Le Golfe du Mexique, un paradis empoisonné par les pesticides

Cette semaine, nous vous emmenons sur le Golf du Mexique, où se joue l'une des plus grandes catastrophes écologiques des océans. 

Avec ses eaux turquoises et ses bancs de sable blanc, le golfe du Mexique est l'un des paradis du sud des États-Unis. Mais depuis plusieurs mois, les filets de pêche sont quasiment vides. La vie aquatique a déserté les fonds marins et a été remplacée par un tapis d'algues vertes. L'oxygène s'y fait rare, si bien que les scientifiques américains ont baptisé le lieu "la zone morte" ("dead zone" en anglais), qui s'étend sur 22 000 km².

Les eaux polluées du fleuve du Mississippi qui se jettent dans le Golfe du Mexique sont à l'origine de ce manque d'oxygène. Ces eaux sont chargées en produits chimiques tels que les pesticides et les fertilisants, utilisés par les agriculteurs.

Alors, pour tenter de limiter les dégâts, certaines exploitants ont décidé de mettre en place des installations anti-pollution. Mais plus l'Amérique plante de maïs, plus la "zone morte" s'étend dans l'océan. Au point de transformer ces eaux paradisiaques en cimetière marin.

Reportage d'Agnès Vahramian, Regis Massini, Arielle Monange et Yelen Bonhomme-Allard

Le bilan provisoire de la tempête Harvey

Pendant cinq jours, des pluies diluviennes se sont abattues sur le Texas. Après le passage de la tempête tropicale Harvey, l'heure est aux premières estimations. 

Un bilan humain encore incertain. Avec la décrue, les sauveteurs redoutent de découvrir d'autres corps, coincés dans les habitations inondées. Pour le moment, 44 personnes ont péri suite à la tempête Harvey. Presque un million de personnes ont été évacuées, mais les pompiers et les volontaires poursuivent le porte-à-porte à la recherche de survivants.

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© Mark Ralston / AFP

Mercredi, six membres d'une même famille avaient été découverts noyés dans une camionnette. Il s'agissait d'un couple et de ses quatre arrière-petits-enfants âgés de 6 à 16 ans. Sammy Saldivar, le conducteur, tentait de fuir la montée des eaux avec sa famille, lorsqu'il a perdu le contrôle du van en essayant d'éviter un obstacle. Le véhicule a alors fini sa course dans un fossé, avant de se retrouver pris au piège dans des eaux boueuses, puis d'être emporté par le courant. L'homme était parvenu à s’en extraire, sans pouvoir aider ses parents, Manuel et Belia Saldivar, ni les enfants.

Des milliers de sinistrés. Selon la Maison-Blanche, 100 000 foyers ont été touchés par la catastrophe. L'agence fédérale des situations d'urgence (Fema) a installé 230 centres d'accueil temporaires pour abriter 30 000 personnes. 1 800 habitants ont également été hébergés dans des hôtels, d'après les déclarations de l'agence mercredi 30 août.

Un record de précipitations. Les services météorologiques affirment que 41 trillions de litres d’eau sont tombés sur le Texas. Le record absolu a été enregistré à l'est de Houston. De vendredi 25 août (midi) à mardi 29 août (15h40), 132 cm de pluie sont tombés sur la ville de Cedar Bayou, selon les mesures du National Weather Service de Houston. En second vient le site de Mary's Creek où 125 cm d'eau ont été mesurés.

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Coût de la catastrophe. L'incertitude pèse quant à l'estimation du coût des dégâts engendrés par la tempête tropicale Harvey. Les premiers calculs varient entre 30 milliards et 100 milliards de dommages (27 à 90 milliards d'euros). Selon la Maison-Blanche, 100 000 foyers ont été touchés par la catastrophe, sans oublier les navires de plaisance renversés, les entrepôts détruits et les caravanes couchées sur le flanc.

Une pluie de dons. Rapidement, une solidarité nationale s'est mise en place. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités du show-business américain ont affiché leur soutien aux victimes. La famille Kardashian a reversé 500 000 dollars à La Croix-Rouge et à L'Armée du Salut. Tout comme l'acteur Kevin Hart, qui interprétera la version américaine d'Intouchables. Celui-ci est aussi à l'initiative d'une levée de fonds auprès de ses fans via une plateforme numérique qui dépasse le million de dollars. Les chanteuses Jennifer Lopez et Nicki Minaj ont chacune fait un chèque de 25 000 dollars. La palme revient au joueur de football américain J.J Watt dont la cagnotte en ligne atteint quasiment la barre des 15 millions de dollars.

