Les candidats républicains sont très, très loin de la COP21

Le 4e débat entre candidats républicains à la présidentielle 2016 a eu lieu le 10 novembre 2015 sur la chaîne Fox Business.

Tous les Républicains ne sont pas climato-sceptiques. Près de 45% d'entre eux reconnaissent l'existence du changement climatique, selon une étude du Climate Change Communication Project de l'université de Yale. Surtout quand il s'agit de baisser les impôts, mesure favorite des conservateurs : la majorité des Républicains interrogés se dit en faveur d'une réduction d'impôts sur les véhicules dits "propres" ou les panneaux solaires.

Mais les candidats en tête des sondages pour obtenir l'investiture du parti en 2016 ont montré que l'environnement était très loin de leurs priorités lors du quatrième débat télévisé entre candidats républicains, diffusé cette semaine sur la chaîne Fox Business.


Après 2 heures de débat, la présentatrice pose une question sur l'éternel dilemme entre croissance économique et protection de l'environnement. Elle demande à Rand Paul si le boom que connaît le secteur énergétique américain est compatible avec la promesse de Barack Obama de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Obama veut montrer son engagement sur le climat avant la COP21

A quelques jours de la conférence de Paris sur le climat, Barack Obama vient en effet de ré-affirmer son engagement pour contrer le changement climatique en rejetant la construction d'un oléoduc reliant les Etats-Unis et le Canada, baptisé Keystone XL. Le plan d'Obama prévoit par ailleurs de réduire les émissions de CO2 de 6 milliards de tonnes d'ici 2030, ce qui équivaut à immobiliser toutes les voitures circulant aux Etats-Unis pendant 4 ans. 

Ces annonces ne sont pas du goût de Rand Paul. "La première chose que je ferai en tant que président est d'abroger les régulations mises en place par le président, qui nuisent au secteur de l'énergie", a-t-il promis ce mardi. 

La responsabilité de l'homme remise en question

Rand Paul a également remis en question le rôle des humains comme principal catalyseur du changement climatique. "Les hommes ont peut-être une influence sur le climat", a affirmé le sénateur du Kentucky, "mais je pense que la nature joue elle aussi un rôle".

Surprenant ? Pas vraiment. L'année dernière, il avait avancé que la science ne permettait pas de se prononcer sur les causes du changement climatique, dans une interview repérée par The Hill. D'autres candidats, comme Ben Carson, qui caracole en tête des sondages aux côtés de Donald Trump, ont exprimé la même opinion.

Le gaz de schiste : l'économie avant l'environnement

Sur la question de la nocivité du gaz de schiste, en plein boom aux Etats-Unis, Rand Paul donne la priorité à l'économie sur l'environnement, comme ses concurrents Trump, Marco Rubio et Chris Christie avant lui"Libérez les gens. Laissez les forer. Laissez les explorer", a-t-il asséné. Pour récupérer le gaz naturel contenu dans la roche, un cocktail de produits chimiques est injecté dans le sol, contaminant ainsi la nappe phréatique, la faune et la flore, selon les défenseurs de l'environnement. Pas de quoi inquiéter Rand Paul, qui plaide pour une dérégulation du secteur.

Jeb Bush lui a emboîté le pas en affirmant que les Etats-Unis avaient "réduit de 10% leurs émissions de CO2" (...sans préciser sur quelle période) grâce à l' "explosion du gaz naturel" (sic). Pas si loin, finalement, de ce que déclarait Obama il y a un an : "Si [le gaz de schiste] est extrait avec toutes les précautions, c'est le carburant qui peut alimenter notre économie tout en réduisant la pollution au carbone", affirmait alors le président, à la grande déception des écologistes.

Républicains versus Démocrates

Bush s'est ensuite lancé dans une critique des engagements d'Hillary Clinton sur le climat. La candidate démocrate s'est en effet fixé des objectifs encore plus ambitieux que ceux du président Obamasi elle est élue, elle promet par exemple que 33% de l'électricité seront issus des énergies renouvelables d'ici 2027.

Pourquoi l'opinion des Républicains est importante

L'objectif de la conférence de Paris sur le climat est de déboucher sur un accord international qui engage les pays participants à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais pour être appliqué, l'accord devra être ratifié par les législateurs de chaque pays. La position actuelle des Républicains, certes susceptible d'évoluer après les primaires du parti, jette un voie sombre sur le futur de la COP21. Si le législateur américain refuse de ratifier l'accord, le texte risque de finir aux oubliettes, comme le protocole de Kyoto avant lui.