L'Italie plonge dans une crise politique sans précédent

Le président de la République Sergio Mattarella a tranché dimanche 27 mai dans la soirée : l’équipe ministérielle de Giuseppe Conte a été rejetée. Un gouvernement technique dirigé par Carlo Cottarelli sera formé dans les prochains jours pour assurer la transition.

  • Qui gouverne l’Italie ?

Coup de tonnerre dans le feuilleton politique italien : Giuseppe Conte, premier ministre éphémère de quatre jours, a démissionné. Sergio Mattarella a refusé l’équipe gouvernementale proposée. En cause, la nomination de Paolo Savona, un eurosceptique notoire, au ministère de l’économie. Une décision lourde de conséquences, qui conduit l’Italie dans l’une des plus grandes crise politique de son histoire.

  • Les décisions sont-elles prises à Rome ou à Bruxelles ?

Lors des élections législatives du 4 mars, le vote des Italiens s’est dirigé vers de nouveaux visages politiques. Les électeurs ont placé le Mouvement 5 étoiles, mené par Luigi Di Maio, et la Ligue, de Matteo Salvini, en tête des suffrages. Un choix antisystème pour appliquer un programme eurosceptique.

En rejetant l’arrivée au pouvoir de l’alliance Di Maio – Salvini, le président de la République a assumé de ne pas « nommer un ministre anti-euro ». Il a justifié ce choix en déclarant vouloir « protéger les Italiens », notamment de la réaction des marchés financiers sur les entreprises italiennes.

Cette décision a provoqué un véritable tollé d’une partie de la classe politique, considérant que Sergio Mattarella n’a pas tenu compte de la voix du peuple. Les Italiens sont privés d’un gouvernement choisi directement par les urnes. Plus de sept ans de compromis ou de techniciens voulus par le Président de la République.

Certains acteurs de la vie politique accusent Bruxelles et l’Union européenne d’avoir fait pression sur le chef de l’Etat pour éviter un gouvernement eurosceptique. C’est le cas de Matteo Salvini : « Nous ne sommes pas les esclaves de personne. L'Italie n'est pas une colonie allemande, ni française. »

Quant à Luigi Di Maio, il s'en est pris directement au président de la République : « C'est un choix incompréhensible. On doit le dire franchement : il est inutile d'aller voter puisque ce sont les lobbys financiers qui ont le dernier mot. »

Concernant Sergio Mattarella, Luigi Di Maio souhaite désormais activer la procédure d'impeachment auprès du parlement. Une éventuelle destitution d'un président de la République italienne serait une première dans l'histoire. Mais la presse italienne donne peu de crédit à cette éventualité.

Giorgia Meloni, candidate aux élections, s’est insurgée de la situation, lors d’une vidéo postée sur sa page Facebook. La leader du parti de droite Fratelli d’Italia a jugé « inadmissible que le président de la République refuse ce gouvernement au titre qu’il ne partage pas les même idées. »

Sergio Mattarella a reçu le soutien de Paolo Gentiloni, l’ancien premier ministre, via son compte Twitter : « Solidarité au Président de la République. Maintenant, on doit sauver notre grand pays ».

  • Quelles conséquences ?

Lundi matin, Carlo Cottarelli a été reçu au Quirinal. Il a accepté de former un gouvernement technique qu’il présentera au Parlement dans les prochains jours.

Deux scénarios sont maintenant envisageables. Si le nouveau gouvernement technique obtient la confiance du Parlement, il sera chargé des affaires courantes jusqu’au début de l’année 2019, avant de retourner aux urnes. Dans le cas contraire, de nouvelles élections législatives sont envisagées dès le mois de septembre prochain.