Hier, Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison-Blanche, a annoncé que le président américain souhaitait faire un don personnel d'un million de dollars aux victimes des inondations, sans préciser pour autant le choix de l'organisme auquel le milliardaire confiera son argent. Dans la même journée, Donald Trump a également demandé au Congrès de débloquer des fonds d'urgence de 6 milliards de dollars (5 milliards d'euros) pour venir en aide aux victimes des deux États touchés, que sont le Texas et la Louisiane.

Yelen Bonhomme-Allard

"Les Américains ressentent désormais les effets du changement climatique"

Le New York Times a obtenu une copie d'un rapport fédéral démontrant l'impact des activités humaines sur le climat. L'étude, publiée sur le site du quotidien américain hier, n'a toujours pas été approuvée par l'administration Trump et contredit la position de la Maison-Blanche sur les changements climatiques. 

Les températures moyennes aux Etats-Unis ont augmenté rapidement et de manière importante depuis 1980. Ces dernières décennies auraient d'ailleurs été les plus chaudes depuis 1500 ans. C'est ce que souligne un rapport fédéral sur le changement climatique réalisé par des scientifiques américains de treize agences environnementales. "Les Américains ressentent dès à présent les effets du changement climatique", rapporte l'étude de 500 pages.

"Les preuves d'un éventuel changement climatique se multiplient, venant du haut de l'atmosphère jusqu'aux profondeurs des océans", note le rapport. Les auteurs de ce projet précisent que des milliers de recherches, conduites par des centaines de scientifiques, ont relevé des changements climatiques sur la terre et dans l'air. "De nombreuses preuves démontrent que les activités humaines, en particulier les émissions de gaz à effet de serre, sont les principaux responsables des récents changements climatiques observés", expliquent les spécialistes américains dans leur rapport.

Une administration américaine climatosceptique 

D'après le New York Times, ce document "contredit directement ce qui est soutenu par le président Trump et les membres de son cabinet qui affirment que la contribution humaine au changement climatique est incertaine, et que la possibilité de prévoir ses effets est limitée."

Ce rapport, intégré à l'évaluation nationale sur le climat aux Etats-Unis, est réalisé tous les quatre ans. "Ce rapport est important parce qu'il est réalisé à la demande du Congrès. J'espère qu'il sera approuvé", indique Jim Kossin, un des auteurs du rapport et membre du National Centers for Environnemental Information (NCEI). 

Le professeur en Géosciences et Affaires Internationales à la prestigieuse université de Princeton, Michael Oppenheimer, se montre plus pessimiste. "J'ai le pressentiment que l'administration Trump fera fi du rapport et je doute qu'il puisse affecter sa position sur les changements climatiques", confie-t-il.

La semaine dernière, le gouvernement américain avait confirmé par écrit auprès de l'ONU sa volonté de se retirer de l'accord de Paris* sur le climat. Il a toutefois précisé que le pays continuerait à participer aux négociations internationales. Donald Trump honorait ainsi l'une de ses promesses électorales, en retirant les Etats-Unis de ce traité signé en décembre 2015 par 195 pays à Paris.

Aliénor Vinçotte

*L'accord de Paris visait à engager les pays du monde entier vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius.

Sauver les séquoias face au réchauffement climatique

Nous vous emmenons cette semaine visiter les séquoias, ces arbres géants et millénaires en Californie, victimes du réchauffement climatique.

Ces milliers de séquoias géants, nichés en altitude dans la Sierra Nevada, sont uniques au monde, reconnaissables à leur écorce rouge, à leur taille gigantesque. Contempler ces arbres millénaires donne un sentiment d'éternité. Et pourtant, un danger les menace.

La sécheresse tue petit à petit ces géants de Californie

L'an dernier, une quinzaine de séquoias sont morts de soif. De mémoire de scientifique, c'est bien la première fois que cela arrive. Jusqu'à maintenant, ces arbres avaient résisté à toutes les catastrophes naturelles... y compris aux incendies. Depuis trois ans, des biologistes grimpent jusqu'au sommet des séquoias pour mieux comprendre de quoi ils souffrent.

Un séquoia a besoin de 2 à 3 000 litres d'eau par jour quand il fait chaud, une consommation d'eau qui dépasse celle de n'importe quel autre arbre. Mais avec un hauteur équivalente à un immeuble de trente étages, faire remonter l'eau venue des racines s'avère difficile. C'est de là qu'on détecte les premiers signes de sécheresse.

