Les partis politiques multiplient les promesses de campagne à quelques jours des élections. Mais les électeurs ne sont pas dupes.
A bord de leur camping-car aux couleurs du Mouvement 5 étoiles, ils sillonnent les quartiers populaires de Rome. Les élections sont dans 3 jours, et dans son programme en 20 points le parti populiste promet l’instauration d’un revenu de citoyenneté, une sorte de revenu universel qui couterait près de 30 milliards d’euros. "Le revenu de citoyenneté représente une dépense, c’est vrai, explique l'un des militants. Mais ça donnera un minimum vital à tout le monde. Et donc, ça permettra de remettre en route l’économie italienne". Ce jour là, les membres du parti tentent de convaincre les Romains : "nous sommes anti-sytème, et donc vous devez bien comprendre que notre mouvement n’a rien à voir avec les autres partis".
Surenchère des promesses
Rien à voir, pas tout à fait. Comme les autres partis, le Mouvement 5 étoiles fait des promesses très couteuses. Luigi Di Maio, 31 ans, le nouveau chef du parti populiste, s’est engagé au total sur 80 milliards d’euros de promesses. Durant la campagne électorale, les autres formations italiennes se sont également livrées à une surenchère financière. Près de 3 milliards d’euros pour Matteo Renzi, ex premier ministre et candidat du Parti Démocrate : sa mesure phare est la création d’un SMIC en Italie. Et surtout, 65 milliards d’euros pour l’impôt à taux unique, la "flat tax" que veut instaurer Silvio Berlusconi, dont c’est le grand retour.
Les Italiens ne sont pas dupes
Une avalanche d’engagements auxquels les électeurs ne croient pas une seconde. Les Italiens interrogés sont unanimes : " Berlusconi fait toujours les même promesses, le Mouvement 5 étoiles joue sur le populisme, et la gauche, elle, est éparpillée" ; "les promesses encore ça pourrait aller. Le problème c’est que les personnes qui les font n’ont aucune crédibilité". Un autre estime que "le peuple italien est un peuple rêveur. Nous avons toujours espoir que les choses changent, mais à la fin rien ne change jamais".
De toute façon, si le futur gouvernement italien tient ses engagements, la dette du pays explosera : or, elle représente déjà 132 % de la richesse nationale, la dette la plus élevée d’Europe après la Grèce. Les Italiens ne sont pas dupes : au lendemain du vote, il sera impossible de dépenser plus. Alberto di Majo est journaliste politique au journal "Il Tempo". Selon lui, "les Italiens ne votent pas pour un candidat en particulier parce qu’ils pensent qu’il va baisser les impôts ou créer le revenu universel. Ils vont voter pour celui qui va améliorer un peu leur situation, même s’il ne tient pas ses promesses".
Un désenchantement généralisé vis-à-vis de la politique qui explique peut-être que ces élections sont plus incertaines que jamais : aux derniers sondages, 1 Italien sur 3 ne sait pas pour qui il votera dimanche.