Sur le site Rue89, un auteur s’est « amusé » à observer les liens entre les prénoms de 350 000 bacheliers et leurs résultats à l’examen de 2015. Il a constaté par exemple que 22 % des élèves s’appelant Joséphine avait obtenu la mention « très bien », contre 2,6% des Dylan, soit un taux 10 fois plus important. Et parmi les étudiants s’appelant Alban ou Camille, une même proportion décroche la mention (11,5%). Alors doit-on éviter d’appeler son fils Dylan si l’on souhaite qu’il réussisse son bac ?
Que dire de ces résultats ?
En réalité, on ne peut pas dire grand-chose de ces résultats. Il s’agit d’une étude dite corrélationnelle, c’est-à-dire une étude qui mesure le degré de dépendance entre deux variables (ici, « le prénom d’un élève » et « le nombre de mentions très bien »).
Le problème avec ce genre d’études, c’est que l’on porte rapidement un jugement de valeur aux variables. On aurait en effet tendance à voir le prénom comme une cause de l’échec ou de la réussite à l’examen. Or il ne s’agit en aucun cas d’une étude de causalité : le prénom n'y est pour rien dans les compétences de l'élève.
On aurait pu compter le nombre de bacheliers ayant décroché la mention « très bien » en fonction de n’importe quelle autre variable. On aurait alors peut-être trouvé une relation avec leur couleur de cheveux, leur date de naissance, leur taille, leur poids, ou encore la grandeur de leur pied, mais sans pouvoir déterminer la cause de leurs performances.
Des corrélations absurdes
Ce type d’études est fréquent. Leur inconvénient est qu’elles encouragent des interprétations erronées, raccourcies. C’est le cas par exemple d’une étude parue en 2012, dans une revue médicale pourtant réputée, et dans laquelle l’auteur montrait une relation positive entre la consommation de chocolat d’un pays et son nombre de prix Nobel. Plus un pays consommait de chocolat, plus le nombre de prix Nobel de ce pays était élevé. L’auteur s’est alors empressé de proposer une explication à ces résultats : ce seraient les molécules anti-oxydantes présentes dans le cacao qui auraient permis d’améliorer les capacités cognitives des consommateurs, les aidant alors à obtenir plus de prix Nobel. Il suffit alors que la presse s’empare de cette information séduisante, mais erronée, pour que des milliers de personnes se mettent à manger du chocolat en pensant que cela pourrait les rendre plus intelligentes.
D’autres auteurs ont tenté de démontrer par l’absurde que ces conclusions étaient abusives. Ainsi, ils ont montré que plus la consommation en chocolat d’un pays était élevée, plus son nombre de tueurs en série était important.
En cliquant ici, opeut trouver de nombreux autres exemples de corrélations totalement absurdes. Comme celles-ci :
- Plus les gens consomment de la margarine, plus ils divorcent.
- Plus la consommation de Mozzarella par habitant est élevée, plus le nombre d’ingénieurs dans le pays est important.
- Le nombre de morts par noyade dans les piscines aux USA augmente en même temps que le nombre de films sortis avec Nicolas Cage dans la même année.
Pourquoi sommes-nous si sensibles aux études corrélationnelles ?
Si nous tombons souvent dans le panneau à la lecture de telles études, c’est principalement parce que notre cerveau fonctionne par « association »...
Explications :
Si vous ne pouviez pas prédire votre environnement, vous auriez une vision bien chaotique du monde. Pour pouvoir vous comporter efficacement dans votre environnement, vous avez donc intérêt à anticiper le plus possible les événements du quotidien. La nature étant bien faite, elle vous a rendu sensible à l’ordre de ces évènements : lorsque vous observez deux évènements successifs, vous avez en effet tendance à attribuer une relation de cause à effet entre ces deux évènements (le premier événement est vu comme une cause du deuxième).
Les comportements superstitieux sont un exemple exagéré de ce fonctionnement : si vous réussissez votre examen de mathématiques tout en portant pour la première fois une montre que vous a offert votre grand père, vous aurez tendance à porter cette même montre lors de vos prochains examens.
Et c'est aussi ce qui pourrait se passer avec le chocolat : si l'on vous informe que la consommation de cacao est associée à une augmentation de votre intelligence, il y a alors de fortes chances que vous vous mettiez à en manger plus... Même si le chocolat n'y est pour rien dans l'augmentation de vos compétences intellectuelles.
En conclusion, « rassurez-vous », si votre enfant échoue au bac, ce ne sera certainement pas parce que vous l’avez appelé Dylan.
Sources :
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/11/21/le-chocolat-engendre-t-il-des-tueurs-en-serie/
http://www.contrepoints.org/2014/09/22/181680-des-correlations-fallacieuses-mais-desopilantes