Cloner pour sauver les séquoias

Pour les sauver face à la menace du réchauffement climatique, certains scientifiques imaginent déjà des solutions radicales. Comme dans ce laboratoire où des copies génétiques de séquoias sont réalisées à partir d'un des plus vieux et plus grands séquoias au monde.

Les jeunes pousses séquoias copiées génétiquement grandissent ensuite à l'abri d'une serre durant cinq années, avant d'être replantées dans le monde entier. Objectif : les sauver de la sécheresse mais aussi "reforester" pour mieux lutter contre le réchauffement climatique.

Le plus grand arbre vivant au monde est à la fois source d'espoir et d'inquiétude. Mais ce monument végétal, victime du changement climatique, pourrait aussi être un des sauveurs de la planète.

Reportage par Valérie Astruc, Laurent Desbois, Andreane Williams et Arielle Monange.

Plongée au coeur du désert de Sonora, colonisé par des villas de luxe

Nous vous emmenons cette semaine dans le désert de Sonora, le plus grand d'Amérique. 

 

Décor de western où l'Homme semble à première vue absent, un monde a priori inhospitalier, mais qui recèle 2 000 espèces de plantes. Un trésor qui fait l'admiration des touristes. James est un cow-boy reconverti en guide du désert. Sa passion : ces cactus Saguaro qui peuvent mesurer jusqu'à 15 mètres. Merveilles de la nature, des dizaines de fleurs sont accrochées à ses branches, invisibles à hauteur d'homme.

Un écosystème menacé

Mais Sonara est victime de son succès. Des villas de luxe sont en train de coloniser le désert. Près de 2 000 maisons sortent de terre chaque mois. Chacune a sa piscine privée. La moitié des terres du désert est protégée, les autres peuvent être construites. Bob est originaire de la région, il dénonce les autorités qui encouragent ce boom immobilier. C'est tout l'écosystème du désert qui est menacé. Avec l'urbanisation, les routes se multiplient. La faune du désert est de plus en plus à l'étroit.

 

 

Dans l'agri-quartier de Serenbe, les maisons ont vue sur les salades. Un luxe qui fait grimper les prix de l'immobilier.

Riches citadins cherchent nature : bienvenue dans l'agri-quartier de Serenbe

Bienvenue dans le monde merveilleux de Serenbe. À 30 minutes d'Atlanta, 1 500 habitants vivent dans un "agri-quartier" ("agrihood" en anglais) : une ferme entourée par des habitations flambant neuves, peuplées de riches citadins en mal de nature. Les balcons et jardins donnent directement vue sur les courgettes et les salades. En tout, on compte 10 hectares de légumes en tous genres, mais aussi des poules et du bétail pour nourrir tous les habitants.

Selon Ed McMahon, chercheur à l'institut des terrains urbains à Washington, il existait 200 agri-quartiers similaires à travers le pays en janvier 2015.

Créer une communauté autour de la ferme

Il ne s'agit pas uniquement de manger sain : certains de ces complexes créent un sentiment de communauté organisé autour de l'agriculture, avec des épiceries, des marchés ou des restaurants où se retrouvent les habitants.

Les agri-quartiers se distinguent en cela d'une autre forme d'agriculture urbaine qui se développe actuellement, l' aéroponie" - qui consiste à cultiver des salades sous les néons d'un hangar en utilisant un minimum d'espace et de ressources.

L'agriquartier, nouveau luxe

Mais il ne revient pas aux résidents de Serenbe de travailler la terre. Cette tâche incombe à Ashley, l'exploitante de la ferme, et ses trois apprentis, dont les salaires font partie des charges de la copropriété. 

Pour manger bio et ultralocal sans se salir les mains, les Américains lassés du fast-food sont prêts à mettre le prix : il en coûte en moyenne 600 000 euros pour acheter une maison avec vue sur l'exploitation. C'est 5 fois plus que les prix de l'immobilier dans le voisinage, selon CBS.

Un reportage de Valérie Astruc, Régis Massini et Sabrina Buckwalter :


Pour les amoureux de la nature comme pour les amateurs de belles images, le parc national des Rocheuses dans le Colorado est un lieu idéal.

La vie de photographe animalier au Colorado : des heures dans le froid pour quelques clichés inoubliables

Le parc national des Rocheuses dans le Colorado est un lieu idéal pour voir des animaux sauvages. C'est l'avis de Bryan Maltais, un photographe professionnel qui agit comme un chasseur. Seule différence entre son métier et la chasse : il ne traque pas les animaux pour les tuer, mais pour les immortaliser en image. Pour ce faire, il patiente parfois plusieurs heures dans le froid, par moins 15 degrés.

