Souffrant de la maladie de Charcot, Patrizia a demandé aux médecins l'interruption de ses soins : elle est morte hier dans son sommeil. Elle est la première malade italienne à mourir légalement depuis la récente loi sur la fin de vie votée par le Parlement italien.
Une "torture"
Elle allait avoir 50 ans, et depuis 5 ans vivait paralysée dans un lit d'hôpital par la maladie de Charcot, qui lui bloquait le corps mais lui laissait le cerveau vif. Depuis que ses poumons ont cessé de fonctionner, elle respirait grâce à une machine et communiquait grâce à un "clavier oculaire", qui lui permettait de former des mots grâce à ses yeux. Enfermée dans sa chambre d'hôpital, elle passait ses journées à attendre les visites de sa famille et à "chatter" avec ses amis via Facebook. Il y a quelques jours, Patrizia a décidé d'en finir avec ce qu'elle vivait comme une "torture" : elle a demandé officiellement l'arrêt des soins, qu'on la laisse mourir enfin. Hier, elle a été placée sous sédatif, puis son respirateur a été débranché afin qu’elle puisse passer du sommeil à la mort sans s’en rendre compte.
La loi sur la fin de vie
La jeune femme a réuni sa famille, et, entourée de médecins et d'un psychologue, a affirmé en toute conscience vouloir mourir. Les médecins lui ont demandé plusieurs fois si elle était sûre de son choix, elle a répondu oui chaque fois, sans hésiter, en clignant des yeux. Depuis janvier 2018 une loi autorise en effet toute personne majeure à rédiger ou enregistrer « un testament biologique » à appliquer en cas de maladie incurable. La nouvelle loi, appelée loi sur le "biotestamento", a été votée en décembre dernier et offre aux malades la garantie de voir respecter leur volonté de se laisser mourir. Patrizia est la première femme italienne à demander l'interruption mortelle de ses soins depuis que la loi est entrée en vigueur. La loi a divisé la classe politique italienne lors des discussions précédant son vote, et plus de 5000 amendements ont été déposés afin de bloquer le processus, mais elle a finalement été adoptée. La principale opposition venait d'une partie des catholiques, mais l'intervention du pape François sur le sujet a sans doute rassuré un certain nombre de parlementaires croyants : «il est moralement licite de renoncer à des soins thérapeutiques ou de les arrêter » avait-il déclaré.
"Elle attendait cette loi, elle a enfin arrêté de souffrir" a confié sa cousine. Avant de partir, Patrizia a confié une mission aux médecins qui l'entouraient : "trouvez un remède contre cette maladie" leur a-t-elle demandé.