Chaque jour, des dizaines d’enfants jouent au foot dans ce qui est devenu le parc écologique de Seveso. La plupart d’entre eux ignorent tout du drame qui est survenu sur ce terrain il y a 43 ans, dans cette petite bourgade au nord de Milan. 20 mètres sous leurs crampons se trouvent deux barils gigantesques qui contiennent les
300 000 m3 de déchets toxiques de l’usine chimique Icmesa.
Le 12 juillet 1976, de la dioxine s’échappe d’un réacteur et contamine la ville. Malgré les milliers d'animaux domestiquent qui meurent subitement et l'acné chlorique qui touche les enfants des alentours, les 2 000 habitants évacués reviennent dans la zone contaminée... quelques semaines après l'accident.
Durant les années qui suivent, la zone est militarisée, le directeur de l’usine est assassiné par un groupe terroriste et une directive - la fameuse directive Seveso - est mise sur pied pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise en Europe. Aujourd'hui, les scientifiques estiment que toute trace de dioxine ne disparaîtra pas de la ville avant 2040. Le dernier témoin, finalement, est ce peuplier gigantesque qui trône au milieu du parc de Seveso. Il s’agit du seul arbre épargné par les bulldozers après l’accident. Reportage d'Alban Mikoczy, Manuel Chiarello, Anne Donadini et Florence Crimon.
L'info en + : si les habitants de Seveso et des villes voisines savent qu'aujourd'hui le taux de la dioxine dans l'air et les sols est quasi nul, ils s'opposent toutefois farouchement au projet d'autoroute prévue par la Lombardie dans cette zone. La raison est simple : le chantier prévoit de remuer des terrains encore plein de dioxine. Or, cette dernière reste statique, stable et sans danger... tant qu'on ne la touche pas et qu'on ne remue par la terre.
Anne Donadini