Mais la récompense est là : grâce à sa persévérance et ses techniques d'approche discrète, Bryan Maltais a photographié un ours - le Graal du photographe animalier.

Un reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini, Laurent Desbois et Sabrina Buckwalter :

Les salades de Gotham Greens, à New York, n'ont pas besoin de terre pour pousser.

Des salades sous les néons d'un hangar : à New York, on invente l'agriculture du futur

Une ferme à New York, dans une ancienne boîte de nuit, ça vous semble futuriste ? Pourtant, ça se passe aujourd'hui, au moment même où s'achève la conférence de Paris sur le réchauffement climatique et que tous les regards se tournent vers les initiatives "vertes".

Si cultiver des salades sous les néons d'un hangar peut vous sembler tout sauf écolo, il y a pourtant du bon dans l'agriculture sur étagères. L'"aéroponie" (issu du grec aero et ponos, pour culture dans les airs) permet de cultiver des plantes à l'intérieur, hors-sol, sous une lumière artificielle. Selon ses adeptes, elle utiliserait 90% d'eau en moins par rapport à l'agriculture traditionnelle. Le rendement des cultures serait également plus élevé, le tout en utilisant un minimum d'espace. Cultiver sa salade en ville permet également d'éviter les coûts et la pollution liée au transport des marchandises.

Notre équipe a visité Aerofarms, l'une de ces fermes urbaines à Newark, juste en face de New York :


Un reportage de Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Sabrina Buckwalter

La salade en terre, pas complètement has-been

L'aéroponie est plus onéreuse que l'agriculture traditionnelle. Il faut tout d'abord financier des locaux, particulièrement coûteux à New York. Interrogé par PBS, le PDG de Gotham Greens, une startup spécilisée dans l'aéroponie à Brooklyn, propose une solution : profiter des espaces libres sur les toits.

Mais il faut également équiper l'entrepôt de lumière artificielle et alimenter les plantes grâce à un cocktail de nutriments. L'aéroponie ne constitute donc pas une réponse pour nourrir les pays qui ne bénéficient pas d'infrastructures suffisamment développées. 

Impossible de faire taire Obama à la COP21 : son temps de parole épuisé, il continue de parler

Barack Obama a fait de la lutte contre le changement climatique l'une des grandes priorités de son mandat. Il a donc tenu à affirmer son engagement en participant en personne à l'ouverture de la conférence de l'ONU sur le climat à Paris ce lundi 30 novembre. Comme 147 autres chefs d'Etat présents, il a été convié à exposer ses vues sur le futur de la planète dans un discours d'ouverture de 3 minutes. Mais le président n'a pas respecté le temps imparti et s'est laissé aller à... 14 minutes d'homélie, malgré un subtile signal sonore qui retentit à partir de 8 minutes 30, pour l'inviter à conclure, selon NBC. Pas de quoi décourager le président de la première puissance mondiale.

Ecoutez par vous même le "bip" qui interrompt le président, repéré par NBC :

Source : euronews

Selon NBC, les "bips", qui ont retenti toutes les 30 secondes, étaient clairement audibles pour les auditeurs présents, mais n'ont pas dérangé le président. Après 11 minutes de harangue, "la personne en charge du "bouton à bips" avait clairement abandonné, et aucun signal n'a été entendu jusqu'à la fin du discours épique d'Obama", rapporte NBC. Si les 147 orateurs présents avaient parlé aussi longtemps qu'Obama, les discours d'ouverture auraient duré 33 heures, relève également le média. 

Interrogés par NBC, les organisateurs de la COP21 n'ont pas confirmé que les signaux sonores visaient à hâter le président Obama.

"Je suis venu ici personnellement, en tant que leader de la plus grande économie mondiale et deuxième plus grand émetteur [de gaz à effet de serre], pour dire que les Etats-Unis d'Amérique reconnaissent [leur] rôle dans l'avènement du problème, mais aussi que nous acceptons notre responsabilité [et la nécessité d'agir contre le réchauffement climatique]", a déclaré Barack Obama.

Le discours est disponible ici dans son intégralité.

 

Obama aura beau signer le traité, cela ne garantit pas qu'il sera appliqué. Crédit : Maison blanche, Pete Souza

COP21 : Barack Obama peut-il engager les Etats-Unis pour plusieurs années ?

