay, le pinot noir et le pinot meunier. En 1974 la production dépassait le million de bouteilles et les vins de Bouzy bénéficiaient d'une grande notoriété sur Paris.

Les Coteaux Champenois se maintiennent aujourd'hui grâce à quelques maisons de Champagne comme Bollinger ou Drappier et un certain nombre de récoltants comme Paillard, Horiot, Dehours, Bérêche, Sélosse et d'autres qui sont conscients de la qualité de ces vins.

Dans la procédure, la totalité de la production est déclarée en AOC champagne et ensuite des lots sont déclassés en Coteaux Champenois en fonction des qualités. Selon ces viticulteurs la qualité se fait avec l'ensoleillement et la concentration. Les Coteaux Champenois sont faits lorsque les millésimes le permettent, c'est-à-dire les plus chauds et sur les terroirs les mieux exposés, de préférence avec des vieilles vignes qui donnent des petits rendements.