Avec plus de 600 listes autonomes Front de Gauche dans les villes de plus de 20000 habitants, dont 83 listes communes avec EELV, la gauche de la gauche se présente en force. De mauvais reports au second tour, le maintien ou l’abstention seraient dommageables pour les maires sortants PS.
Les listes sont désormais déposées, on y voit donc plus clair. A droite, Jean-François Copé se veut optimiste en dépit de 562 listes FN déposées dans les villes de plus de 1000 habitants. Chaque fois que le FN passera la barre des 10%, c’est autant de triangulaires. Mais peut-être devrait-on aussi envisager des quadrangulaires. En effet, il semblerait que le PS ait lui aussi quelques soucis de même nature avec des dissidences en provenance de la gauche de la gauche, et c'est peut-être ce qui rend l'UMP plus confiante qu’il y a quelques semaines encore.
Explication
Contrairement aux attentes, et parfois de façon discrète et non médiatisée, la gauche de la gauche à déposé de nombreuses listes indépendantes face à des maires sortants PS. Seul le PC s'est parfois désolidarisé du Front de Gauche pour faire alliance avec un PS sortant.
La stratégie des verts est un peu identique. Des listes EELV sont souvent présentes lorsque tout danger semble écarté. Mais là encore, c'est une épine dans le pied du sortant PS.
Matignon tente quelques mesures à destination de ses alliés naturels. On ne peut s'empêcher voir dans la récente décision gouvernementale de circulation alternée, une mesure électorale, un gage donné aux verts Parisiens … à une semaine du scrutin.
Que penser de ces stratégies de listes multiples à gauche?
N'est-ce qu'un signal de premier tour pour faire pression sur des négociations de retrait au second tour? Ou bien, c'est plus sérieux, comme aimerait le laisser à penser un Mélenchon – moins audible - depuis la présidentielle. En dépit d’un discours fort d'opposition au PS il avait appelé à voter François Hollande au second tour.
Le FG et le parti de gauche vont- ils à nouveau rentrer dans les rangs au second tour des municipales?
Pas si sûr, car le contexte est différent de celui de 2012 et l'élection aussi. La situation économique s'est dégradée depuis l'arrivée du PS au pouvoir. Certes le problème est mondial, mais nos voisins - États-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne - semblent mieux s'en sortir que nous.
Faire le jeu de la droite?
Cette fois le mécontentement est avéré, la colère consommée et la crédibilité de l'exécutif réduite à peau de chagrin. La tentation sera grande de se saisir de cette occasion pour exprimer et relayer la colère des victimes de licenciements ... boursiers (c'est ainsi qu'il convient d'appeler tout "dégraissage" qui améliore le cours de bourse), des Bonnets rouges, le malaise des classes moyennes, des classes ouvrières qui disent ne plus s'en sortir. Il y a désormais en France une nouvelle classe, celle des Working Poors. Les travailleurs pauvres, expression pour traduire le constat terrible, que le travail parfois, ne protège plus, ou plus suffisamment.
La stratégie qu'adoptera la gauche de la gauche pourrait décider du sort de bon nombre de maires sortants PS. Ira-t-elle jusqu'à prendre le risque de faire finalement, le jeu de la droite?