Le FLOP 10 de com' politique 2015 - Premier épisode !

En ces temps de marrons glacés et de thés brûlants face à la cheminée, l'heure du bilan a sonné. Pas la peine de tergiverser, vous ne couperez pas -ici non plus- à la sacrosainte rétrospective de l'année 2015. Haters gonna hate, pas de classement. Juste 10 flops de com' politique qui vous ont exaspérés ou amusés. A vous les 5 premiers !

Nicolas Sarkozy et son hashtag "#NSDirect"

Pas facile pour les politiques de s'exprimer sur Twitter eux qui ne connaissent que les médias verticaux où la contraction n'est pas de mise. Nicolas Sarkozy en a fait les frais lors de son live-tweete avec les internautes le 15 mai. Alors qu'il appelait les twittos à lui poser des questions dès le 13 mai, son hashtag #NSDirect a été récupéré par ses opposants politiques qui s'en sont donnés à coeur joie : bilan ou affaires en cours, rien a échappé à la sagacité des internautes, obligeant son staff à mobiliser les militants pour que des questions sérieuses soient posées. Sans compter sur son fils Louis, qui a profité de l'aubaine pour réclamer publiquement une télévision. Un bon flop de com' politique des familles.

François Hollande chez Lucette en Lorraine

Branle-bas de combat à l'Elysée, l'heure est la gestion de crise, si tant est qu'il existe des situations "normales" au Palais. Peu après la venue de François Hollande chez elle, Lucette Brochet lançait une bombe révélant la mise en scène minutieuse de cette rencontre aux journalistes de L'Est Républicain et de BFM TV. L'infirmière à la retraite aurait donc été "briefée", selon le terme consacré, pour éviter les sujets qui fâchent. Bille en tête l'immigration. "Le matin, la mairie a envoyé une femme de ménage. Des employés municipaux ont apporté un gros bouquet et quelques chaises. Un chien policier est venu renifler l’appartement, au cas où un terroriste aurait déposé un pain de plastic" chez Lucette, explique L'Est Républicain. La polémique enfle. Stéphane Habloy, le maire de Vandœuvre-lès-Nancy a l'initiative de cette entrevue, monte en première ligne pour défendre le "Château" : "Il n'y a eu aucun sujet tabou lors de cette visite. Lucette n'a pas reçu un coup de fil de l'Elysée mais de la directrice de cabinet du préfet. La visite d'un chef de l'Etat doit s'organiser, avec des impératifs de sécurité. L'Elysée n'y est pour rien, je le jure" assure-t-il à Vincent Michelon dans les colonnes de Metronews. Au banc des accusés? L'armada des officiels et la multitudes de caméras accompagnant le Président. "A la télévision, il faut que Madame Michu voie la sincérité de l’homme qui parle, la voie dans son regard. Il doit être habité par une vérité, sinon, ce n’est pas la peine de faire de la politique" explique Michel Bongrand dans un entretien accordé aux Dossiers de l’Audiovisuel. Pas de bonne communication si tout est contrôlé. Encore moins si vous vous exprimez du salon d'une retraitée devant un parterre de journalistes. Pourquoi ne pas avoir fait sortir tout le monde pour ne garder qu'une caméra ? Le mystère reste entier. Comment croire à la sincérité de l'homme lorsque la ficelle de communication est aussi grosse ? La technique ne doit jamais l'emporter sur le fond. "Ce qui me bouleverse, ce n'est pas que tu m'aies menti, c'est que désormais, je ne pourrai plus te croire" disait Nietzsche. Et c'est bien cela le problème.

