En ces temps de marrons glacés et de thés brûlants face à la cheminée, l'heure du bilan a sonné. Pas la peine de tergiverser, vous ne couperez pas -ici non plus- à la sacro-sainte rétrospective de l'année 2014. Haters gonna hate, pas de classement. Juste 10 coups de com' politique qui vous ont exaspérés ou amusés. A vous les 5 premiers !

EPISODE 1

1Bruno Le Maire et sa percée lors de l'élection à la présidence de l'UMP

Avec 29,18% des suffrages obtenus, Bruno Le Maire est assurément le grand gagnant de la bataille débutée le 11 juin dernier, lors de sa déclaration de candidature à la présidence de l'UMP. Plus facile à dire rétrospectivement -même si nous vous l'avions indiqué ici-, cette "sortie du bois" était tout sauf improvisée. Depuis des années, il a patiemment tissé sa toile en poursuivant un triple objectif avec ténacité :

1- Symboliser la "nouvelle garde politique" en martelant que le renouveau..."c'est Bruno". Finalement, ses éléments de langage distillés au fil des années -avec pour mots totem renouveau, transparence et honnêteté- bénéficient aujourd'hui d'une formidable caisse de résonance. La communication, c'est avant tout de la cohérence et du bon sens.

2- Se porter candidat pour gagner en notoriété. Qui connaîssait véritablement Bruno Le Maire avant sa candidature ? Certes, son passé de ministre de l'agriculture l'a placé un temps sous le feu des projecteurs, mais il manquait encore cruellement de notoriété. Ce que ne manquait pas de rappeler Nicolas Sarkozy en privé : "Bruno Le Maire ? Il a le charisme d'une huître". Ou pas, Nicolas. 

3- S'entourer de jeunes élus pour pirater le logiciel de l'intérieur. A commencer par Thierry Solère, chargé d'organiser la primaire UMP de 2016. De quoi s'assurer leur bon déroulement. On y croit. 

 

2François Hollande et son intervention télévisée (pourtant) critiquée

Entretien intimiste, dialogue avec quatre "vrais" Français, questions-réponses avec les journalistes et chat -post émission- sur les réseaux... Jeudi 6 novembre sur TF1, François Hollande s'est livré à l'infernal exercice de l'émission politique en prime time pour faire le point sur sa mi-mandat. Pas de surprise. Comme d'habitude, les commentateurs et observateurs politiques de tous bords se sont dressés d'un seul homme à l'issue de ce "show" pour dénoncer ce qu'ils qualifient de "naufrage". Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le politologue Roland Cayrol l'a très bien souligné : les attentes du public, des journalistes, de la classe politique, des politologues sont si différentes que tout le monde reste sur sa faim suite à ce type d'intervention. "Sauf, sans doute, ceux qui ne s'intéressent pas beaucoup à la politique, et qui regardent le Président et qui le voient plutôt gentil avec les gens, plutôt plus proche qu'ils n'auraient pu croire de leurs problèmes. Cela peut-être qu'ils en ont pour leur argent". Il a semble-t-il raison. Contre toutes attentes -enfin surtout celles des commentateurs- François Hollande remonte dans les sondages à force de visites surprises sur le terrain et de contacts directs avec les Français. Le tout, depuis cette fameuse émission. 

3Nicolas Sarkozy et son roman-photo estival

La photographie de Une du Paris-Match parue fin juillet peu prêter à sourire. Sous-titrée "deux amoureux en vacances" et mettant en scène Carla et Nicolas Sarkozy sur un scooter au Cap Nègre, elle a tout du coup de com' réussi. Tout d'abord pour la symbolique du scooter : ses partisans se sont empressés sur Twitter de rebaptiser Carla "sa légitime", par opposition à Julie Gayet. Et puis, pour son encart : "Le bain de mer de Giulia sur une plage publique"."Publique"... Nicolas Sarkozy, homme du peuple, n'hésite pas s'afficher "publiquement" parmi les vacanciers. On frôle le publi... rédactionnel ! Pas la peine de revenir sur la polémique portant sur le port du casque (il semble d'ailleurs qu'il soit coutumier du fait), ni sur la référence évidente à François Hollande en forme de tacle ("je suis sans casque"/"ma femme est officielle, elle"). Pas non plus besoin d'être Olivia Pope, l'héroïne à la tête d'une agence de relations publiques de la série "Scandal", pour imaginer que ceci ait pu être mis en scène. Rien de très nouveau, tant le roman-photo des vacances des politiques fait désormais partie intégrante de leur stratégie de communication. Il faut donner l'image d'un homme libre, serein, reposé et donc apte à exercer une fonction d'autorité. #CoucouLesFrançais

 

4Vie de Cab, le conseiller ministériel qui donne un "coup de jeune" à la fonction

Personne ne connaît son identité et pourtant, il totalise plus de 7 600 followers, lui qui a seulement débarqué sur Twitter lors du dernier remaniement. Derrière le nom "Vie de Cab" et sa photo de profil "oeuf" -qu'il a pensé changer un temps, avant de la conserver pour son côté faux-béotien-, se cache un conseiller ministériel dont le franc-parler et l'humour ravageur a très vite séduit les amateurs de politique, fatigués par les discours policés et aseptisés des "professionnels" du genre. "Vie de Cab" tire à boulet rouge sur la droite, évidemment, mais aussi sur la gauche et c'est là que cela en devient... hilarant. 

 

La continuité de l'état. #chapkaGate pic.twitter.com/s0BUohnYFb

— Vie de Cab (@viedecab) 6 Décembre 2014

Sarkozy a été moins bien élu qu'Harlem Désir. C'est dire. #CongresUMP

— Vie de Cab (@viedecab) 29 Novembre 2014

 

5Benoist Apparu tout de treillis vêtu

Pour défendre la présence militaire menacée de suppression de postes dans sa ville-préfecture, Besnoit Apparu - l'énergique député-maire de Châlons-en-Champagne - ne recule devant rien. Il n'a pas hésité un seul instant revêtir le treillis de la Grande Muette, le temps d'une photographie destinée à interpeler le Président de la République. Parue dans une page publicitaire du Monde daté du 28 juin, elle présente les trois élus, tous bords confondus, visages fermés, rangers aux pieds, prêts à plaider ensemble en faveur de ce dossier. Unité et ténacité, le ton est donné. Cette nouvelle ligne alliant puissance des mots et force de l'image, a tout d'une -petite- révolution en matière de communication. Société du spectacle, j'écris ton nom EN LETTRES CAPITALES. 

 

A venir, l'épisode 2 !

Anne-Claire Ruel

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