Le FN dimanche : une impression de déjà- vu ?

L’histoire municipale du FN dans les villes de plus de 30000 habitants ne démarre pas en 2001 ou en 2008.

Les élections de 1977 ou de 1983 ne sont pas significatives, car il a fait- en moyenne sur les villes de plus de 30000 habitants - moins de 0,5%. Mais en 1989, le FN est déjà proche des 8%. C’est en 1995 qu’il « explose » à près de 12% (et près de 7% pour le panel des villes de plus de 9000 habitants) et qu’il décroche deux mairies, avec Toulon, ville de plus de 100000 habitants, et Marignane, auxquelles s’ajoutent Orange et Vitrolles (en 1997), villes de moins de 30000 habitants à l’époque. En 2001, il retombe à 7,1% et plonge à 2,1% en 2008 en moyenne sur les villes de plus de 30000 habitants (comptez en gros, deux fois moins pour le panel des villes de plus de 9000 habitants).

La droite privée de vague bleue par le FN en 1995

1995, nous sommes au début d'un court état de grâce pour Jacques Chirac, le nouveau Président. Ce sera aussi la fin d’un espoir de reconquête municipale pour la droite. Elle attendait une vague bleue, elle se retrouve à la tête de 108 villes (panel des plus de 30000 habitants),  soit seulement 5 villes de plus qu’en 1989.

Le FN dans 101 triangulaires en 1995

En 1995, le FN bat son record, avec de près de 3 fois plus de triangulaires (dans les villes de plus de 30000 habitants) qu’en 1989 ou 2001 (35 cas) et 25 fois plus qu’en 2008. Sur ces 101 triangulaires une majorité –soit 56- auront lieu dans des villes de gauche.
En 1995, le FN se maintient dans 18 villes de plus de 30000 habitants, avec des scores allant de 25 % à Marseille jusqu’à plus de 35% à Dreux.
Ainsi, il ne faut pas s’étonner qu’en 1995 on ait seulement 67 maires élus au premier tour (villes de plus de 30000 habitants) dont 39 à gauche et 28 à droite. On est loin des 162 élus de 1983.
Enfin, la désunion à droite, a « enfoncé le clou ».  En 1995, sur 68 dissidences dans les villes de plus de 30000 habitants, 50 - soit près des ¾ - se feront à droite.

Et dimanche ?

Jeudi 20 mars, Electionscope vous livrait ses dernières simulations réactualisées et proposait deux hypothèses : bons reports ou mauvais reports entre les deux tours à droite comme à gauche.
De bons reports pour les sortants de droite pourraient atténuer le pouvoir de nuisance du FN, et de mauvais reports pour les sortants de gauche pourraient conduire à une forme de vote sanction, qu’une triangulaire avec le FN pourrait, le cas échéant, atténuer.

Alors, finalement quels pourraient être les rapports de force dimanche ?

On peut s’attendre à la présence du FN dans 157 villes de plus de 30000 habitants, dont 89 villes de gauche et 68 villes de droite. La gauche pourrait l’emporter dans 55 villes en dépit d’une position minoritaire.

Au soir du second tour, un FN à plus de 13%?

Les rapports de force pourraient finalement s’établir en faveur de la droite estimée par ElectionScope à 48,7% contre 44,74% pour la gauche et 6,56% pour le FN. Mesuré uniquement dans les villes où il est présent, le score du FN s’établirait à 13,76%.

On le voit, si les hypothèses du modèle Electionscope se confirmaient, le FN pourrait donner , au soir du 30 mars 2014, une impression de déjà-vu …