Politique : François Hollande à la rencontre des Français

Rachida Dati et ses injures à l'encontre d'Elise Lucet

Flanquée d'un service d'ordre conséquent, Rachida Dati fait mine ne de pas entendre les questions d'Elise Lucet dans les couloirs du parlement européen avant, littéralement, de perdre son sang froid. La journaliste tentait tout simplement d'en savoir plus sur les liens entre l'eurodéputée, et Engie (ex-GDF Suez), le leader français du gaz dans le cadre de son émission "Cash Investigation". Désastreux en termes d'image pour Rachida Dati, l'extrait a tourné en boucle dans les médias servant ainsi de "teaser" au programme, avant sa diffusion ce lundi 7 septembre. Si l'élue du 7ème arrondissement de Paris n'est pas une novice en la matière, il semble qu'elle nous livre là le parfait "anti-manuel de communication". « Est-ce que vous avez un lien direct ou indirect avec GDF-Suez ? C'est une question assez simple. [...] C'est juste une interview, je ne vois pas ce qui vous fait peur », demande Élise Lucet à la député européenne. « Je n'ai pas peur de vous, ma pauvre fille. Ma pauvre fille », assène avec mépris Rachida Dati en se retournant, avant d'ajouter « Non, mais, quand je vois votre carrière, votre carrière pathétique. » La violence des mots débités tranche avec le ton usuellement policé des échanges politiques. Trop tard. La patine du vernis communicationnel a craqué. Le mal est fait et déjà les railleries se diffusent à vitesse grand V sur les réseaux sociaux. Sans compter l'élan de solidarité des journalistes pour soutenir Elise Lucet. Tout le monde pensait que l'histoire allait en rester là, mais c'était sans compter sur le tempérament pugnace de Rachida Dati qui a décidé d'utiliser la technique du "contre-feu". En deux mots, lorsqu'on est attaqué, cette dernière consiste à répliquer au lance-flammes pour que soient oubliées les accusations formulées originellement. En d'autres termes, couvrir le bruit médiatique. En intervenant au micro d'Europe 1 pour affirmer qu'elle ne regrette rien, Rachida Dati enfonce le clou et continue de s'en prendre violemment à la journaliste. Après la contre-attaque, la victimisation. D'après son avocat, Jean-Pierre Mignard, Rachida Dati aurait été "victime d'un choc émotionnel" constaté par un médecin du parlement. Lors de sa diffusion, Cash Investigation a réalisé son meilleur score en parts d’audience avec 15,1% : pas mal pour une émission "ne révèle rien et n'a aucun intérêt" selon l'eurodéputée.

 

Extrait de l'émission Cash Investigation

Extrait de l'émission Cash Investigation

Manuel Valls et le trajet en Falcon avec ses enfants

Selon les informations de BFM TV, les enfants de Manuel Valls l'accompagnaient dans le Falcon pour assister à la finale de la Champions League à Berlin. En jeu, les arguments de Manuel Valls, connu pour être un vrai fan du Barça. L'Oeil du 20 heures rappelle les faits : "Manuel Valls a répété tout le week-end un argument : il avait rendez-vous avec Michel Platini, le président de l’UEFA et potentiel futur président de la FIFA. A Berlin, Manuel Valls a donc joint l’utile à l’agréable. Problème : cette réunion stratégique sur l’Euro 2016 n’apparaît pas dans l’agenda officiel du Premier ministre. A-t-elle été improvisée ? Matignon confirme qu’elle a bien eu lieu." Finalement, Manuel Valls finira par rembourser le déplacement de ses enfants tout en assurant que leur voyage n'a rien coûté. Dans un contexte troublé, marqué par une défiance extrême envers les politiques, une omission, même insignifiante, peut devenir une véritable "faute", source de polémique. Pourquoi ne pas reconnaître ses failles lorsqu'on est homme politique ? Pourquoi se faire, encore et encore, piéger par l'emballement médiatique ? L'affaire n'aurait pas fait de bruit si Manuel Valls avait tout simplement assumé immédiatement.

Valls à la finale de la Ligue des champions : la polémique enfle

Robert Ménard et le nouvel "ami" de la police municipale

Depuis le 1er février, la police municipale de Béziers est armée et son maire, Robert Ménard, proche de l'extrême droite, entend le faire savoir en lançant une "campagne" d'affichage tout bonnement hallucinante : dans les rues de la ville vous pouvez ainsi découvrir le "nouvel ami" de la police municipale, soit un 7.65 automatique aux couleurs du drapeau français, placardé sur tous les panneaux d'affichage. Campagne ou propagande ? La question se pose. Ou pas. Oui, cette "campagne" est "efficace", si par efficacité on entend qu'elle marque les esprits, tant par son visuel -un revolver en gros plan- que par l'utilisation du mot "ami" -qui convoque l'imaginaire des films hollywoodiens, dont Scarface-. A ceci près qu'il ne s'agit pas d'un simple coup de communication publique : cette affiche est porteuse d'une idéologie sous-jacente. Soumettre une ville entière à un message unique placardé sur les murs, ça n'est pas mener une simple action de communication publique -ou politique-. Cela a plus à voir avec une forme subtile de propagande, qui ne dit pas son nom. Soit la face dévoyée de la communication. Celle qui rejette le dialogue et l'esprit critique pour faire l'apologie du "pathos", soit les colères et les peurs ou tout simplement l'émotion "facile", sans distanciation. La frontière est ténue, il est vrai. Mais pour les communicants, une chose est sûre : la communication publique cesse là où la propagande débute.

Anne-Claire Ruel

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