Il n'est pas difficile de dresser des parallèles entre Bernie Sanders et Donald Trump. Outsiders populistes de leurs partis respectifs, leurs trajectoires basées sur l'engouement populaire face à l'establishment sont similaires, malgré leurs énormes différences idéologiques.
Après les primaires du 15 mars, un nouveau point commun est apparu. Tout deux doivent gagner une majorité des délégués restants pour l'emporter. Avec une différence majeure: Trump peut le faire, pas Sanders.
Ce n'est même plus une question de démocratie, mais une question de règles électorales et de maths.
Les maths côté Sanders
Les élections démocrates se déroulent à la stricte proportionnelle, dans l'ensemble des états. 4051 délégués sont attribués par le vote populaire, 1964 d'entre eux ont été répartis. Hillary Clinton en a remporté 1139 (58%) et Bernie Sanders 825 (42%). Dans ce calcul, la majorité est à 2026 délégués, Clinton aurait donc besoin de 887 délégués sur les 2087 restants (43%) et Bernie Sanders de 1201 (57%).
Difficile pour Sanders, n'est-ce-pas?
Non. Impossible. Car il est temps de compter les superdélégués. Attention, ça devient compliqué.
Le vote de ces 712 caciques du parti démocrate à la convention n'est pas lié au vote populaire. 467 d'entre eux sont déjà promis à Clinton (65%) contre 26 à Bernie Sanders (4%). 219 superdélégués ne sont pas déclarés.
En comptant les superdélégués, il faut 2383 voix pour la nomination et il reste 2308 délégués à attribuer. Clinton possède 1606 délégués et a besoin de 777 supplémentaires (33% de ce qui reste). Avec 851 délégués, Sanders a besoin de 1532 supplémentaires (67%). En ne comptant que les délégués élus, il devrait recueillir 80% des suffrages pour rattraper son adversaire.
Cette démonstration ignore le fait que les superdélégués pourraient retourner leur veste en faveur de Sanders. Mais elle explique aussi pourquoi ils ne le feront pas. Bernie Sanders a déjà perdu.
Sanders regarde les résultats du 15 mars.
Les maths côté Trump
Côté républicain, Trump a besoin de 564 des 1061 délégués qui restent à attribuer (53%). A la proportionnelle face à deux adversaire, la tâche est difficile. Mais le parti républicain fonctionne différemment du parti démocrate.
L'Arizona, le Delaware, le Nebraska, le Montana, le New Jersey et le Dakota du Sud attribueront l'ensemble de leurs 217 délégués au vainqueur. Si Trump les remporte tous (même par 34% contre 33% à ses deux adversaires), il n'aura besoin que de 347 des 844 délégués restants, soit 41%. De plus, d'autres états (Wisconsin, Pennsylvanie, Maryland, Californie...) accordent des primes significatives au premier.
C'est pour cette raison que la victoire de John Kasich dans l'Ohio, bien que coûteuse en délégués, n'était pas une mauvaise affaire pour le milliardaire. En divisant les voix de l'establishment, elle augmente ses chances de capitaliser sur ces primes au vainqueur pour gagner une majorité de délégués avec une minorité des voix.
Kasich à Cruz: tu es l'idiot utile de Trump; Cruz à Kasich: TU es l'idiot utile de Trump
— Gilles Paris (@Gil_Paris) 16 mars 2016
Sanders était battu dès 1968
Au coeur de ces règles, on retrouve l'Histoire des deux partis.
Les conflits entre l'électorat démocrate et l'establishment du parti ne sont pas une nouveauté. Depuis 1968 et le chaos historique de la convention de Chicago, le parti démocrate a appris à gérer les candidatures de son extrême-gauche.
A l'inverse, jusqu'à cette année, l'électorat républicain était réputé très discipliné derrière son establishment. Le parti a donc adopté des règles qui favorisent un plébiscite populaire pour le favori. La montée de Donald Trump est un phénomène historique, qui utilise les règles du parti républicain contre lui.
Une chose est certaine, si les règles étaient inversées, Bernie Sanders serait beaucoup plus proche de la nomination et Donald Trump beaucoup plus loin.
T.L