Dans le monde de Léonard, on distingue deux mystères. Ces tableaux bien repérés, dont on suppose qu'ils sont de lui, telle la "Joconde Nue". Et, à l'inverse, ces tableaux dont les scientifiques sont sûrs que De Vinci en est l'auteur... mais dont on ne retrouve pas la trace. De ceux-là, "la Bataille d’Anghiari" est peut-être le plus connu.
En 1503, le magistrat Soderini commande cette fresque guerrière à De Vinci pour orner les murs de la Salle du Conseil du Palazzo Vecchio, siège du gouvernement de Florence, et ainsi montrer sa puissance militaire aux invités. Pour assurer cette mission d’importance, le Maître de la renaissance teste un procédé nouveau contenant de la cire d’abeilles. Bien mal lui en prend : l’échec technique est visible, l’enduit ne tient pas, les couleurs bavent. Le peintre italien Vasari est rapidement sollicité pour repeindre le salon et masquer cette catastrophe inachevée. La "Bataille d’Anghiari" originale, qui n'est alors constituée que d'un groupe équestre de 6 mètres sur 4, disparaît.
C’est du moins ce que pensent les scientifiques jusqu’en 2018. Après des années de balayages laser, thermiques et radar, sa trace a été retrouvée… L’indice le plus évident était pourtant caché en haut à droite de l’œuvre, avec ces deux mots sibyllins : "Cerca trova"- cherche et trouve… Reportage d’Alban Mikoczy, Florence Crimon, Claudia Billi et Lorenzo Consolazione.
L’info en + : La technique de Léonard de Vinci est unique autant qu'énigmatique. Mais elle pourrait tout simplement être due à son strabisme. Un chercheur de Londres a noté ce défaut dans le regard de plusieurs de ses personnages (l'Homme de Vitruve, le Salvator Mundi...). Preuve que leur auteur souffrait peut-être lui aussi de strabisme ; une anomalie oculaire qui peut s'avérer fort utile pour un peintre et permet de mieux représenter les visages et objets en 3 dimensions.
Anne Donadini.