VIDEO. Les pompiers de Venise

Quand les pompiers de Venise partent en intervention, c’est comme partout ailleurs pour sauver des vies. Mais sur les canaux de la Sérénissime, les hommes du feu font aussi à chaque fois un voyage dans l’histoire, au milieu des gondoles et des palais renaissance.

Et c’est avec cet amour pour Venise que ces soldats du feu si particuliers protègent ce patrimoine, ses habitants et les touristes qui s'y rendent par millions.

Les hommes de la première équipe vérifient ce jour-là les bouches à incendie, indispensables même si l'eau est partout. L'eau salée des canaux fait beaucoup plus de dégâts et n'est utilisée qu'en ultime nécessité. « Cela peut paraître étrange en effet, mais nous utilisons en priorité l’eau des bouches à incendie, parce que c’est de l’eau douce, alors que l’eau des canaux et de la lagune, elle est salée, et donc elle fait beaucoup plus de dégâts aux bâtiments, et nous ne l’utilisons qu’en dernière extrémité », explique le chef de l'équipe Stefano Spuria.
L'incendie de la Fenice
En 1996, cela a été le cas lorsque l'opéra de Venise, la Fenice, a été dévoré par les flammes. Malgré des heures de lutte acharnée, les pompiers s'avouent vaincus, l'opéra n'est plus que ruines. Il a été reconstruit à l'identique. Michele est l’un des soldats du feu qui est intervenu ce soir là. Il se souvient "J’étais chez moi tranquillement, je n’étais pas de service. Quand mon chef m’a appelé, il m’a dit : viens vite, le théâtre de la Fenice est en train de brûler. Avec les collègues nous sommes partis le plus vite possible et arrivés ici. C’était impressionnant : je me souviens que les flammes sortaient de partout, on aurait dit le foyer d’une forge". Il ajoute "Mon premier sentiment, je dois l’avouer, cela a été d’avoir peur. J’ai même pensé que peut-être je ne rentrerai plus jamais chez moi. Et ce qui m’a donné du courage, ce sont les Vénitiens, tous ces gens qui étaient là et qui nous disaient : allez-y les gars, faites vite on est avec vous ». Malgré des heures de lutte acharnée, Michele et les autres pompiers doivent s’avouer vaincus : la Fenice n’est plus que ruines.
Aujourd’hui, quand il se rend à l’opéra, c’est parce que sa brigade est responsable de la sécurité de l’édifice. Le théatre a été reconstruit à l’identique, il est aussi flamboyant qu’il y a 3 siècles. Comme dans la mythologie, la Fenice, le Phénix en français, a su renaître de ses cendres.

Les secrets de Venise

Dans les petits canaux excentrés, l’équipe de Stefano doit se frayer un chemin entre les gondoles. Elle poursuit le contrôle des pompes à incendie. Mais à Venise, une tournée de pompiers prend toujours plus de temps qu’ailleurs : les touristes veulent tous une photo avec les « vigili del fuoco » D’autant que Stefano est certes pompier, mais avant tout amoureux de sa ville. "Je vais vous montrer une toute petite chose de Venise mais très belle et que je trouve fascinante, suivez moi ». Il nous fait découvrir l’escalier d’un palais, datant du XV ème siècle, et inspiré parait il par la tour de Pise. "Etre pompier à Venise cela permet de découvrir des choses que la plupart des touristes ne verront jamais ». Il n’y qu’une seule caserne à Venise et elle est spéciale : son garage n’accueille évidemment que des bateaux que les pompiers eux-mêmes bichonnent entre 2 interventions.

"Comme une famille"

Andrea est soldat du feu à Venise depuis 27 ans. Pour lui, il y a un rituel incontournable : celui du café, pris, dans la bonne humeur, avec les hommes de la brigade. « Nous nous connaissons tous depuis très longtemps, avec certains cela fait 20 ou 25 ans, donc nous sommes comme une famille, et ça c’est possible, parce que cette caserne est petite » nous confie-t-il.

L'alarme sonne, et son équipe et lui doivent partir. Ils longent la place Saint Marc et le palais des doges : ces hommes doivent  retirer vite au plus ces poteaux en bois qui viennent de tomber au milieu du chenal. Ils sont un danger pour la navigation. Pour Andrea, plus qu’un métier, être pompier à Venise c’est  la passion de toute une vie : « chaque jour quand je travaille ici, sur les canaux, j’ai l’impression d’être dans un film. J’ai aussi été pompier sur la terre ferme, dans un camion, mais non, ça ne me plaisait pas : être pompier ici, c’est évoluer au milieu d’un environnement magnifique, c’est unique au monde ». Et c’est avec cet amour pour Venise que ces soldats du feu si particuliers protègent ce patrimoine, ses habitants et les touristes qui viennent par millions visiter la Sérenissime