« Incompatible ». Selon une enquête de la police financière italienne, 411 enseignants d’université sont suspectés d’avoir exercé une autre profession en même temps que leur emploi universitaire.
Le fisc italien a lancé une enquête d’envergure, dans tout le pays, pour vérifier les revenus des professeurs d’université. Lorsqu’ils s’engagent à temps plein dans les facultés, ces enseignants sont interdits de percevoir d’autres revenus, dû à un autre emploi, dans le secteur privé, sans l’autorisation du recteur.
Les comptes et les fiches de paies de nombreux professeurs ont été épluchés. Et la plupart ont fraudé l’administration publique. Selon les enquêteurs, 60% des contrôles se sont révélés illégaux. En acceptant un autre travail, certains professeurs n’assuraient plus certains cours et se faisaient remplacer par des assistants.
Un professeur condamné à rembourser plus de 4 millions d’euros
L’enquête révèle que les professeurs formants des ingénieurs, des architectes ou des chimistes représentent la plupart des cas frauduleux. Un phénomène national, constaté aussi bien au nord qu’au sud du pays. L’affaire touche plus particulièrement la Lombardie, où soixante cas frauduleux ont été constatés, mais aussi la Campanie, avec quarante-neuf professeurs visés par cette enquête de la Garde des Finances (Guardia di Finanza). Même les facultés prestigieuses du pays, comme la Sapienza à Rome, ne sont pas épargnées.
Les fraudeurs sont priés par la Cour des Comptes de verser des dommages et intérêts aux structures publiques qui ont subi le préjudice. Exemple : le 17 février dernier, un professeur de la faculté de médecine de Milan a été condamné à rembourser plus de 4 millions d’euros à l’université où il exerçait. Selon les juges, ce chirurgien-dentiste a continué de donner des consultations privées alors qu’il était professeur à temps plein.
Des salaires inférieurs à ceux des professeurs français
Les professeurs des universités, normalement à disposition totale de leurs élèves, sont tentés par des rémunérations bien plus importantes pour travailler en complément dans des sociétés privées. Leurs salaires à l’université sont gelés depuis 2011, depuis une décision du gouvernement de Silvio Berlusconi pour limiter les dépenses publiques.
Aujourd’hui, les rémunérations d’un professeur en poste oscillent entre 3 300 et 4 000 € par mois. Un salaire bien inférieur à celui de leur voisin français. Dans l’hexagone, un professeur des universités gagne en moyenne 4 580 € par mois, mais leur rémunération mensuelle peut grimper jusqu’à 6 000 €.