John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, a affirmé que les objectifs de la COP21 ne seraient pas gravés dans un traité contraignant. Alors que la conférence de l'ONU sur le climat est sur le point de débuter à Paris, ces déclarations ont semé le doute : si le président Obama ne peut pas s'engager par un traité, les engagements pris à l'issue de la conférence seront-ils tenus ? Que vaut la signature du président Obama ? 5 questions pour comprendre.

1Pourquoi Barack Obama ne peut-il pas s'engager sur le objectifs climatiques par un traité contraignant ?

Tout traité doit être approuvé par le Sénat américain à une majorité des 2/3. Or, depuis 2014, les Républicains, dont la majorité ne partagent pas l'engagement de Barack Obama sur le climat, contrôlent le Sénat. 

Le texte n'aurait donc aucune chance d'être adopté. C'est pourquoi l'administration Obama propose d'inclure les méthodes qui permettent de réduire les gaz à effet de serre dans le traité, mais pas les objectifs.

2Si un traité ne peut être adopté, quelle alternative pour le président ?

Les Etats-Unis peuvent s'engager à l'international via les ''accords exécutifs du Congrès''. Les "congressional executive agreements" nécessitent l'approbation des 2 chambres – le Sénat et la Chambre des Représentants. 

Mais même si Barack Obama obtient cette majorité simple, ajoute Tom Ginsburg, professeur de droit international à l'université de Chicago “une règle informelle permet au Sénat de bloquer les choses de fait, avec seulement 40 votes” : l'obstruction parlementaire (filibustering”). Pour l'éviter, l'administration Obama doit obtenir les votes d'au moins 60 sénateurs (sur un total de 100).

3Que faire en cas d'échec au Congrès ?

"Les Etats-Unis n'ont pas ratifié Kyoto et ne rechercheront peut-être pas à ratifier formellement le nouveau traité", explique le Pr Ginsburg. "Mais Obama pourrait tout de même mettre en oeuvre des nombreux objectifs [du traité] en utilisant son pouvoir exécutif".

Sur certains points de l'accord, le président pourrait donc adopter des ordres exécutifs en vertu de lois qui existent déjà. Le président peut proposer de nouvelles règles via l'EPA, l'Agence de Protection Environnementale américaine, dont le directeur est nommé par le président.

"Le président américain pourrait par exemple proposer de nouvelles règles en vertu du Clean Air Act", estime le juriste. Le Clean Air Act est un texte de loi qui confère au gouvernement fédéral le pouvoir de réguler les polluants qui menacent la santé publique.

Ainsi, "l'accord [issu de la COP21] donnera une protection politique à de nouvelles règles plus agressives"Les règles ainsi adoptées par l'exécutif ne sont pas soumises au "filibustering" du Congrès.

Restent les obstacles juridiques. "Aux Etats-Unis, nous avons une culture du contentieux", affirme le Pr Ginsburg. "Même après ratification d'un traité, son application peut être remise en question par la justice".

En effet, lorsque l'Agence de Protection Environnementale américaine adopte une nouvelle règle, celle-ci est remise en question par un tribunal. Individus, entreprises, voire même les Etats qui s'estiment lésés par cette nouvelle règle peuvent en effet recourir à la justice. De fait, cela repousserait l'application du traité attendu à Paris.

4Les Républicains pourront-ils revenir sur l'héritage d'Obama ?

Le candidat républicain en tête des sondages Donald Trump répète régulièrement que, s'il est élu, il réduirait drastiquement les financements de l'EPA. Et il n'est pas le seul Républicain à vouloir se désengager des politiques pro-environnement de Barack Obama.

Et en effet, la prochaine administration (qui entrera en fonction en janvier 2017) pourra proposer de nouvelles règles auprès de l'EPA. Ces règles pourront détricoter les mesures de protection de l'environnement décidées par Obama. Mais, du fait de la durée des procédures légales, “cela prendrait du temps”, précise le professeur Ginsburg. Entretemps, on peut imaginer une mobilisation des lobbys pro-environnement et de la société civile pour empêcher ce "détricotage".

Autres leviers pour le prochain président :  nommer de nouveaux juges conservateurs à la Cour Suprême; ou tenter de modifier le "Clean Air Act",  la base légale des mesures climatiques - à condition qu'il possède une majorité à la Chambre des Représentants et 60% au Sénat, pour éviter le "filibustering". Peu probable, selon le Pr Ginsburg.

Le successeur de Barack Obama pourrait également choisir de retarder la mise en oeuvre des mesures climatiques en ne leur apposant pas le sceau de l'exécutif.

En bref, l'application d'un éventuel accord de Paris dépendra beaucoup de la bonne volonté du prochain président.